| PERPLEXITÉ, subst. fém. A. − État de doute, d'embarras, d'incertitude devant une situation complexe, un problème difficile. Synon. hésitation, incertitude, irrésolution; anton. certitude.Nous vivions dans la perplexité, dans l'hésitation, dans la crainte d'être exposés à chaque pas à quelque affront imprévu (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.270).Il y a une catégorie d'esprits (...) pour qui la difficulté prend la forme et l'importance d'une perplexité continuelle et paralysante (Teilhard de Ch.,Milieu divin, 1955, p.35): . Avez-vous tenu en vous-même un long conseil pour me donner la fleur que vous aviez et me demander la mienne? Il y a un acte aussi simple et aussi pur que celui-là, et devant lequel vous vous plongez dans la plus grande perplexité qui ait été soufferte de mémoire d'irrésolu.
M. de Guérin,Corresp., 1837, p.288. SYNT. Être, tomber, se trouver dans la perplexité, dans une grande perplexité; jeter dans la perplexité; perplexité cruelle, terrible; perplexité morale, intellectuelle, métaphysique. − Au plur. Mouvements de doute, d'hésitation; interrogations, incertitudes. En repensant à mes impressions d'hier, je trouve que les perplexités de Panurge correspondent à la réalité des raisons pour et contre l'hyménée. Mariez-vous, vous faites bien; ne vous mariez pas, vous faites mieux (Amiel,Journal, 1866, p.348).L'amitié: que ce mot m'aura fasciné par les perplexités qu'il éveille en moi, par l'éloignement où je me sens de lui (Du Bos,Journal, 1927, p.268).L'auteur évoque les perplexités du haut commandement allemand quand il s'aperçut que les Français avaient quitté ce secteur sans que l'on sût où ils étaient allés (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.272). B. − Rare 1. Caractère de ce qui rend perplexe; aspect(s) incertain(s) d'une chose. Qu'un ami, un frère vienne nous avouer les tourments et les perplexités de sa situation (Sand,Hist. vie, t.1, 1855, p.7).Tourmentée par la perplexité de sa destinée éternelle qui rejetait toujours son angoisse à la peine de nouvelles et plus studieuses recherches (Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p.181). 2. Ce qui rend perplexe; sujet de perplexité. Je crois que je m'en vais faire un soldat tout à fait épatant. D'abord j'y mettrai d'autant plus mon point d'honneur que j'ai plus donné l'impression d'un raffiné, à seule fin d'être une perplexité pour la famille (Montherl.,Exil, 1929, i, 3, p.35). Prononc. et Orth.: [pε
ʀplεksite], [-ple-]. Littré [-ple-]; Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Lar. Lang. fr. [-plε-]; Martinet-Walter 1973 [-plε-] (10/17); [-ple-] (7/17). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist. Ca 1330 «confusion» (Girart de Roussillon, éd. E. B. Ham, 5536). Empr. au b. lat. perplexitas «enchevêtrement, enlacement», au fig. «obscurité, ambiguïté». Fréq. abs. littér.: 268. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 408, b) 428; xxes.: a) 169, b) 459. |