| PÉTRIN, subst. masc. A. − 1. Coffre de bois dont le fond est parfois arrondi, fermé d'un couvercle à charnières, et dans lequel autrefois on pétrissait la pâte à pain à la main. Synon. maie, huche.J'aperçus, par une porte ouverte, deux hommes en culotte, nus jusqu'à la ceinture, qui brassaient la pâte devant deux pétrins. J'étais chez un boulanger (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p.71).Bientôt ce sera l'heure où le boulanger rejette la pâte sur le pétrin avec un cri sourd (Claudel, Tête d'Or,1901, 2epart., p.209).V. enfariné ex. 1: . ... la masse tendait vers en haut d'elle-même, comme de la pâte qui lève, comme quand le boulanger a mis la pâte dans son pétrin, et elle gonfle dans le pétrin et elle déborde du pétrin.
Ramuz, Derborence,1934, p.39. 2. INDUSTR. Appareil industriel composé d'une cuve métallique parfois fixe, parfois rotative, et de bras actionnés mécaniquement, utilisé pour pétrir la pâte à pain ou pour malaxer d'autres produits. Pétrin mécanique, à cuves; pétrin horizontal, vertical. Le pétrissage ou malaxage est effectué dans un pétrin circulaire spécial, dit gramola, où la pâte est fortement travaillée sous deux grosses noix cannelées, dont la hauteur est réglable par rapport au fond de l'appareil (Brunerie, Industr. alim.,1949, p.14). B. − Au fig., fam. Situation difficile, embarrassante, pénible. Être dans un horrible pétrin; être dans le pétrin jusqu'au cou; fourrer qqn dans un beau pétrin. Il voudrait filer maintenant après qu'il nous a tous mis dans le pétrin. Il ne partira pas! (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p.620).La belle-fille Henrouille (...) était venue le trouver au presbytère même, peu de temps après l'attentat pour qu'il les tire du sale pétrin où ils venaient de se fourrer (Céline, Voyage,1932, p.419).Un joli pétrin qu'ils nous préparent! Tout foutre par terre, pour tout recommencer, comme font les gosses qui jouent aux cubes (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p.193). Prononc. et Orth.: [petʀ
ε
̃]. Ac. 1718: pestrin; 1740: pê- (ê < es); dep. 1762: pé- (fermeture de l'initiale sous l'infl. de la finale). V. déjà Fér. Crit. t.3 1788: ,,Plusieurs écrivent pêtrein, avec l'accent circonflexe pour marquer la suppression de l's (...) mais cet accent ne doit être employé que pour désigner l'e ouvert, et cet e est fermé dans ce mot``. Étymol. et Hist.a) Ca 1170 pestrin «coffre dans lequel on pétrit le pain» (Rois, éd. E. R. Curtius, p.16, 14); 1832 pétrin mécanique (Raymond); b) fig. 1790 dans le pétrain (L'Ami des soldats, p.3 ds Quem. DDL t.19). Du lat. pistrinum «moulin à blé, boulangerie» qui a pris le sens de «pétrin» en gallo-roman. Ce sens s'étant développé dans la lang. de la boulang. urbaine, le mot n'est att. que sporadiquement dans les dial. qui connaissent surtout maie*, arche*, huche* et mastra (très vivant en Provence, empr. au gr. μ
α
́
κ
τ
ρ
α «pétrin»). Fréq. abs. littér.: 87. Bbg. Kemna 1901, p.106. |