| PÂTÉE, subst. fém. A. − 1. Nourriture pour certains animaux domestiques, à base d'un mélange d'aliments réduits en bouillie épaisse. a) Mélange pâteux de farine, de son, d'herbes, de tourteaux, de tubercules (pommes de terre) ou de fruits cuits (châtaignes, glands), délayés à l'eau ou au (petit-)lait, dont on engraisse la volaille, les porcs. Cuire la pâtée des cochons; donner, porter la pâtée aux oies. Les mains des fermières qui sentent le lait aigre, la pâtée des veaux et des porcs (Bernanos, Mouchette, 1937, p.1342): . ... on ne lui servait [au cochon] que des pâtées solides, seulement adoucies de son mouillé, du maïs cuit saupoudré de farine, des bouillies fades, qu'il absorbait du bout du groin.
Pesquidoux, Chez nous, 1921, p.73. b) Mélange, soupe épaisse pour la nourriture des chiens, des chats; p.ext., nourriture pour chiens, chats, oiseaux, toute prête, vendue en boîte. L'heure de la pâtée; préparer la pâtée pour le chat; donner la pâtée au chien; pâtées en boîtes, pâtée pour oiseaux (à base de graines et d'oeufs durs). Ce soir, après dîner, pour me promener, je suis allé porter une petite pâtée à des chats perdus du Luxembourg (Léautaud, Journal littér., 2, 1907, p.62).Mon sansonnet (...) vole quand je parais avec sa pâtée d'oeuf et de pain dans une soucoupe (Gide, Journal, 1914, p.436).Un garçon venait de déposer une écuelle de pâtée devant le coussin de Fellow (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.226). 2. Fam., vieilli a) Nourriture d'une personne. Est-ce qu'il ne se chargeait pas de gagner la pâtée de la petite? (Zola, Assommoir, 1877, p.471).Ce n'est pas pour la pâtée qu'un homme se fait tuer; mais si la pâtée manque, il s'en va la chercher, toute autre affaire cessante (Alain, Propos, 1930, p.907). b) Soupe épaisse. Et Maheu se mit à engloutir, par lentes cuillerées, la pâtée de pain, de pommes de terre, de poireaux et d'oseille, enfaîtée dans la jatte qui lui servait d'assiette (Zola, Germinal, 1885, p.1227). 3. Loc. verb. ♦ Donner la pâtée aux enfants, à sa famille. Donner à manger. À six heures, le soir, les ménagères réunissaient leurs mioches pour donner la pâtée (Maupass., Contes et nouv., t.1, Champs, 1882, p.75).Nourrir, entretenir. Et quand il faut donner la pâtée à une famille de sept personnes, sans se compter, il y a du tirage! (Sue, Myst. Paris, t.4, 1842, p.132). ♦ Donner à qqn la pâtée et la niche. Lui donner le nécessaire, le gîte et le couvert. Quand à te donner la pâtée et la niche, ce n'est rien. Tu auras ton couvert mis ici tous les jours, tu peux prendre une belle chambre au second, et tu auras cent écus par mois pour ta poche (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.321).Avoir la niche et la pâtée. V. niche1B 2. ♦ P. anal. Réduire en pâtée. Tuer, mettre en pièces. Je ne vois pas bien, Zola et ses amis fussent-ils réduits en pâtée, comment cela prouvera que le bordereau n'est pas d'Esterhazy (Clemenceau, Iniquité, 1899, p.300). B. − Pop. Correction, volée de coups. Synon. giboulée, râclée, volée.Filer une pâtée à qqn; donner, recevoir une pâtée. Elle ricanait comme une bique. Y avait de quoi lui foutre une pâtée tellement qu'elle était crispante (Céline, Mort à crédit, 1936, p.214).Si jamais ça se savait qu'est-ce qu'on m'administrerait comme pâtée (Queneau, Loin Rueil, 1944, p.50). Prononc. et Orth.: [pɑte]. Martinet-Walter 1973 [-ɑ-], [-a-] (13/4). Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist.1. 1680 «mélange de son, d'herbes dont on engraisse la volaille» (Rich.); 2. 1740 «mélange pâteux de pain pour les animaux domestiques» (Ac.); 3. 1808 «nourriture grossière» (Hautel); 4. 1830 «volée de coups» (Les Barricades de 1830, p.4 ds Quem. DDL t.19, s.v. embêtant). Dér. de pâte*; suff. -ée*. Fréq. abs. littér.: 107. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.598. _Quem. DDL t.5, 6. |