| PÂMOISON, subst. fém. A. − Littér. Évanouissement, syncope. Pâmoison subite; être pris de pâmoison; être sujet aux pâmoisons; tirer qqn de sa pâmoison; tomber en pâmoison. Mais, tout d'un coup, (...) il (...) devint si pâle que je crus qu'il s'en allait en pâmoison (Sand,Maîtres sonneurs,1853, p.266).Maintenant, les jambes fléchissantes, il se raidissait contre la pâmoison et le vertige (Arnoux,Double chance,1958, p.174): . ... plusieurs (...) dames (...) étaient encore évanouies de peur lorsque le bateau toucha le port et on fut obligé de les transporter à leurs chambres d'auberge dans cet état de pâmoison.
Stendhal,Mém. touriste,t.2, 1838, p.263. ♦ Pâmoison de colère, de rage. Suffocation due à la colère, à la rage. On n'a jamais pu me mettre en pension, gamine, parce que des pâmoisons de rage me prenaient à sentir qu'on me défendait de franchir la porte (Colette,Cl. école,1900, p.184). − P.métaph. Torpeur de la légitimité [qui] (...) tomba en défaillance; la pâmoison du coeur de l'État gagna les membres et rendit la France immobile (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.556). B. − P.anal. 1. Littér. [En parlant de la nature] État d'immobilité, de sommeil. La forêt, peu à peu, sortait de sa longue pâmoison (Genevoix,Dern. harde,1938, p.54). 2. [En parlant d'une pers.] État d'abandon, de bien-être ressenti par le corps, sous l'effet d'une sensation ou d'une émotion intense. Pâmoison du plaisir, de la volupté. Les habitués de l'Okel, agités par l'ivresse, se livraient (...) à des pâmoisons extatiques. (...) mais peu à peu la force du chanvre s'étant dissipée, (...) ils gisaient le long des divans (Nerval,Voy. Orient,t.2, 1851, p.165).Je pris en haine les pâmoisons heureuses, l'abandon, ce corps trop caressé, trop bouchonné (Sartre,Mots,1964, p.92). C. − Au fig. [P.réf. à l'état d'une pers. qui éprouve une émotion violente, tombe en faiblesse; correspond à pâmer I C] Affectation, manifestation de cet état. Pâmoison d'admiration. Elle débordait d'enthousiasme. Les perroquets, les économistes et les vers de M. Mille la faisaient tomber en pâmoison (A. France,Étui nacre,Mém. vol., 1892, p.210).Ces femmes maniérées qui, à force de s'écrier devant vous, en pâmoison: «Ah! c'est ravissant! Ah! c'est exquis! Ah! c'est délicieux!» (Romains,Hommes bonne vol.,1939, p.111). Prononc. et Orth.: [pamwazɔ
̃], [pɑ-]; Pt Rob., Lar. Lang. fr.: [pɑ-], mais Littré: ,,L'accent circonflexe ne se prononce pas``. Ac. 1694, 1718: pasmoison; dep.1740: pâ-. Étymol. et Hist.Ca 1100 pasmeisun «évanouissement» (Roland, éd. J. Bédier, 2233). Dér. de pâmer*; suff. -oison, v. -aison. Fréq. abs. littér.: 82. |