| OPPRESSER, verbe trans. A. − Exercer une pression gênant la respiration de quelqu'un. Synon. étouffer.Je sens un poids qui m'oppresse et qui m'ôte la respiration (Ac.1935).Dès qu'il fut dehors, l'air lourd et brûlant de la plaine l'oppressa davantage (Maupass.,Contes et nouv.,t.2, Pte Roque, 1885, p.1038).Le dormeur, au milieu de la nuit, s'éveille. Un poids l'oppresse (Pesquidoux,Chez nous,1921, p.182): 1. Elle avait tout avoué, l'histoire de la robe de gaze verte, l'histoire du paréo rouge. −Elle pleurait, la pauvre petite, de tout son coeur; les sanglots oppressaient sa poitrine...
Loti,Mariage,1882, p.55. − [Avec un compl. indiquant la nature de l'oppression] Une ardente pensée de son coeur étouffée l'oppresse de sanglots (Leconte de Lisle,Poèmes ant.,1852, p.291). − Emploi pronom. à valeur passive. Devenir, être oppressé. À cette vue, la poitrine de l'archevêque s'oppresse d'une sainte joie (Cottin,Mathilde,t.1, 1805, p.193). B. − Causer une forte gêne psychique. Synon. accabler, écraser.Le poids d'une mauvaise conscience oppresse (Ac. 1835-1935). La tyrannie oppresse le peuple. La description de la misère des classes ouvrières par E. Buret a quelque chose de fantastique, qui vous oppresse et vous épouvante (Proudhon,Syst. contrad. écon.,t.1, 1846, p.240).Une répugnance et une crainte oppressaient Anne-Marie à la seule idée de son approche (Pourrat,Gaspard,1931, p.218): 2. Ernest enfilait une veste blanche pour me servir. Son silence m'oppressait. Je cherchais en vain une parole.
Mauriac,Noeud vip.,1932, p.272. − P. métaph. Les montagnes couleur de violette blanche oppressent magnifiquement la terre (Arnoux,Chiffre,1926, p.232). − Emploi abs. La joie fait quelquefois un effet étrange, elle oppresse comme la douleur (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.48). REM. Oppressement, subst. masc.Fait d'avoir du mal à respirer, d'avoir une gêne au niveau de la poitrine. Synon. oppression.Je les laisse et je les reprends, ces chères écritures, comme les pulsations dans la poitrine, toujours, mais suspendues quelquefois par les oppressements (E. de Guérin, Journal,1840, p.386).Ce coeur immobile avait battu, et les murs gardaient, dans leurs angles, les oppressements de la dernière nuit, les paroles entrecoupées (Flaub.,Tentation,1856, p.502). Prononc. et Orth.: [ɔpʀ
εse] et [-e-], (il) oppresse [ɔpʀ
εs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350 «accabler par excès d'autorité, opprimer» (Gilles le Muisit, Poésies, I, 292 ds T.-L.); 2. ca 1485 fig. «tourmenter» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 32587: De toutes pars, angoisses voy Qui m'oppressent terriblement); 3. 1690 «gêner la respiration» (Fur.). Dér. du rad. de oppression* et oppresseur*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 227. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 428, b) 285; xxes.: a) 395, b) 208. |