| OPINIÂTREMENT, adv. D'une manière opiniâtre. A. − [Correspond à opiniâtre A] 1. Obstinément, avec entêtement. Il était si réellement enfant à cette époque, qu'après avoir résisté opiniâtrement au désir de sa mère, il s'était décidé tout d'un coup sur cette considération que la jeune Loben s'appelait Victoire (Sand,Hist. vie, t.1, 1855, p.169).Il réclamait opiniâtrément des revers à la mode, des boutons de fantaisie, des poches innombrables (Duhamel,Notaire Havre,1933, p.61): 1. Tous mes efforts pour deviner la cause d'un changement aussi inattendu étaient restés sans résultat comme les questions que j'avais pu faire. Brigitte était malade et gardait opiniâtrement le silence.
Musset, Confess. enf. s.,1836, p.291. 2. [En parlant de la manière dont se manifeste une expression, gén. un regard] Avec insistance. Tout à coup ses regards s'arrêtèrent et se fixèrent opiniâtrement sur un vieux portrait de famille appendu au mur entre les deux croisées (Ponson du Terr.,Rocambole, t.3, 1859, p.561). 3. [En parlant de la manière dont s'accomplit une tâche physique ou intellectuelle] Avec acharnement, en persévérant. Il se sentait tout pénétré d'une grande tendresse reconnaissante qui le fit se jeter plus opiniâtrement encore au travail (Ramuz,A. Pache,1911, p.166).Les affreuses formules qui s'apprennent «par coeur», et pour toute la vie dispensent les paresseux du travail de juger par eux-mêmes: lourd travail, devant qui la plupart des hommes reculent opiniâtrement (L. Febvre, Et l'homme?[1941] ds Combats, 1953, p.100). − En partic. [En parlant d'un conflit armé] Farouchement, coûte que coûte. Sous sa tenace direction, la 4earmée, après avoir lutté sur toutes les coupures du terrain, défendait opiniâtrément les positions de la Meuse (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.335). 4. Au fig. [En parlant de la manière dont se manifeste un phénomène intellectuel, un sentiment, une idée] Avec constance, avec ténacité. Émile, au contraire, était désespéré et tombé dans une sorte de prostration. Des idées funestes l'environnaient opiniâtrement (Duranty,Malh. H. Gérard,1860, p.276).Je laisse mon gros camarade s'imaginer opiniâtrément que l'extraordinaire effort de la science et de l'industrie s'est, tout à coup, arrêté à lui (Barbusse,Feu,1916, p.87): 2. ... la philosophie générale, la métaphysique, dont les vérités attaquaient directement toutes les superstitions, furent plus opiniâtrement retardées dans leur marche, que la politique dont le perfectionnement ne menaçait que l'autorité des rois ou des sénats aristocratiques...
Condorcet,Esq. tabl. hist.,1794, p.141. B. − P. anal. [Correspond à opiniâtre B] 1. [En parlant de la manière dont un végétal croît] Obstinément. Ces jeunes arbres qui trompent l'effort du jardinier et se tournent opiniâtrément du côté d'où leur viennent l'air et le soleil (Hugo,N.-D. Paris,1832, p.187). 2. PATHOL. [En parlant de la manière dont se manifeste une atteinte pathologique] Avec persistance, en résistant à tout. Souvent la fièvre quarte guérit par cet usage seul des apéritifs; mais si, après en avoir usé pendant un temps assez considérable, elle subsiste opiniâtrement, alors on peut employer les fébrifuges (Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.22). Prononc. et Orth.: [ɔpinjɑtʀ
əmɑ
̃], [-nja-]. Ac. 1694 et 1718: -astre-; 1740-1878, Littré, DG: -âtré-; 1935: -âtre-; Rob.: -âtre- ,,La forme ancienne et normale, seule courante de nos jours, est opiniâtrement``. Docum.: pas d'ex. avec é au delà de 1935. Étymol. et Hist. 1431 ospiniastrement (Sentence... ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t.8, p.766). Dér. de opiniâtre*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 84. |