| ONOMATOPÉE, subst. fém. A. − Création de mots par imitation de sons évoquant l'être ou la chose que l'on veut nommer. Le génie que je suppose pénètre par l'onomatopée dans la nuit de la formation des langues (Senancour,Rêveries, 1799, p.216): 1. ... si l'on remonte à l'état primitif de toutes les langues, que trouvera-t-on à leur origine? Quelques cris plus ou moins articulés, que nous avons appellé interjections, quelques mots la plupart monosyllabes, formés le plus souvent par onomatopée et servant de noms, voilà ce que nous y voyons.
Destutt de Tr.,Idéol. 2, 1803, p.117. B. − P. méton. Mot ainsi formé. L'idée de rouge se fixa sur la crête de coq, puis sur le coq et enfin sur le chant du coq que rendait l'onomatopée coquelicot ou coquericot (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.192): 2. Quant aux onomatopées authentiques (celles du type glou-glou, tic-tac, etc.), non seulement elles sont peu nombreuses, mais leur choix est déjà en quelque mesure arbitraire, puisqu'elles ne sont que l'imitation approximative et déjà à demi conventionnelle de certains bruits...
Sauss.1916, p.102. − P. ext. Cri, son, groupement de sons, accompagnant habituellement certains gestes ou exprimant une sensation, certains sentiments, et grammaticalement proches de l'interjection. Le roi jouait avec son fils, (...), il lui disait de ces folles et vagues paroles, jolies onomatopées que savent créer les mères et les nourrices (Balzac, Confid. Ruggieri, 1837, p.312).Impossible de rapporter même de loin, le texte de ces propos hachés, sans fil juxtaposés, entrelardés, imbriqués, farcis de monosyllabes, d'onomatopées, de sifflements de la respiration (Arnoux,Algorithme, 1948, p.127). Prononc. et Orth.: [ɔnɔmatɔpe]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1585 «formation de mots imitant un son ou un bruit» (P. Thevenin ds G. Du Bartas, La Sepmaine, 87 cité par H. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.115: mot inventé par onomatopee); 2. 1665 onomatopeie «le mot imitatif lui-même» (E. Pasquier, Recherches de la France, p.671: des mots [...] que les Grecs appellent Onomatopeies); 1768 onomatopée (Diderot, Salon de 1767, p.258). Empr. au b. lat. onomatopoeia, et celui-ci au gr. ο
ν
ο
μ
α
τ
ο
π
ο
ι
́
α «création de mots; en partic.: création de mots par imitation de sons», comp. des élém. ο
̓
ν
ο
μ
α
τ
ο- , tiré de ο
ν
ο
μ
α, -α
τ
ο
ς «nom», et -π
ο
ι
́
α» (-pée*). Fréq. abs. littér.: 40. DÉR. Onomatopéique, adj.Qui est relatif à l'onomatopée; qui en présente les caractères. Exclamation onomatopéique; mot d'origine, de formation onomatopéique. C'est-à-dire (...) des imitations ou des reproductions plus ou moins exactes de bruits, de cris existant dans la nature (...) ces imitations, tout onomatopéiques qu'elles soient, ne sont qu'approximatives (Grammont,Vers fr., 1937, p.203).− [ɔnɔmatɔpeik]. − 1resattest. 1785 onomatopique (P. A. de Piis, Harmonie imitative de la lang. fr., p.73 ds Fonds Barbier: mots onomatopiques), 1826 onomatopéique (A. Balbi, Introd. à l'Atlas ethnographique du globe, p.15); de onomatopée, suff. -ique*. BBG. −Buhler (K.). L'Onomat. et la fonction représentative du lang. J. de psychol. normale et pathol. 1933, t.30, pp.101-119. _ Fresnault-Deruelle (P.). Aux frontières de la lang.: qq. réflexions sur les onomat. ds la bande dessinée. Cah. Lexicol. 1971, no18, pp.79-88. _ Miot (B.). Dict. des onomat. Paris, 1968, 130 p. _ Pohl (J.). Six Esquisses. Fr. mod. 1967, t.35, pp.13-15. _ Reynvoet (J.-P.). Contribution à l'ét. de l'onomat. brute. Trav. Ling. Gand. 1969, no1, pp.99-128. |