| NUMÉRAIRE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − Vx. Pierres numéraires. Pierres qui servaient à évaluer les distances sur les routes. [Dans un cont. métaph.] Ce sont les événemens qui placent des pierres numéraires sur la route de la vie: une vie très occupée passe très rapidement et laisse de longs souvenirs; une vie uniforme et monotone s'écoule lentement et s'efface avec rapidité (Chênedollé, Journal, 1818, p.91). B. − Qui est relatif à des valeurs monnayées. Comptes, espèces numéraires. Ces hordes barbares peuvent donc avoir les plus brillans succès, et (...) entraîner également les richesses numéraires des nations (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1695). ♦ Valeur numéraire. Valeur légale des espèces monnayées. Lui rendre [au blé], par la liberté, la valeur numéraire que l'on estime lui être propre (Le Moniteur, t.2, 1789, p.373).Les anciennes pièces d'or étaient de vingts francs et de dix francs, valeur numéraire (Ac.1935). II. − Subst. masc. A. − Argent monnayé, toute espèce ayant valeur légale, monnaie métallique ou de papier, p. oppos. à la monnaie scripturale (d'apr. Banque 1963). Action de numéraire (v. action2rem.); circulation de numéraire. V. fiduciaire ex.La banque tint bon, escompta largement le papier commercial, émit des billets de 5 livres sterling pour remédier à la thésaurisation du numéraire (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.326). ♦ En numéraire.En espèces. De ladite somme que j'ai touchée en numéraire, je suis chargé d'acheter à la demoiselle Bougival un hôtel à Paris et une maison de campagne à Vineuil (Gozlan, Notaire, 1836, p.103).Les quelque 20 000 bureaux de poste qui reçoivent et instruisent les demandes d'ouverture de comptes, encaissent les versements à porter au crédit des comptes et effectuent les paiements en numéraire par débit des comptes (Admin. P. et T., 1964, p.34).En numéraires. Le détachement sans administration distincte reçoit de la portion principale des fonds en numéraires ou par virement (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p.226).On a opposé les opérations d'apports en numéraires à des sociétés aux opérations d'apports en nature (Gestion fin.1979). B. − ,,Toute monnaie métallique, quelle qu'en soit la matière, à l'exclusion des billets ou papier-monnaie`` (Lar. comm. 1930). Rem. L'usage de la monnaie papier pour les sommes importantes explique que dans le lang. cour. en numéraire(s) ait souvent l'accept. de en petite monnaie (d'apr. Romeuf t. 2 1958). Prononc. et Orth.: [nymeʀ
ε:ʀ]. Att. ds Ac. dep.1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1561 adj. «concernant les nombres» (Polygraphie et Universelle Escriture cabalistique de J. Trithème, trad. par G. de Collanges, 294 vo); 1738 calcul numéraire «qui se fait par des nombres» (Argenson, Journ., I, p.345 ds Brunot t. 6, p. 149, note 8); b) ca 1720 subst. «espèces courantes en or et en argent qui circulent dans un État» (Law, Considérations sur le «Numéraire» ds Brunot, loc. cit., note 7); 1734 adj. livres numéraires ou de compte (Melon, Essai polit. sur le Commerce, ch. XII ds Brunot, loc. cit., note 10); 2. 1721 subst. «officier romain chargé de porter au trésor l'argent des impôts, sous les empereurs romains» (Trév.). Empr. au b. lat. numerarius «relatif au nombre, calculateur, officier comptable». Fréq. abs. littér.: 123. Bbg. Gohin 1903, p. 230. |