| NOTER, verbe trans. I. − Noter qqc. A. − 1. Faire une marque à l'endroit d'un écrit dont on veut souligner l'importance. J'ai noté deux passages dans le premier volume (Ac.1835-1935). 2. a) Noter qqc., noter que.Mettre une observation, un renseignement par écrit − pour ne pas les oublier. Noter un détail, un fait, une idée, un numéro de téléphone, une observation, un rendez-vous, un renseignement. J'avais oublié de noter l'adresse du petit hôtel (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.255): 1. Moi qui ne sors pas de l'R R S je note mes rendez-vous mais sur une feuille si mince que je puisse la bouffer à la moindre alerte...
Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.55. ♦ Absol. Puis l'Italienne en face de vous, (...) accompagnée de son mari qui passait son temps à tirer de sa poche un petit agenda relié de cuir violet clair dans lequel il notait, rayait, vérifiait nerveusement (...) vous a demandé si elle pouvait baisser le rideau (Butor, Modif., 1957, p.171). ♦ Noter sur ses tablettes*. − pour en conserver la trace. Claire nota amèrement dans son journal: «Lettre de Lord Byron sur les fruits verts et Dieu» (Maurois, Ariel, 1923, p.280).À l'extrême fin de ce journal je notais qu'il n'y aurait pour moi d'harmonie que dans l'indistinction (Du Bos, Journal, 1927, p.141): 2. Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rhythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction. Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.
Rimbaud, Saison enfer, 1873, p.228. b) P. anal., PEINT. Relever des détails, prendre un croquis sur le vif. Toutes les pastorales de Boucher, et beaucoup de ses mythologies verront utiliser les motifs qu'il a notés en plein air (Nolhac, Boucher, 1907, p.75). 3. Au fig. Noter qqc./noter que.Remarquer quelque chose, y prêter attention. Quand je note la dureté de votre oeuvre pour le temps présent, cette dureté, je la mets plus au compte de la mauvaiseté de cette fin de siècle que de votre nature (Goncourt, Journal, 1896, p.988).Omer nota qu'elle avait de beaux traits à la Minerve (Adam, Enf. Aust., 1902, p.473). ♦ À noter qqc./à noter que.À noter les tons fins d'un ciel mélancolique (Lemaitre, Contemp., 1885, p.109). ♦ Bien noter qqc./bien noter que.−Sculptures peintes, −notez bien ceci, −et dont les couleurs pures et simples, mais disposées dans une gamme particulière, s'harmonisent avec le reste (Baudel., Salon, 1846, p.189). − [Dans une tournure impers.] ♦ Il faut noter que. Il faut noter que Noilhan qui l'avait quitté très inquiet de ses dispositions le mercredi soir est revenu le jeudi matin (Barrès, Cahiers, t.4, 1904, p.27). ♦ Il est à noter que. Il est à noter que de la vie foetale à la vie adulte, l'homme passe d'une position recroquevillée à l'extension complète (Mounier, Traité caract., 1946, p.305). − [En incise] Mais ce n'est pas la peine de rien commencer ici (commencer, nota Costals), puisque, si vous avez des soins à prendre (...) c'est à Paris que vous suivriez votre traitement (Montherl., Lépreuses, 1939, p.1479). ♦ [Pour attirer l'attention] Oh! notez, il ne le fait pas exprès, il n'y pense pas (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p.1250). B. − CHORÉGR., MUS. Transcrire un air, un ballet au moyen de symboles conventionnels. Le caractère a priori le plus évident du corps des notes c'est d'avoir un niveau défini que le compositeur a pris l'habitude de noter sur ses partitions à l'aide des symboles: PPP etc. (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p.215): 3. Il est assis, en bras de chemise, devant son piano; il a un goût de fumée dans la bouche et, vaguement, vaguement, un fantôme d'air dans la tête «some of these days». (...) il faut noter cet air. «Some of these days». La main moite saisit un crayon sur le piano. «Some of these days, you'll miss me honey.»
Sartre, Nausée, 1938, p.220. II. − Noter qqn A. − Porter un jugement favorable ou défavorable. La supérieure n'osa pas trop lui dire que j'étais notée par toutes les maîtresses et tous les professeurs comme ne faisant absolument rien (Sand, Hist. vie, t.3, 1855, p.115). 4. ... ce monsieur mal élevé, grossier, qui passa sa vie à faire des farces (...) il est très mal noté à cause de cela (...) son colonel me disait encore, hier, qu'il est incorrigible...
Gyp, Province, 1890, p.178. − Porter une appréciation, souvent assortie d'une note chiffrée, sur le travail, sur le comportement de quelqu'un. Noter de 0 à 20; noter sec, sévèrement; noter des copies, des devoirs; un fonctionnaire, un collaborateur bien noté. Claudine, si vous n'êtes pas notée 18 sur 20 pour la composition française, je vous jette dans la rivière (Colette, Cl. école, 1900, p.199). B. − Vx. Noter mal qqn. Blâmer quelqu'un, juger quelqu'un d'une manière défavorable. Ce dernier trait le note bien mal dans mon esprit. Voilà qui le notera aux yeux du public (Ac.1835, 1878). − Noter qqn de qqc.Ce n'était pas le temps d'unir sa destinée à celle d'une jeune fille notée elle-même d'incivisme (France, Vie littér., 1888, p.198).C'est un procès (...) très catholique. La mémoire de Jeanne est notée d'infamie à la face de la chrétienté (A. France, J. d'Arc, t.2, 1908, p.430). Prononc. et Orth.: [nɔte], (il) note [nɔt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Marquer A. 1121-34 «être le signe de, désigner, signifier, représenter» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 317 ds T.-L.). B. 1. 1155 «garder, retenir dans sa pensée, sa mémoire» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6345); 2. ca 1160 «remarquer, attacher son attention à» (Eneas, 3985 ds T.-L.); ca 1170 «percevoir, voir, relever» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 3291); 1269-78 p.ext. notee part. passé adj. «importante, notable» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13677); 3. 1174-76 «consigner, mettre par écrit» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 4393 ds T.-L.: ... en mun livre noté); 4. 1188 «traiter de» (Aimon de Varennes, Florimont, 9221, ibid.; 1205-50 «expliquer, commenter» (Renart, éd. E. Martin, XIII, 124); 5. 1188 «faire connaître, faire savoir, exposer» (Aimon de Varennes, op. cit., 5635, ds T.-L.). C. 1. Ca 1160 noter de «accuser de» (Eneas, 6755, ibid.: De cöardise l'a noté); 1549 noter d'infamie (Est.); 2. 1538 «marquer (dans un écrit) ce dont on veut garder la mémoire» (Est., s.v. nota, notabilis: Chose qu'on doit noter et marquer comme grande et digne de mémoire; s.v. annoto: Noter, annoter, marquer); 3. 1855 «porter une appréciation sur le travail de qqn» (Sand, supra). II. 1. Ca 1165 «chanter, accompagner de musique» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 14793 ds T.-L.); fin xiies. (Mariage Guillaume, éd. W.Cloetta, 2eréd., 1190); 2. ca 1175 «mettre en musique» (Horn, éd. M.K. Pope, 2782). I empr. au lat. notare «marquer, faire une marque; tracer des caractères d'écriture, spéc. sténographier; (en parlant des censeurs) marquer le nom d'un citoyen coupable d'une note qui rappelle son infamie; désigner, faire connaître; relever; remarquer; consigner par écrit». Cf. l'a. fr., de formation pop. noé (xiiies. sot noé «fou caractérisé, complètement fou» ds T.-L.). II dér. de note*, terme de mus., dés. -er; cf. lat. médiév. notare au sens de «noter (en notation musicale)» ca 832-850; musice notare ixes. ds Nov. gloss. Fréq. abs. littér.: 2825. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2096, b) 2467; xxes.: a)3936, b) 6533. DÉR. 1. Notateur, -trice, subst.a) Celui, celle qui prend des notes, qui prend note de quelque chose. Ce notateur abstrait s'intéresse à la peinture (Valéry, Variété II, 1929, p.83).b) Celui, celle qui note la musique ou transcrit les évolutions chorégraphiques. L'inexactitude des notateurs coopérait à les rendre encore [les neumes] plus équivoques ou plus incertains (Coussemaker, Hist. harm. Moy. Âge, 1852, p.II).c) Celui, celle qui donne des notes. Des recherches (...) ont prouvé que le notateur rationalisait des impressions subjectives et qu'un effet de halo contaminait chaque note (Mucch.Sc. soc.1969).− [nɔtatoe:ʀ], fém. [-tʀis]. −1resattest. a) 1552 (Est., s.v. Annoto, annotator. Qui note, marque et prend garde à quelque chose, Notateur, Annotateur); b) ca 1750 «personne qui prend des notes, aime à en prendre» (René-Louis D'Argenson d'apr. Lar. 19e); de noter, suff. -(at)eur2*. 2. Noteur, subst. masc.,vx. Copiste de musique. Le noteur de l'Opéra (Ac. 1798-1878). Divers détails de la notation qu'il emploie se rattachent (...) aux habitudes musicales admises par les noteurs anglais (Gastoué, Prim. mus. fr., 1922, p.43).− [nɔtoe:ʀ]. Att. ds Ac. 1762-1878. − 1resattest. a) α) Fin xiies. «secrétaire, notaire» (Homélies de St Grégoire sur Ezéchiel, 3, 6 ds T.-L.); mil xiiies. agn. (Pierre d'Abernon, Lumiere as lais, 496, éd. P. Meyer ds Romania t.8, 1879, p.329b),
β) fin xiies. id. [ms. fin xiiies.] «celui qui épie des amoureux» (Donnei des Amants, 331, éd. G. Paris, ibid., t.25, 1896, p.506a),
γ) début xvies. «celui qui observe, étudie» noteur des estoilles (Fossetier, Cron. Marg., V, V ds Gdf.); b) xvies. [ms.] «compositeur, celui qui met un chant en notes» [déf. ds Gdf.] (Chants royaux, Bibl. nat. fr. 1537, fol. 56 vods Gdf.); I dér. de noter I, II dér. de noter II, suff. -eur2. |