| NOIX, subst. fém. A. − BOTANIQUE 1. Fruit du noyer constitué extérieurement d'une écale verte ou brou, intérieurement d'un endocarpe lignifié ou coque renfermant une graine oléagineuse et comestible formée de quatre quartiers séparés par le zeste, que l'on utilise notamment comme dessert ou en cuisine, pâtisserie, confiserie. Noix fraîche, sèche; coquille de noix; cerner, casser, écaler une noix; abattre, chabler, gauler, locher des noix; noix de Grenoble. On abattait les noix avec des gaules, et l'odeur d'iodure de sodium se dégageait des cosses que les enfants foulaient à terre (Gide, Journal, 1894, p.51).La maison portait un auvent et, sous le petit galetas, des planches où mettre sécher les noix et les prunes (Pourrat, Gaspard, 1931, p.101). ♦ P. méton. La graine que l'on consomme. Cerneau, eau, huile, vin de noix; gâteau, pain de noix. ♦ Brou* de noix. ♦ Noix verte. Noix dont la coque non encore ligneuse ne se sépare pas du brou. (Dict. xixeet xxes.). Noix écalée. Noix dont la coque, arrivée à maturité, est séparée du brou (Dict. xixeet xxes.). Cuisse de noix. Chacun des quatre quartiers séparés par le zeste (Dict. xixeet xxes.). − P. anal. [Avec un compl. déterminatif] Quantité de matière équivalente à la grosseur d'une noix. Une noix de beurre. Avant le café, (...) tu t'enfournes une noix de confiture en pleine bouche et alors, t'as à mâcher pour un bon temps (Giono, Gd troupeau, 1931, p.59). 2. P. anal. a) Fruit de divers arbres à enveloppe ligneuse. ♦ Noix d'arec*. Noix de cajou* (ou d'acajou*). Noix de coco. V. coco1A.Noix de cola, kola*. Noix muscade*. Noix pacane*. Noix vomique*. b) Noix de galle. V. galle1. B. − Spécialement 1. ARMEMENT a) [Dans une arbalète à trait] Partie mobile et munie d'un cran située sur l'arbrier et permettant d'y arrêter la corde tendue (d'apr. Duchartre 1973). b) [Dans une arme à feu à platine] Pièce mobile autour d'un axe portant deux crans dont l'un retient le chien au repos et l'autre à l'armé (d'apr. Leloir 1961). Venture tira de sa poche l'un de ses pistolets, appuya son doigt sur la détente de manière à étouffer le bruit de la noix et l'arma lentement (Ponson du Terr., Rocambole, t.5, 1859, p.270).Le mécanisme de détente [du fusil Martini... Henry] est composé de la noix et de la détente-gâchette (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., 1890, p.329). 2. BOUCHERIE a) Morceau très apprécié qui, dans la viande de boucherie ou le gibier, se trouve situé dans la cuisse, les lombes ou l'épaule. Noix de veau; noix pâtissière; sous-noix; noix de cerf; noix de boeuf; noix de jambon. Boeuf (...) la pièce d'aloyau, la noix, la sous-noix, la culotte (...) voilà les morceaux choisis pour faire des relevés ou pièces de boeuf (Viard, Cuisin. roy., 1831, p.69).Noix de veau. La noix se trouve dans la chair du cuissot coupée en long (Audot, Cuisin. campagne et ville, 1896, p.204). ♦ Gîte* à la noix. b) Noix de côtelette. Partie centrale de la côtelette, maigre et charnue. Je suis si bien portante. J'ai mangé toute une noix de côtelette après mon oeuf, j'ai bu un verre d'Asti (Colette, Cl.ménage, 1902, p.248). 3. MAR. Partie renflée qui sert de support au capelage du mât. (Dict. xixeet xxes.). 4. MENUIS. ,,Gorge en demi-cercle dans le battant d'une croisée ou d'un châssis recevant la languette`` (Barb.-Cad. 1963). Ce qui caractérise la croisée c'est la disposition adoptée pour éviter le passage de l'air extérieur à l'intérieur au moyen des noix (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t.2, 1928, p.85). 5. TECHNOL. Roue dentelée qui dans un moulin sert à broyer. Moulin à noix à volant, (....) employé notamment à la pulvérisation de charbons, gommes-laques, etc. (Catal. instrum. lab. [Prolabo],1932,p.37). C. − Populaire 1. [En parlant d'une pers.] a) Imbécile: 1. J'sais pas c'que j'deviens, reprenait Gaspard (et il avait l'air de remuer de vieilles rancunes), mais faudra pus qu'les députés m'bourrent el crâne, ni qu'ils m'prennent pour une noix!
Benjamin, Gaspard, 1915, p.104. − Emploi adj. Je leur demande [à des jeunes gens] sérieusement s'ils ne veulent pas aussi que je brosse les gentils petits coussins écossais. Ils sont tellement noix qu'ils me prennent au mot. Et je suis tellement noix que je m'exécute (Giono, Gds chemins, 1951, p.187). b) Vieille noix − Péj. Vieil(le) imbécile. Mon père, comme tout l'agaçait, elle lui portait sur les nerfs, la vieille noix aussi avec ses mimiques (Céline, Mort à crédit, 1936, p.127).Et cette vieille noix de Du Thillot qui me répétait en pleurnichant: «Fourdillat est incorruptible!» Imbécile! (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p.135). − Appellation affectueuse. Paulo se tourne vers Pierre: −Tu m'as fait peur, vieille noix... J'ai bien cru qu'ils t'avaient eu (Sartre, Jeux sont faits, 1947, p.104): 2. ... il tire l'essence d'un fût en amorçant un tuyau de caoutchouc avec la bouche (...). Il n'a pas l'air dégoûté de cette rasade (...) je lui dis: «À ta santé, ma vieille noix!» Nous irons camper dans un coin quelconque de cette région boisée...
T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p.250. 2. Loc. à valeur adj. À la noix, à la noix de coco. Dénué de valeur, d'intérêt. C'est pas à nous qu'il faut faire des boniments à la noix de coco (Proust, Guermantes 1, 1920, p.139).Elle en avait assez de la mouise (...) et de l'hercule à la noix. Des folies! (Arnoux, Paris, 1939, p.217). D. − Au plur., arg. Fesses. Au comptoir, perchées sur des tabourets, deux nanas se laissaient pincer les noix par des corniauds en goguette (Le Breton, Rififi, 1953, p.34). REM. 1. Nucifère, adj.V. -fère. 2. Nucivore, adj.V. -vore. Prononc. et Orth.: [nwɑ], [-a]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1155 «fruit du noyer» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13594). 1536 cuisse de noix «un des quartiers de la noix dépouillée de sa coquille» (C. Stephanus, Seminarum ds Roll. Flore t.4, p.48); 1520 joüer aux noix (G. Michel, Trad. Suetone, II, 85, vods Hug.); 1845 marcher comme sur des noix (Besch.); 2. ca 1179 «nom donné aux fruits qui ont quelque ressemblance avec la noix» noiz de coudre (Renart, éd. M. Roques, Br. I, 119); xiiies. nois vomike (Régime du Corps de Maître Aldebrandin de Sienne, 55, 21 ds T.-L.); 1610 noix de cocos (v. coco1); 3.1901 à la noix «sans valeur» (Bruant, p.220); 4. 1915 «personne stupide» (Benjamin, loc. cit.); 1916 vieille noix (Barbusse, Feu, p.116); id. face de noix (Id., ibid., p.34); 5. 1931 «petite quantité» (Giono, loc. cit.). II. P. anal. 1. technol. a) ca 1195 «roue avec encoche qui, dans une arbalète, retenait la corde tendue» (Ambroise, Guerre sainte, 3721 ds T.-L.); b) 1690 «partie du ressort (des anciennes armes à feu) courbé en demi-cercle» (Fur.); c) 1752 «petite poulie d'un rouet à travers laquelle on fait passer l'axe du fuseau» (Trév.); d) 1812 menuis. (Mozin-Biber); e) 1840 «clef d'un robinet» (Ac. Compl. 1842); f) 1908 «charbon» (Ratel, Prépar. mécan. minerais, p.535); 2. a) 1690 «partie du gigot de mouton» (Fur.); b) 1762 «petite glande qui se trouve dans une épaule de veau» (Ac.); c) 1861 noix de côtelette (Carnet, Le Cuisinier modèle, Paris, Lefèvre, p.162). Du lat. nux «tout fruit à écale et à amande», «noix», «noyer». Fréq. abs. littér.: 456. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 528, b) 595; xxes.: a) 735, b) 727. Bbg. Arv. 1963, pp.179-187. |