| MUTUALITÉ, subst. fém. A. − Rare 1. Échange d'actes ou de sentiments équivalents entre deux ou plusieurs personnes. Les deux partenaires se mécomprennent mutuellement (...) l'un aime sans oser le dire à celui dont il ne se croit pas aimé; l'autre à son tour aime sans se savoir aimé. Dans l'ignorance de cette mutualité l'un et l'autre attendent en vain le mot qui arrangerait tout: peut-être ne se trouveront-ils jamais (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.166). 2. Caractère mutuel (d'un acte, d'un sentiment). L'amour comporte une mutualité de sentiments, une certitude de jouissances que rien n'altère, et un trop constant échange de plaisirs, une trop complète adhérence entre les coeurs pour ne pas exclure la jalousie (Balzac, Langeais, 1834, p.308): 1. Quel dommage que ce Saint-Victor ne puisse faire un ami! Que de sympathies d'idées, de principes, de sentiments entre nous! Car il faut le reconnaître, il faut, dans une liaison, deux choses: la mutualité de l'estime et une certaine rencontre sur le terrain non pas précisément des idées politiques, si l'on veut, mais des idées philosophiques.
Goncourt, Journal, 1860, p.722. B. − DR. SOC., au sing. (avec parfois une majuscule) 1. Action sociale de prévoyance et d'entraide pratiquée par des associations, à but non lucratif, dont les membres s'assurent mutuellement contre certains risques ou se promettent certaines prestations moyennant le versement d'une cotisation (d'apr. Cap. 1936). L'intérêt que l'État porte actuellement à la mutualité est sans doute lié à son désir de la voir se substituer à lui pour un certain nombre de réalisations para-médicales (Suavet1962): 2. Parce qu'à la différence de l'épargne, elle est un moyen de prévoyance collective, la mutualité [it. ds le texte] a été longtemps, en Europe dès le Moyen Âge, la forme privilégiée adoptée par les ouvriers pour se garantir contre les risques sociaux. Groupement sans but commercial, la société de secours mutuel unit des membres qui s'assurent mutuellement. La charge des risques est entièrement diffusée sur l'ensemble des mutualistes.
J. Doublet, G. Lavau, Séc. soc., Paris, P.U.F., 1957, p.16. 2. P. méton. Ensemble des organismes qui pratiquent cette action sociale. La Mutualité, tout comme la Sécurité sociale, n'entend pas abandonner ses adhérents qui, affirme-t-elle, n'ont rien à reprocher aux cliniques conventionnées (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.8, col.2).Les caisses de mutualité agricole se divisent en deux groupes: les assurances mutuelles agricoles (dites «mutualité 1900»), qui pratiquent l'assurance contre les accidents, l'incendie, la grêle et la mortalité du bétail, et la mutualité sociale agricole, qui gère la protection sociale obligatoire (Pt Lar. Méd.1976). Prononc. et Orth.: [mytɥalite]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1599 «caractère de ce qui est mutuel» (Lasphrise, 136 ds Z. rom. Philol. t.29, p.81); 1784 (Restif de La Bretonne, Pays., II, 235 ds Brunot t.6, 2, 1, p.1145); 2. 1829 «système de solidarité à base d'entraide mutuelle» (Boiste); 3. 1907 «ensemble des associations de secours mutuel» (Nouv. Lar. ill. Suppl.). Dér. sav. de mutuel*; suff. -(i)té*. Fréq. abs. littér.: 30. Bbg. Gohin 1903, p.272. |