| MOMIFIER, verbe trans. A. − Transformer un cadavre en momie par différents procédés d'embaumement et de conservation. Les Égyptiens avaient des chats avant l'an 2000 déjà et ils les entouraient d'un respect religieux tel qu'ils les momifiaient et les enterraient dans des cimetières (Lowie,Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936, p.67). − P. ext. Dessécher naturellement un corps (ou une partie du corps) de telle façon qu'il y ait conservation sans putréfaction. Amdrup, en 1899 vers le 66otrouva toute une colonie d'esquimaux dont les cadavres étaient gelés et momifiés par le climat polaire (Charcot,Mer Groënland,1929, p.99): 1. Il plut pendant le service, mais une éclaircie dura jusqu'au retour du cimetière. Jean Péloueyre attendit dans la terre la résurrection des morts, dans ce sable sec et qui momifie et embaume les cadavres...
Mauriac,Baiser Lépreux,1922, p.210. ♦ MÉD. Les parties envahies les premières sont desséchées et momifiées (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux,1896, p.273). − Emploi pronom. passif. Les nomades regrettaient la chaleur des sables où les corps se momifient (Flaub.,Salammbô,t.2, 1863, p.57). − P. anal. Il trouve Rome en pleine fièvre archéologique. On a découvert, moins de vingt ans auparavant, les villes momifiées, Herculanum et Pompéi (Faure,Hist. art,1921, p.120). B. − P. anal. ou au fig. Rendre inerte, immobile, sans vie. Quant au père, c'est un charmant homme (...) mais qui aime avant tout le repos, le calme, la tranquillité, et qui a fortement contribué à momifier ainsi sa famille pour vivre à son gré, dans une stagnante immobilité (Maupass.,Contes et nouv.,t.3, MllePerle, 1886, p.627): 2. On raconte toujours que la vie militaire conserve, déclara-t-il, eh bien, ce n'est pas vrai. Ça momifie, voilà tout. À cinquante ans, un militaire est fini (...). Ils sont abrutis par la vie de garnison ou le soleil tropical, les chutes de cheval et le règlement. Belle apparence, oui! Mais ils ont la matière grise en granit.
Druon,Gdes fam.,t.1, 1948, p.139. − Emploi pronom. passif. Se raidir, se figer dans l'immobilisme; ne pas évoluer; ne pas se renouveler. L'entretien pourtant languit bientôt; quelques phrases échangées leur suffisent, leur curiosité est satisfaite, et la réception terminée; la cour se momifie de nouveau, et, quoi que vous fassiez pour réveiller l'attention, on ne prend plus garde à vous (Loti,Mariage,1882, p.103): 3. ... toute cette fièvre moderne que présente l'activité de l'industrie, toute la magnificence des machines, cela est encore à peindre et sera peint pourvu que les modernistes vraiment dignes de ce nom consentent à ne pas s'amoindrir et à ne pas se momifier dans l'éternelle reproduction d'un même sujet.
Huysmans,Art mod.,1883, p.142. − Emploi pronom. réfl. Devenir très maigre, se dessécher. (Ds Littré, Guérin 1892 et dict. xxes.). REM. Momifiant, -ante, part. prés. et adj.,méd. Qui momifie. La gangrène est le plus souvent sèche et momifiante (Le Gendre dsNouv. Traité Méd.fasc. 7 1924, p.391).Parmi ces grands rhumatismes psoriasiques, on a décrit (...) une forme fibreuse avec périarthrite et myotendinite scléreuse, qui serait assez fréquente pour Weissenbach et Françon et n'apparaît que comme une variante des formes momifiantes (Ravault, Vignon,Rhumatol.,1956, p.557). Prononc. et Orth.: [mɔmifje], (il) momifie [mɔmifi]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1789 «transformer en momie» (M.-A. Thouret, Rapport sur les exhumations du cimetière et de l'église des Saints-Innocents, p.45 ds DG: les chairs semblaient momifiées); 2. a) 1840 p. anal. pronom. «devenir extrêmement maigre» (Ac. Compl. 1842); b) 1843 fig. part. passé «qui a l'aspect d'une momie» (Gautier, Voyage en Espagne, p.227 ds Rob.: une vieille ridée, tannée, momifiée en quelque sorte); c) 1843 fig. part. passé «inerte, figé, abêti» (Mérimée, Lettres à une inconnue, t.1, p.110: peut-être serai-je alors un peu racorni et momifié). Dér. de momie*; suff. -ifier*. Cf. angl. to mummify «transformer en momie» (1628 ds NED). Fréq. abs. littér.: 45. |