| MOMENTANÉ, -ÉE, adj. Qui ne dure qu'un petit espace de temps. De toutes les amertumes humaines, celle qui naît du départ, cette mort momentanée, est la plus affreuse (Mallarmé,Corresp., 1871, p.41).Les convalescents se trouvent bien d'un changement momentané de climat (Carrel,L'Homme, 1935, p.261).La pensée rêveuse et errante, les troubles momentanés de l'attention (Ricoeur,Philos. volonté, 1949, p.289).SYNT. Absence, arrêt, avantage, oubli, séparation, soulagement, triomphe momentané(e); n'être que momentané. − LINGUISTIQUE ♦ Aspect momentané. ,,L'aspect momentané (...) est celui d'une action envisagée à un moment de son développement et d'ordinaire à son point d'aboutissement, d'où le nom plus usuel d'aspect perfectif`` (Mar. Lex. 1951, p.121). ♦ Consonne momentanée. ,,Consonne momentanée (...) dont l'émission ne comporte pas de durée appréciable, du fait qu'elle consiste essentiellement dans une explosion: type des explosives ou occlusives, qu'on oppose aux duratives ou continues`` (Mar. Lex. 1951, p.121). − Emploi subst. masc. sing., littér. Instant présent, bref espace de temps. À défaut du définitif, il n'est pas homme à dédaigner le momentané (Vogüé,Morts, 1899, p.68).Comme l'art du comédien, l'art de l'avocat est un art du momentané. Il ne vise qu'à un effet momentané, portant sur un moment décisif (Thibaudet,Réflex. litt., 1936, p.53). Prononc. et Orth.: [mɔmɑ
̃tane]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1376 momentané (Ordonnance gén. sur les forêts royales..., juillet ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t.5, p.466: chauffages, charruries, et en choses samblables qui sont annuelz, temporelz et momentanez); 1402 (Isambert, op. cit., t.7, 29: momentanez); 1611 (Cotgr.); 1730 (Crébillon Fils, Le Sylphe, p.31); b) 1388 momentené (Ordonnances des Rois de France, t.7, p.776: annuelz et momentenez); c) 1remoitié xves. momentanee fém. (Jean de Meun, Trad. du De Consolatione Philosophiae de Boethius, éd. V. L. Dedeck-Héry, prose VI, 49, var., p.272: momentanee [...] presence); 1571 momentanée masc. (M. de La Porte, Épithètes, s.v. espace); 2.a) 1872 phonét. consonnes momentanées (Littré Add.); b) 1881 fém. arg. «femme galante, avec laquelle on n'a pas de liaison durable» (M.Boucheron [ds] Echo de Paris ds France 1907, s.v. horizontale); 1889 (Fustier, Suppl. au dict. d'A. Delvau, p.559); c) 1933 ling. aspect momentané (Mar. Lex.). Empr. au b. lat. momentaneus «momentané, passager» (dér. de momentum, v. moment), d'où est issu l'a. fr. et m. fr. momentain (ca 1300 Jean de Meun, loc. cit., ms. de base du xives.: momentaine [...] presence) qui a été supplanté par momentané. Fréq. abs. littér.: 552. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 852, b) 571; xxes.: a)544, b) 987. Bbg. Gohin 1903, p.302. - Quem. DDL t.17. |