| * Dans l'article "MITOYEN, -YENNE,, adj." MITOYEN, -YENNE, adj. A. − 1. [En parlant d'une chose placée sur la limite de deux éléments contigus (bâtiments, terrains, etc.)] Qui est situé entre, sur la limite (de deux choses); en partic., dr., qui est situé sur la limite de deux fonds contigus et qui appartient en copropriété aux propriétaires de l'un et de l'autre. − [Les éléments contigus sont mentionnés] ♦ Mitoyen avec.Ce pavillon, sis au milieu d'un grand jardin dont un des murs était mitoyen avec la cour des communs du château de Presles, avait jadis son entrée sur la grande rue du village (Balzac,Début vie, 1842, p.393).La chambre de Mademoiselle Bernardine a une cloison mitoyenne avec la salle de bains (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p.43). ♦ Mitoyen entre... (et...).Une baie, percée dans le mur mitoyen entre les deux antichambres, avait réuni ces appartements en un seul (Martin du G.,Thib., Consult., 1928, p.1054). − P. ell. [Les éléments contigus ne sont pas concrètement mentionnés] ♦ Vx. Espace mitoyen (Ac.). Toute haie qui sépare des héritages est réputée mitoyenne (Code civil, 1804, art.670, p.122).Il faut s'appuyer aux murs mitoyens, tout en laissant, − si l'on veut avoir un jardin, − l'espace nécessaire pour passer de la cour dans ce jardin (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.292).Le fossé mitoyen qui draine les eaux superflues de l'hiver, je l'ai approfondi, curé (Colette,Naiss. jour, 1928, p.64). ♦ Puits mitoyen. Puits situé sur la ligne commune de deux propriétés contiguës, et qui est à l'usage de l'une et de l'autre. Le puits mitoyen était un grand puits très peu profond (Zola,Fortune Rougon, 1871, p.179). 2. [En parlant de deux ou plusieurs éléments (bâtiments, terrains)] Contigu. Nos terres étant mitoyennes, nous en étions venus depuis deux ans (...) jusqu'au point de ne plus nous adresser la parole (Bosco,Mas Théot., 1945, p.8).Entre certaines parties d'appartements mitoyens, il n'existe qu'une mince cloison qui oblige à parler à mi-voix pour ne pas se faire entendre du voisin (Gds ensembles habit., 1963, p.27). − [En parlant d'un élément par rapport à un autre] ♦ Mitoyen à.Ce fameux cabaret mitoyen au cimetière Vaugirard (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.655).Le local choisi était «une maison (...) mitoyenne à l'hôtel des Menus» (Enseign. mus., 1, 1950, p.6). ♦ Mitoyen avec.L'hôtel est généralement isolé, c'est-à-dire qu'il n'est mitoyen, en tant que bâtiment, avec aucune construction voisine; ou du moins ses points de mitoyenneté n'ont-ils qu'une faible importance (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.258). ♦ Mitoyen de.[Il] demeurait rue d'Orléans, dans la maison mitoyenne de celle du Docteur Poulain (Balzac,Cous. Pons, 1847, p.268). ♦ P. ell. Une habitation mitoyenne, appartenant à M. Hédée (Sand,Hist. vie, t.3, 1855, p.442).Il habite la maison mitoyenne au même étage (Flers, Caillavet,M. Brotonneau, 1923, p.6). − [P. méton., en parlant d'une pers.] Qui habite, qui est installé à côté (de). Vous êtes parti le matin de votre maison, où les ménages mitoyens se sont mis aux fenêtres en enviant le privilège que vous donne votre fortune d'aller aux champs et d'en revenir sans subir les voitures publiques (Balzac,Ptes mis., 1846, p.24).Pour les voisins, la construction d'une maison est une calamité; pour les commerçants mitoyens, c'est un désastre (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.337). B. − ANAT., ZOOL. Dents mitoyennes d'un cheval. ,,Celles qui sont entre les pinces et les coins`` (Ac. 1798-1935). − Emploi subst. fém. Chacune des incisives médianes des chevaux, des bovins et des ovins (d'apr. Cass.-Moir. 1979). [Chez l'homme] Vx. Dans l'homme les incisives paroissent entre huit et douze mois; les mitoyennes d'en bas se montrent les premières, puis les mitoyennes d'en haut; ensuite les latérales d'en bas, et celles d'en haut (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.135). C. − Au fig. 1. Vieilli. [En parlant de ce qui est placé entre deux ou plusieurs éléments (opposés, extrêmes)] Qui est au milieu (de deux opposés, de deux extrêmes); qui participe de deux ou de plusieurs éléments opposés, extrêmes ou simplement différents. Synon. intermédiaire, moyen.Avis mitoyen. L'organisation des trois bans de la Garde nationale en France. Le premier, celui des jeunes gens, était d'aller jusqu'à la frontière; le second, celui de l'âge mitoyen et des hommes mariés, ne sortait pas du département (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.813).On se figure que la classe mitoyenne étoit éloignée de tout, que les emplois n'appartenoient qu'aux nobles (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist., t.4, 1831, p.437).Qu'y a-t-il donc en ce livre de si exorbitant, de si antipathique à l'esprit mitoyen de notre époque (...)? (Proudhon,Guerre et Paix, 1861, p.13). ♦ Mitoyen entre... et...Un état mitoyen entre la léthargie et la convulsion (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1846).Mon rôle s'est borné à indiquer, après M. de Gourmont, une question encore fraîche, mitoyenne entre l'esthétique, la psychologie et la métaphysique (Thibaudet,Réfl. crit., 1936, p.71). ♦ Mitoyen à... et à...(rare).Ce roi mitoyen à la monarchie et à la Révolution (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.486). 2. [En parlant de deux ou plusieurs éléments] Contigu, voisin. À un certain moment même, je ne vois plus, avec netteté, la différence qu'il peut y avoir entre ces activités mitoyennes, entre sociologie de l'art et histoire de l'art, entre sociologie du travail et histoire du travail, sociologie littéraire et histoire littéraire (Traité sociol., 1967, p.89). Prononc. et Orth.: [mitwajε
̃], fém. [-jεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1355 mittoen «qui est au centre, entre deux éléments» (Bersuire, fo74, verso [B.N. 20312 ter] ds Littré); 1571 mur mitoyen (Coutumes de Clermont, chap.XIX, II ds Nouv. Coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t.2, p.885a). Altération d'apr. mi*, milieu* de l'a. fr. moitoien «de moitié» début xives. (Grandes chron. de France, éd. P. Paris, t.5, p.90), «qui est entre deux choses, qui appartient à deux éléments» début xives. (Stat. de Paris, Vat. Ott. 2962, fo44a ds Gdf. Compl.: murs moictoiens), 1327 (A.N. K 41, pièce 17, ibid.: yaue... moitoyenne), dér. tardif en -ain* de moitié* (Bl.-W.1-5, EWFS2), cf. l'a. fr. blé moitéen «sorte de méteil» (1257 ds Du Cange, s.v. bladum mediastinum). Pour les relations avec les dér. en - enc > germ. -ing, v. FEW t.6, 1, pp.609 et 613. Fréq. abs. littér.: 159. DÉR. Mitoyenneté, subst. fém.État, caractère de ce qui est mitoyen; spéc., dr. copropriété d'une limite, d'une clôture (mur, haie, ruisseau, fossé) entre deux fonds. Cependant tout copropriétaire d'un mur mitoyen peut se dispenser de contribuer aux réparations et reconstructions en abandonnant le droit de mitoyenneté, pourvu que le mur mitoyen ne soutienne pas un bâtiment qui lui appartienne (Code civil, 1804, art. 656, p.120).La charrue de Jean devait avoir entamé leur parcelle. Il y avait là de continuels sujets de dispute, pas un mois ne se passait sans qu'une question de mitoyenneté les jetât les uns sur les autres. Ça ne pouvait finir que par des coups et des procès (Zola,Terre, 1887, p.445).En compos. non-mitoyenneté. Il y a marque de non-mitoyenneté lorsque la sommité du mur est droite et à plomb de son parement, d'un côté, et présente de l'autre un plan incliné (Code civil, 1804, art. 654, p.119).P. ext. Qualité de ce qui est contigu. C'est en vue d'éclairer l'homme qu'on étudie l'animal (...) les groupes sociaux (...). Ce qui n'est encore que rapprochement ou mitoyenneté deviendra peut-être un jour communauté de recherches (Hist. sc., 1957, p.1681).− [mitwajεnte]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1804 (Code civil, loc. cit.); de mitoyen, suff. -eté, v. -(i)té. − Fréq. abs. littér.: 10. |