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MASCARADE, subst. fém.
A. −
1. Divertissement dont les participants sont déguisés et masqués. Le soir il y eut une grande mascarade où, dit-on, il se passa beaucoup d'aventures amoureuses (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p.403).Benvenuto Cellini est amoureux de Teresa Balducci, fille du trésorier du pape, et médite de l'enlever en profitant du désordre de la mascarade (Dumesnil,Hist. théâtre lyr.,1953, p.132):
1. C'est le caractère satirique et parodique de ces cortèges de carnaval, héritiers directs des mascarades du moyen âge, issues elles-mêmes des saturnales romaines, qu'il est nécessaire de mettre ici en lumière. Nous en retrouverons l'esprit dans les spectacles de music-hall... Arts et litt.,1935, p.76-14.
HIST. ,,Spectacle en travesti alternant des figures de danse et des récitations de vers galants`` (Giteau 1970). À la fin du règne d'Henri IV et sous Louis XIII, la mascarade se confondit avec le ballet-mascarade, puis avec le ballet à entrées, tout en s'en distinguant par son caractère burlesque (Mus.1976).
P. méton. Vers composés pour une mascarade. Marot a fait des mascarades (Ac.1935).
2. P. méton.
a) Rassemblement, défilé de personnes déguisées et masquées. Ils faisaient partie de la mascarade au milieu de laquelle ils se trouvaient placés (Jouy,Hermite, t. 2, 1812, p.63).J'étais sorti avec mon père, pour voir un peu les mascarades dans les rues (Loti,Rom. enf.,1890, p.134).
b) Déguisement. Il a remué avec joie toute sa mascarade orientale; et le voilà nous costumant et se costumant (Goncourt,Journal,1863, p.1348).Elle mettait le salon à sac, se coiffait d'un abat-jour, essayait mille mascarades (Radiguet,Bal,1923, p.190).
P. ext. Synon. de accoutrement.Son costume d'Arménien [de Rousseau] en fait une cible. Cette mascarade est celle qui excite le plus la malignité des imbéciles (Cocteau,Poés. crit. I,1959, p.305).
B. − Au fig., péj.
1. Comportement hypocrite. Synon. grimace.Tous, nous nous contraignons [à des obsèques ] à une bienséante parade, à une mascarade pieuse (Arnoux,Crimes innoc.,1952, p.47).
2. Situation dérisoire, mise en scène fallacieuse. Synon. farce.Seul il marchait tout nu dans cette mascarade Qu'on appelle la vie (Musset,Rolla,1833, p.7).Jamais conjonctures plus propices à toutes les mascarades sociales. Dix régimes en cinquante ans (Valéry,Variété II,1929, p.109):
2. L'humanité d'Anatole France n'est, au reste, qu'une absurde mascarade, asservie par l'instinct (...). Les hommes qu'il nous peint ne sont guère que des fantoches grimaçants et paillards: en dehors des ivresses rapides de leur égoïsme sensuel, nul sentiment, nulle intelligence ne les éclaire. Massis,Jugements,1923, p.163.
Prononc. et Orth.: [maskaʀad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1554 ,,divertissement joué par des personnages masqués`` (Melin de Saint-Gelais, Six dames jeunes et petites firent, par commandement de la royne, une mascarade, un soir, estant habillées en sibylles [...] l'an 1554 [titre] ds Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p.167); 2. 1579 ,,réunion, défilé de personnes déguisées et masquées`` (P. Larivey, Le Laquais, Prologue ds Anc. théâtre fr., éd. Viollet le Duc, t.5, p.10); 3. 1690 au fig. «attitude hypocrite, mise en scène trompeuse» (Fur.); 4. id. «personne accoutrée de manière extravagante» (ibid.); 1821 en appos. désigne un vêtement extravagant (Obs. modes, 10 mars, p.111: c'est au reste une création de la rue Vivienne, et qui, un peu mascarade, ne survivra pas aux jours gras). Empr. à l'ital. mascherata (att. aux sens 1 et 2 dep. le xvies., Caro et Tansillo ds Batt.), forme septentr. mascarata, dér. de maschera (masque1*). Fréq. abs. littér.: 140. Bbg. Hope 1971, p.209.