| MANICHÉISME, subst. masc. RELIG., PHILOS. Doctrine religieuse conçue par Mani, fondée sur la coexistence et l'antagonisme de deux principes cosmiques égaux et éternels: le bien et le mal; conception qui admet le dualisme antagoniste d'un principe du bien et d'un principe du mal. Le manichéisme (...) n'est pas seulement une secte ou une hérésie chrétienne (...), mais une apparition religieuse entée, comme le christianisme, l'islamisme et le budhisme, sur une religion antérieure (Renan, Avenir sc., 1890, p. 282).Il n'y a pas le bien et le mal luttant éternellement comme dans le manichéisme. Satan est la créature de Dieu (Barrès, Cahiers, t. 12, 1919, p. 79).Saint Augustin, contre le manichéisme mène le combat sur deux fronts. D'une part, il affirme le libre-arbitre et met à son compte, directement ou indirectement l'origine du mal. D'autre part, il refuse au mal tout caractère substantiel et rejette le dualisme (A. Vergez, Faute et liberté, Paris, Les Belles Lettres, 1969, p. 122).− P. anal. Attitude de celui, de celle qui ne juge le monde qu'en termes opposés de bien et de mal. Quand l'ennemi est séparé de vous par une barrière de feu, vous devez le juger en bloc comme une incarnation du mal: toute guerre est un manichéisme (Sartre, Sit. II,1948, p. 121).Mon manichéisme opposait à une minuscule élite une immense masse indigne d'exister (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 244).Les doctrines politiques totalitaires (...) pratiquent couramment un manichéisme avoué ou larvé (Legrand1972). ♦ PSYCH. Manichéisme délirant. Délire décrit par Dide et Guiraud, dans lequel le malade voit le monde divisé en deux fractions qui s'affrontent à son sujet et assiste à cet affrontement sans y participer (d'apr. Pel. Psych. 1976). Prononc. et Orth.: [manikeism̭]. Cf. manichéen. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1765 (Encyclop. t. 10). Dér. du nom lat. Manichaeus, v. manichéen; suff. -isme*; cf. l'angl. manicheism dep. 1626 ds NED. Fréq. abs. littér.: 26. |