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MANICHÉEN, -ÉENNE, adj. et subst.
RELIG., PHILOS.
A. − Adj. et subst. Qui soutient la doctrine de Mani; qui est partisan du manichéisme. Le reproche qu'on adresse aux manichéens, d'avoir admis deux principes égaux, est exagéré: ils ont seulement admis en face du principe tout-puissant et ordonnateur une matière éternelle (Franck1875, s.v. manichéisme).Les crimes des Albigeois manichéens vaincus par Simon de Montfort (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 205):
. Les manichéens prétendaient que le diable n'était pas une créature de Dieu. Ne comprenant pas qu'une bonne nature pût déchoir par orgueil, ils le disaient l'oeuvre du mauvais principe. Théol. cath.t. 4, 11920, p. 368.
B. − Adjectif
1. Qui appartient ou est relatif au manichéisme. Cercles, écrits manichéens; sectes manichéennes. L'histoire des audaces gnostiques et la persistance des courants manichéens a plus fait, pour la construction du dogme orthodoxe, que toutes les prières (Camus, Sisyphe, 1942, p. 153).V. cathare ex. de Théol. cath.
2. P. anal. Qui exprime ou dénote une manière de voir ou de juger simplificatrice, sans nuance, en termes opposés de bien et de mal. Le grand intellectuel est l'homme de la nuance, du degré, de la qualité, de la vérité en soi, de la complexité (...). Or, les moyens de l'action sont manichéens parce que toute action est manichéenne. À l'état aigu dès qu'elle touche les masses; mais même si elle ne les touche pas. Tout vrai révolutionnaire est un manichéen-né (Malraux, Espoir, 1937, p. 761).Les amateurs d'abat-jour en peau humaine réveillent mon vieux levain manichéen et m'obligent de lutter contre la tentation de croire qu'il y a une part maudite en nous (Mauriac, Journal, 1950, p. 56).
Prononc. et Orth.: [manikeε ̃], fém. [-eεn]. Littré, Barbeau-Rhode 1930 [-ʃeε ̃]; Warn. 1968 [-keε ̃] et [-ʃeε ̃]; Pt Rob., Lar. Lang. fr. [-keε ̃]; Martinet-Walter 1973 [-keε ̃] 17/17. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1561 (Michel de L'Hospital, Proposition et harangue [...] sur le faict de religion ds Œuvres complètes, éd. P. J. S. Duféy, t. 1, p. 472: lesdictz évangélistes [...] ne sont ny macomistes, manichéens, ni arriens). Dér. du nom lat. Manichaeus (v. Blaise Lat. chrét.), gr. Μ α ν ι χ α ι ο ς (v. St Augustin ds Forc. Onomasticon, s.v. Manes), de l'hérésiarque perse du iiies. Mani, pour lequel les deux principes fondamentaux et antagonistes sont le bien et le mal; suff. -éen, v. -ien; cf. le m. fr. Manichee «Manichéens» (1575 Thevet, Cosmogr., I, 12 ds Hug.), empr. au b. lat. Manichaei «id.» (ives.). Fréq. abs. littér.: 44.