| MACÉRÉ, -ÉE, adj. et subst. masc. I. − Emploi adj. A. − [En parlant d'un corps] Qui a subi une macération (v. ce mot I). Des bois amaigris que nous longions sortait un parfum de truffe fraîche et de feuille macérée (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 69): 1. La demeure est remplie d'une fumée bleue, on aspire une odeur de marron brûlé. C'est un parfum profond, puissant, macéré, chargé comme un coup de gong.
Claudel,Connaiss. Est, 1907, p. 32. ♦ [Suivi d'un compl. introd. par de] P. métaph. ou au fig. Imprégné, pénétré, saturé de. Quand on songe que cette délicieuse reine Margot avait le corps macéré de parfums (Huysmans,Là-bas, t. 2, 1891, p. 28): 2. ... ce qui vaut le plus en toi, c'est la longue préparation inconsciente que te firent tes aïeux: tu es macérée de douceur, la qualité religieuse de ton coeur est exquise.
Barrès,Jard. Bérén., 1891, p. 164. − PATHOL. [En parlant d'un tissu, d'un organe, d'un organisme] Qui est ramolli et altéré par l'humidité ou un séjour prolongé dans un liquide. On a constaté des accidents de pieds macérés, par 12oet au mois d'Août (Langlois, Binet dsNouv. Traité méd.fasc. 7 1924, p. 179).Sur les foetus macérés (...), on le trouve [le tréponème] parfois en quantité considérable (Nicolas dsNouv. Traité Méd.fasc. 4 1925, p. 595). B. − [En parlant d'une pers.] 1. Qui pratique des macérations religieuses. La religion grande et formidable, les religieux humbles et macérés (Jouy,Hermite, t. 1, 1811, p. 170).Outre qu'il est un religieux très macéré, il est un érudit très intéressant à écouter (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 122). 2. Qui est amaigri, émacié par la pratique des macérations. C'était une personne de vraie dévotion, (...) petite de taille, ridée, jaunie, macérée de visage, mais avec je ne sais quel éclair de l'aurore inaltérable (Sainte-Beuve,Volupté, t. 1, 1834, p.117): 3. ... saint Pierre le Dominicain présente [dans la Madone au saint Georges du Corrège] (...) une tête macérée, béate, délirante, illuminée par le haschisch du jeûne et l'éblouissement de la vision.
Gautier,Guide Louvre, 1872, p. 243. − P. ext. Amaigri. En voyant ses yeux d'un bleu dur, ses tempes rayées, son visage maigre et macéré, sa taille imposante et droite, (...) je reconnus la race froide d'où procédait ma mère (Balzac,Lys, 1836, p. 104).Il a failli plus d'une fois être écartelé, brûlé, tordu par ses formidables machines. Mais elles ne lui ont pas ôté ce subtil sourire sous le lorgnon, dans son visage aigu et macéré (L. Daudet,Salons et journaux, 1917, p. 190). II. − Emploi subst. masc., CHIM. et PHARM. Solution obtenue par la macération d'un corps dans un liquide et chargée des principes solubles de ce corps (cf. aussi macération I A). Le macéré de rhubarbe était très employé autrefois (Deschamps d'Avallon, Compendium pharm. prat., 1868, p. 720). Prononc.: [maseʀe]. Étymol. et Hist. V. macérer. Fréq. abs. littér.: 43. |