| MAÇON, -ONNE, subst. masc. et adj. I. − Subst. masc. A. − Ouvrier du bâtiment qui exécute les travaux de maçonnerie. Au coin d'un champ, les maçons construisaient une maison en chantant (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 63). − En appos. à valeur adj. Aide, compagnon maçon. L'un était un vieux mendiant, ouvrier maçon dans les temps, qui, en tombant d'un échafaudage, s'était fracassé tous les membres (Guéhenno, Journal «Révol.», 1937, p. 26). ♦ Maître maçon [Au Moy. Âge] Synon. architecte: 1. Il suit amoureusement du regard les nervures de la voûte, réunies en rosace, et qui retombent trois à trois sur les pilastres des murailles latérales (...). Le maître maçon qui, jadis, traça leur course aérienne, n'a-t-il pas, sans le savoir, travaillé pour réjouir les yeux du génie vieillissant?
Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 300. Artisan dirigeant le travail des maçons. Le vieux maçon, malgré l'apprentissage, n'avait jamais été bien occupé à construire les maisons (...). Il n'était employé par les maîtres maçons que dans les temps de grande presse, et on lui confiait volontiers le soin de gâcher le mortier (R. Bazin, Blé, 1907, p. 192).− P. anal., fam. Personne qui exécute grossièrement du travail délicat. C'est un art délicat où il faut beaucoup de distinction. Ça n'est pas fait pour les maçons de la peinture (Maupass., Fort comme la mort, 1889, p. 10). ♦ Peindre en maçon. Peindre grossièrement: 2. ... les conseils de son protecteur l'avaient jeté dans la peinture, malgré le goût véritable qu'il montrait à tailler le bois; et il peignait en maçon, gâchant les couleurs, réussissant à rendre boueuses les plus claires et les plus vibrantes.
Zola,
Œuvre, 1886, p. 70. B. − Par aphérèse. Franc-maçon: 3. Des recherches (...) ont montré Nerval attiré par le magnétisme, la magie noire (...). Il a bien fallu conclure pourtant que, même s'il a été maçon, ses connaissances ésotériques n'ont pu faire de lui l'adepte qui se fixe dans une doctrine stable.
Durry, Nerval, 1956, p. 50. II. − Adj. [En parlant de certains insectes ou de certains oiseaux] Qui construit son habitation avec de la terre, de la cire, ou d'autres matériaux. Abeille, guêpe, mygale maçonne: 4. Les fourmis maçonnes, qui travaillent en terre et entièrement sous terre, sont difficiles à observer. Mais celles qu'on appellerait charpentières peuvent être aisément suivies, du moins dans la partie supérieure de leurs constructions.
Michelet, Insecte, 1857, p. 246. Prononc. et Orth.: [masɔ
̃], [mɑ-], fém. [-ɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Subst. 1. 1155 «ouvrier qui exécute des travaux de maçonnerie» (Wace, Brut, 7329 ds T.-L.); 2. 1782 «franc-maçon» (J. de Maistre, La Franc-maçonnerie, 52 [1925] ds Quem. DDL t. 3). II. Adj. 1. 1606 esquarre maçonne «équerre de maçon» (E. Vinet, A. Mizaud, Mais. champestre, p. 126 ds Gdf.); 2. 1752 zool. (Trév.). De l'a. b. frq. *makjo, au sens I 1, dér. de *makôn «faire», cf. l'a. h. all. mahhôn «faire» (all. machen), ags. macian (angl. to make). Le mot est attesté dès le viies. chez Isidore de Séville sous les formes macio, machio (TLL t. 8, col. 20; Sofer, p. 142; FEW t. 16, p. 507a). Au sens I 2, forme abrégée de franc-maçon*. Fréq. abs. littér.: 569. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 672, b) 1159; xxes.: a) 1010, b) 616. Bbg. Quem. DDL t. 20. |