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MÉTROPOLE, subst. fém.
A. −
1. HISTOIRE
a) HIST. GR. Cité-mère, considérée par rapport aux colonies qu'elle a fondées et qui dépendent d'elle. Des colonies grecques, qui, en conservant avec leurs métropoles des liens de fraternité, formaient néanmoins des républiques indépendantes (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.46).Entre les colonies [grecques] et la métropole, il n'y avait que des liens moraux (Mérimée, Mél. hist. et littér., 1855, p.146).
b) HIST. ROMAINE. Dans l'Empire romain, capitale administrative d'une province. (Dict. xixeet xxes.).
2. ADMIN. RELIG. Ville pourvue d'un archevêché où réside un métropolitain, et capitale d'une province ecclésiastique. Métropole ecclésiastique. Toulouse devint métropole; seize évêchés nouveaux furent établis (Chateaubr.Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p.356).Grégoire (...) réunit en synode provincial les suffragants de la métropole de Tours (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p.291).Les évêques détruisirent l'oeuvre des artistes indigènes (...). Seule, la métropole de Lyon conserva intact son dépôt (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p.186).
En appos. avec valeur d'adj., rare. Église métropole. Synon. église archiépiscopale, métropolitaine.Sauver de l'anarchie et de la servilité au Mazarin et à la Cour l'Église métropole de Paris (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p.126).
B. − Ville principale d'un pays, d'une province ou d'une région; ville dont le rayonnement et l'influence lui font jouer le rôle de capitale. Synon. capitaleGrande, immense métropole; métropole artistique, économique; métropole régionale. Saint-Benoît, une des plus grandes métropoles intellectuelles du moyen âge, pendant cinq siècles (Dupanloup, Journal, 1851, p.141).Le percement des voies rectilignes dans les métropoles (Sorel, Réflex. violence, 1908, p.100):
1. En dépit de sa congestion incroyable de métropole, Londres n'accapare et ne résume pas, comme Paris tend à le faire, toute la vitalité sociale du pays. Blanche, Modèles, 1928, p.181.
GÉOGR., URB. Métropole d'équilibre. Grande ville de province ou grand complexe urbain dont le gouvernement favorise le développement économique et culturel pour tenter de faire équilibre à l'attrait jugé excessif de la capitale. Ce qui distingue (...) une métropole d'équilibre d'une capitale de région administrative, c'est (...) le caractère exceptionnel de certaines des activités qu'elle comprend (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.344):
2. Autour des métropoles d'équilibre, une hiérarchie des fonctions urbaines tend à se dégager, une nouvelle conception de l'espace conduit à donner à l'homme un horizon à sa mesure qui lui facilite ses activités économiques, sociales, culturelles ou récréatives. Amén. terr., 1964, p.19.
Métropole de + subst. désignant un domaine partic.Centre le plus important de. Métropole du cinéma, de la pensée universelle, des libertés. Londres, métropole du luxe, est le chef-lieu de la misère (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p.795).Constantinople, métropole des sectes d'Orient, affecte en toute occurrence le plus vif intérêt pour ce qui est religion (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.278):
3. Déjà en possession d'être la métropole des sciences, comme le centre du commerce, elle [Alexandrie] se suffisait à elle-même pour en conserver le feu sacré par sa population, par sa richesse, par le grand concours des étrangers... Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.64.
C. − GÉOGR. POL. État, territoire d'un État, considéré par rapport à ses colonies (ou à ses pays de mandats, ses protectorats), ou à ses territoires d'outre-mer. Synon. mère-patrie.Métropole et départements d'outre-mer; sol, territoire de la métropole; troupes stationnées en/dans la métropole. La séparation de l'Amérique anglaise de sa métropole est venue à l'occasion d'un impôt sur le thé (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.129).Les strophes ardentes où le poète [Shelley] glorifie, dans les Américains Espagnols soulevés contre leur Métropole, la révolte de tous les coeurs fiers (Tharaud, Dingley, 1906, p.126):
4. ... les rapports qui nous sont faits par nos chargés de mission allant et venant entre Alger et la Métropole (...) nous tiennent, à mesure, au courant. De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.169.
Prononc. et Orth.: [metʀ ɔpɔl]. Ac. 1694, 1718 metropole, dep. 1740 mé-. Étymol. et Hist. 1. a) xiiie-xives. metropole «ville ayant un siège archiépiscopal» (Chron. de France, ms. Berne 590 fo139b ds Gdf. Compl.); 1636 (Monet); spéc. 1493 eglise metropole «église archiépiscopale» (Chron. de S. Denis, t. I, fo159 ds Gdf. Compl.); 1701 subst. metropole «église principale d'une ville» (Fur.); b) 1679 hist. anc. métropole «capitale, ville principale d'une province» (Fléch., Hist. de Théodose, III, 80 ds Littré); 2. 1671 (Pomey: Metropole, ville metropolitaine); 1701 «ville la plus importante d'une région» (Fur.); 3.1748 «État considéré par rapport à ses colonies» (Montesquieu, Esprit des lois, livre 21, chap. 21). Empr. au b. lat. metropolis «capitale d'une province» (ives.) «ville d'un siège archiépiscopal» (av. 420) et «métropolite» (vies.), du gr. μ η τ ρ ο ́ π ο λ ι ς littér. «ville-mère», «ville qui a fondé, ou colonisé d'autres villes», «ville principale, ou capitale», formé de μ η ́ τ η ρ, μ η τ ρ ο ́ ς «mère» et de π ο ́ λ ι ς «ville». Fréq. abs. littér.: 304. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 533, b) 166; xxes.: a)176, b) 642. Bbg. Quem. DDL t. 11.