| MÉCANISER, verbe trans. A. − Introduire l'emploi des machines, des moyens mécaniques (dans un travail, une activité). Ne pouvant mécaniser la culture, il [le fabricant de vins] trouve moyen, à l'aide de quelques accompagnements, de mettre le précieux liquide à la portée de tout le monde (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.156).Pour faire face à l'accroissement important du nombre de comptes et d'opérations à effectuer, les PTT ont dû mécaniser au maximum la gestion des centres (Admin. Postes et Télécomm., 1964, p.36). − Emploi pronom. à sens passif. Pour obtenir un volume de production suffisant, l'exploitation doit se mécaniser. Or, l'utilisation rationnelle du machinisme demande plus de surface (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p.103). B. − Au fig. Conférer un aspect mécanique (à); rendre semblable à une machine. Nous mécanisons notre âme pour qu'elle reproduise toutes les émotions connues (Barrès, Homme libre, 1889, p.73).Les cybernéticiens considèrent que leur science englobe dans une même synthèse explicative la machine nerveuse et la machine artificielle. La cybernétique mécanise les problèmes neurologiques (Hist. gén. sc., t.3, vol.3, 1964, p.661).C'est l'idée de «faire de la science», la certitude d'être des scientifiques qui soutenait les praticiens des sciences humaines au XIXesiècle, non le désir de mécaniser l'homme (David, Cybern., 1965, p.124). C. − Pop., vx. Mécaniser (qqn).(Le) taquiner, (l') ennuyer, (le) malmener. Sur tous les toits voisins, il y avait de la fripouille qui le mécanisait. Avec ça, ces blagueurs lui lâchaient des bandes de rats dans les jambes (Zola, Assommoir, 1877, p.791). REM. 1. Mécanisant, -ante, part. prés. adj.Immenses seront les puissances dégagées dans l'humanité par le jeu interne de sa cohésion. Encore se peut-il que demain, comme hier et aujourd'hui, cette énergie opère de façon discordante. Synergie mécanisante, sous la force brutale? ou synergie dans la sympathie? L'homme cherchant à s'achever collectivement sur soi? (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p.321). 2. Mécanisé, -ée, a) part. passé adj., milit. [En parlant d'unités, de troupes] Doté de véhicules à moteurs et légèrement blindés. En fonction des crédits affectés, un renforcement plus ou moins important est à prévoir pour les prochaines années (aboutissant notamment à six divisions mécanisées) (Serv. milit. et réf. armée, 1963, p.68).b) Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Trop de lucidité à percer le convenu, le mécanisé, m'a rendu souvent la vie dure (Arnoux, Renc. Wagner, 1927, p.93). Prononc.: [mekanize], (il) mécanise [mekani:z]. Étymol. et Hist. 1. a) 1571 «exercer un métier manuel» (Cout de Clermont ds Nouv. Cout. gén., éd. Ch. A. Bourdot ds Richebourg, t.2, p.872a); b) 1580 «avilir» (Palissy, Discours admirables, De l'art de terre ds Hug.); c) 1834 «taquiner, tourmenter» (Land.); 2. 1823 «rendre semblable à une machine» (Boiste); 3. 1846 «introduire l'emploi des machines, des moyens mécaniques (dans un travail, une activité)» (Proudhon, loc. cit.). Dér. de mécanique*; suff. -iser*. Fréq. abs. littér.: 14. |