| LUCIFÉRIEN, -IENNE, adj. et subst. masc. plur. I.− Adjectif A.− 1. Qui est propre à Lucifer (prince des démons dans la tradition chrétienne); qui concerne Lucifer. Synon. satanique.Culte, orgueil, révolte luciférien(ne). Les procès d'hérétiques (...) témoignaient que des croyances et des pratiques lucifériennes étaient répandues parmi les sectaires (...) ces misérables rendaient un culte au prince des démons (Théol. cath.t. 9, 11926, p. 1049). 2. Qui rappelle ou évoque Lucifer. Synon. démoniaque, diabolique.On ne saurait avoir parié contre le christianisme avec plus de sang-froid et de raisonnement que Gide (...). D'où l'aspect luciférien qu'il avait pris aux yeux de ses amis catholiques (Mauriac, Mém. intér.,1959, p. 181): Le romantisme avec sa révolte luciférienne ne servira vraiment que les aventures de l'imagination (...). Puisque Dieu revendique ce qu'il y a de bien en l'homme, il faut tourner ce bien en dérision et choisir le mal. La haine de la mort et de l'injustice conduira donc (...) à l'apologie du mal et du meurtre.
Camus, Homme rév.,1951, p. 67. − Emploi subst. Durant notre jeunesse, les signes étaient éclatants. Que de convertis dans les Lettres! Autour de Gide le luciférien, quel remous de grâce! (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 389). B.− Relatif à l'évêque Lucifer de Cagliari, auteur d'un schisme au ivesiècle de notre ère. Évêque, prêtre, schisme, secte luciférien(ne). Le Prædestinatus (...) n'accuse pas Lucifer d'hérésie, mais seulement de schisme. Cet évêque était catholique en tout, mais en rendant les peuples lucifériens (...) et en se séparant de l'Église, il a supprimé de sa foi la charité (Théol. cath.t. 9, 11926, p. 1040). II.− Subst. masc. plur. A.− Membres d'une secte qui rendait un culte au démon. Il nous semble (...) prudent de ne pas voir dans les lucifériens autre chose que des cathares; mettons (...) qu'ils ont développé davantage certaines doctrines sur le rôle et les destinées du principe du mal (Théol. cath.t. 9, 11926p. 1052). B.− Partisans de Lucifer de Cagliari. Si l'on néglige l'opinion très particulière relative à l'origine de l'âme, opinion dont il n'est pas sûr qu'elle ait été partagée par les lucifériens, on est surtout renseigné sur les doctrines de la secte par le dialogue de saint Jérome, et le Libellus precum (Théol. cath.t. 9, 11926p. 1040). REM. Luciférianisme, subst. masc.a) Doctrine des lucifériens (supra II A). Dès son apparition en Occident, le luciférianisme, se trouve mêlé au catharisme des néo-manichéens, et l'adoration du diable apparaît, dès l'abord, comme l'une des caractéristiques de l'hérésie (Théol. cath.t. 9, 11926p. 1046).b) Doctrine de Lucifer de Cagliari. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. : [lysifeʀjε
̃], fém. [-jεn]. Étymol. et Hist. I. 1545 subst. « partisan du schisme de l'évêque Lucifer de Cagliari (ives.) » (Calvin, Instit. de la relig. chrét., 1. IV, chap. 19, 4, éd. J. D. Benoit, t. 4, p. 472). II. 1. 1740-55 adj. « qui tient de Lucifer, démoniaque » (Saint-Simon, Mémoires, éd. Chéruel et A. Régnier, t. 11, p. 381 : orgueil luciférien); 2. ca 1896 subst. « hérétiques du Moyen Âge que l'on accusait de rendre un culte à Satan » (Gde encyclop.). I empr. au lat. chrét. Luciférianus « id. » (début ves., Saint Jérôme, Dialogus contra Luciferianos ds Blaise Lat. chrét. p. 18b); dér. du nom de l'évêque schismatique Lucifer de Cagliari (ives.). II dér., au moyen du suff. -ien*, de Lucifer, nom du démon (1288, Jacquemart Gielee, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 7220), empr. au lat. Lucifer, désignant à l'origine la planète Vénus (substantivation de l'adj. lucifer « qui apporte la lumière, qui donne de la clarté », composé de luci-, issu de lux, lucis « lumière » et de -fer, issu de ferre « porter, apporter »), nom appliqué par les Pères de l'Église au chef des démons, déchu du ciel (ves. ds Blaise Lat. chrét.), d'apr. une interprétation du passage d'Isaïe (14, 12) où ce nom est donné au roi de Babylone, auquel on prédit sa chute (cf. Bible t. 4, col. 407-408; Théol. cath. t. 9, col. 1044-1056). Lat. médiév. luciferianus au sens 1 au xiies. ds Nov. gloss., au sens 2 en 1336 ds Théol. cath. t. 9, col. 1054. |