| LINÉAMENT, subst. masc. A. − Vx, CHIROM. ,,Lignes de la main`` (Lar. 19e-20e). B. − Mod. Ensemble des lignes essentielles caractérisant l'aspect général d'un être, d'un objet. Premier linéament; linéaments primordiaux. L'art florentin, qui fut aussi une sorte d'Église, conserva quelques-uns des linéamens de l'art antique (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 165).Toutes les variétés de nefs se succèdent en quelques minutes [dans le Canal de Suez] : voici un yacht candide aux longs linéaments élégants et périmés habité par deux jeunes ménages égyptiens (Morand, Route Indes,1936, p. 87): 1. Mais un portrait authentique est mis en tête du volume et ce portrait me dévaste. Toutes les marques, tous les contours et linéaments de bête féroce ou de brute apocalyptique, accumulés sur ce huguenot, par mon imagination, depuis quarante ans, sont effacés.
Bloy, Journal,1905, p. 268. − En partic. au plur. Traits particuliers d'un visage. La pointe du menton et l'os du nez soulèvent et tendent la peau en émergeant des chairs. Ce sont les seuls linéaments sensibles dans ce visage (Duhamel, Maîtres,1937, p. 14). − En partic. Premières traces d'organisation de l'embryon chez tout être vivant. Depuis l'apparition des premiers linéaments dans le fœtus jusqu'à son développement, tous les phénomènes témoignent de l'existence d'une force (Jouffroy, Nouv. Mél. philos.,1842, p. 142): 2. Mais les premiers linéamens de l'organisation; les premières aptitudes à recevoir des développemens internes, c'est-à-dire, par intus-susception; enfin, les premières ébauches de l'ordre de choses et du mouvement intérieur qui constituent la vie, se forment tous les jours sous nos yeux...
Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 84. − Au fig. Les lignes qui forment une esquisse ou une ébauche d'une œuvre. Dessiner les linéaments. Néanmoins nous devons tracer les premiers linéaments et poser les premiers jalons de cette classification (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 287).Je demeurais un adolescent à travers ces troubles, c'est-à-dire un être encore incertain, inachevé, en qui s'ébauchaient les linéaments de son âme à venir (Bourget, Disciple,1889, p. 94).Ma mère, plus juste et mieux avisée, reconnaissait qu'au chaos des premiers jours succédaient, en cette intelligence servile, les premiers linéaments de l'ordre et les premiers accords de l'harmonie (France, Vie fleur,1922, p. 310). Prononc. et Orth. : [lineamɑ
̃]. Ac. 1694, 1718 lineament, dep. 1740 -né-. Étymol. et Hist. 1532 ung homme ... élégant en tous lineamens du corps (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, IX, p. 48); 1642 fig. « ébauche, esquisse » (La Mothe Le Vayer, De la Vertu des payens, II, Socrate, p. 73). Empr. au lat.lineamentum « ligne, contours, traits ». Fréq. abs. littér. : 113. DÉR. 1. Linéamentaire, adj.Qui se résume à des linéaments. Successivement évincé de toutes les industries et de tous les trucs suggérés par l'ambition de subsister, il se vit réduit à condescendre aux plus linéamentaires expédients (Bloy, Désesp.,1886, p. 51).− [lineamɑ
̃tε:ʀ]. − 1reattest. 1886 id.; de linéament, suff. -aire*. 2. Linéamenter, verbe trans.,,Souligner d'un trait les contours et les formes principales d'un objet`` (Rheims 1969). La mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d'un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d'une immobile écume linéamentée avec la délicatesse d'une plume ou d'un duvet dessinés par Pisanello (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 803).− [lineamɑ
̃te], (il) linéamente [lineamɑ
̃:t]. − 1resattest. 1918 part. passé id., 1969 linéamenter (Rheims); de linéament, dés. -er. |