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LÉZARDER1, verbe trans.
A. − [En parlant d'un ouvrage de maçonn.; le suj. désigne le résultat de l'action] Marquer d'une, de plusieurs lézarde(s). Synon. crevasser.La fêlure augmentait; elle lézardait la maison, elle annonçait l'effondrement prochain (Zola, Nana,1880, p. 1429):
C'était un éléphant de quarante pieds de haut, construit en charpente et en maçonnerie (...) cet édifice (...) tombait en ruine (...). Les « édiles », comme on dit en patois élégant, l'avaient oublié depuis 1814. (...) des crevasses lui lézardaient le ventre, une latte lui sortait de la queue... Hugo, Misér., t. 2, 1862, pp. 157-158.
P. métaph. De bas éclairs lézardaient les bruyères (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 327).
Emploi pronom. passif. Se couvrir de lézardes. Une seule des tours [du vieux château], cédant à la chaleur, se lézarda de haut en bas (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 354).Sous les frappements convulsifs du canon, le mât de misaine s'était lézardé, le grand mât lui-même était entamé (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 36).Un mur fondé sur des redans successifs de rocher serait exposé à se lézarder (Degrand, Résal, Ponts en maçonn.,1887, p. 62).
P. métaph. Le ciel craque, se lézarde et croule. Le sol martelé pantèle; nous ne voyons plus qu'une poudre rousse qui flambe et qui saigne, et parfois (...) un lambeau de soleil mourant (Genevoix, Éparges,1923, p. 102).Au premier soupçon de ride, quand la peau se lézarde un peu, se distend imperceptiblement (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 120).
B. − Au fig. [En parlant d'un ensemble inanimé, abstr.] (Y) produire une ou plusieurs failles; en compromettre l'intégrité, l'équilibre. Laissez-moi préférer ce récent, cet exquis, cet ironique philosophe de Montaigne dont l'énergie se dissimule et qui lézarde les croyances à l'aide de sourires (L. Daudet, Voy. Shakesp.,1896, p. 281).
Emploi pronom. passif. Se couvrir de fêlures témoins d'un équilibre compromis ou signes d'une ruine prochaine. Le roi d'Espagne mourut d'un supplice non moins atroce [que saint Laurent] : celui de voir se lézarder l'empire magnifique que lui avait légué Charles-Quint (Morand, Excurs. immob.,1944, p. 80).
P. anal. Aurait-elle voulu marcher (...) qu'elle n'y serait pas arrivée? On eût dit que tout d'un coup son corps s'était lézardé (...). La vieillesse venait de tomber sur elle (Estaunié, Choses voient,1913, p. 87).
REM.
Lézardement, subst. masc.,hapax. Action de se lézarder. Irène demeurait là, incrédule devant cet avatar menaçant, ce lézardement brusque d'un décor si tranquille (Gracq, Beau tén.,1945, p. 177).
Prononc. et Orth. : [lezaʀde], (il se) lézarde [lezaʀd]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1829 pronom. « se couvrir de lézardes » (Boiste); 1845-46 trans. (Besch.); 2. 1836 fig., trans. « ébranler » (Balzac, Vieille fille, p. 392); 1837 pronom. (Dumas père, Caligula, VI, 4). Dér. de lézarde*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 30.