| LÉGALISME, subst. masc. Respect absolu de la loi, notamment de la loi religieuse; attachement excessif à la lettre de la loi, au détriment de son esprit. On représente que l'amour pur pour le père céleste n'a été vraiment révélé que par le christianisme, réaction triomphante de la religion du cœur contre les aridités d'un légalisme se perdant en arguties et en casuistique (Weill, Judaïsme,1931, p. 178).Ce sentiment, de ne plus être assurés de la justice par la seule observance matérielle de la loi, si scrupuleuse d'ailleurs qu'elle puisse être, les premiers apologistes l'ont exprimé plusieurs fois, aussi bien contre le légalisme païen que contre le pharisaïsme juif (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 142):Ce ne sont pas les gens moraux, crasseux de légalisme et de moralisme, tapis dans les anfractuosités de la vie dévote, qu'il faut interroger sur la vertu, mais les grands espaces qui s'étendent sous le regard des mystiques...
Mounier, Traité caract.,1946, p. 688. Prononc. : [legalism]. Étymol. et Hist. Av. 1868 (Réville d'apr. Scholle ds Archiv. für Studium der neueren Sprachen, t. 42, p. 123). Dér. de légal*; suff. -isme*; l'angl. legalism terme de théol. est attesté dep. 1838 ds NED. DÉR. Légaliste, adj. et subst.a) Emploi adj. Qui est marqué par le légalisme, empreint de légalisme. C'est la république romaine, formelle et légaliste (Camus, Homme rév.,1951, p. 155).b) Emploi subst. Celui, celle qui est attaché au légalisme. Deux équipes de dirigeants se proposent au peuple rhénan. Nous assistons à la lutte de deux influences, de deux personnels, de deux méthodes. D'une part, les activistes, et de l'autre, les légalistes (Barrès, Cahiers, t. 14, 1923, p. 257).− [legalist]. − 1reattest. 1894 (Sachs-Villatte, Französisch-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 4); de légalisme par substitution de suff. ou dér. de légal*; suff. -iste*. L'angl. legalist est attesté comme terme de théol. dep. 1646 ds NED et au sens de « celui qui connaît bien le droit » dep. 1829, ibid. BBG. − Darm. 1877, p. 212. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1929, t. 41, p. 141. |