Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
LÀ, adv., particule et interj.
I. − Adv. Adverbe de lieu (plus rarement de temps) marquant le lieu où se trouve le locuteur ou un lieu plus ou moins éloigné de lui.
A. − Emploi réflexif, dans la lang. usuelle. [se réfère au dire en tant que tel et désigne le lieu où se passe l'acte d'énonciation, où se trouve le locuteur] À l'endroit (point ou espace circonscrit dont l'étendue peut être variable) où se trouve le locuteur.
1. [Sans mouvement] Attendez-moi là; être, se trouver bien là. Impossible de s'en aller; ils me feront rester là jusqu'au soir (Scribe, Varner, Mariage raison,1826, II, 8, p. 403).Le ciel est doux, la terre sourit, le passant dit : « J'aimerais à vivre là! » (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 388):
1. Soudain le timbre électrique vibra longuement dans l'office. − Restez ! fit Madame Degouy, retenant ses enfants qui voulaient la suivre. Chardonne, Épithal.,1921, p. 23.
Être là.Être physiquement ou spirituellement présent.
a) [Le suj. désigne une pers.] Qui est là? Vous êtes encore là? Être là les bras croisés, les bras ballants; être là devant qqn, près de qqn; (à la porte ou au téléphone) : Madame est-elle là? − Non, Madame est sortie. Monsieur, je suis là depuis une heure, dit le poète d'un air assez fâché (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 258).Son père semblait enfin s'apercevoir qu'elle était là (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 175):
2. À peine placé, je reçus un coup électrique dans le cœur. Une voix me dit : « Elle est ! » Je me retourne, j'aperçois la comtesse au fond de sa loge, cachée dans l'ombre, au rez-de-chaussée. Balzac, Peau chagr.,1831, p. 124.
3. ... l'enfant dont nous entourions la dépouille, comme s'il était , aussi vivant qu'aucun de nous. (...) Nicolas était au milieu de nous, ou plutôt (car les adverbes « ici » et « » se réfèrent à l'espace et il ne saurait s'agir d'espace) sa présence réelle rejoignait celle du Christ. Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1968, p. 231.
N'être plus là. N'être plus au pouvoir, au gouvernement, aux affaires; être mort. Quand cet homme [de Gaulle] ne sera plus là (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1968p. 218).
Être là à + inf.Des jeunes gens qui les connaissaient étaient là à les attendre (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 175).Depuis une heure, tu es là à t'agiter, à regarder la pendule (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 9, p. 28).
Être là qui + sub. rel.Un homme, un pèlerin, un mendiant, n'importe, est là qui vous demande asile (Hugo, Hernani,1830, III, 1, p. 59).Je vis (...) qu'un peuple à remplir Thèbes, Palmyre et Rome, Était là qui dormait (Gautier, Comédie mort,1838, p. 41).
[En phrase ell., pouvant à lui seul constituer une phrase, interrog. ou exclam.] Déjà là! Encore là? Toujours là? Sully! vous là!... ciel! (Legouvé, Mort Henri IV,1806, V, 7, p. 433).
Fam. Être un peu là. Tenir sa place, jouer un rôle important. Cf. être12esection I B ex. 41.Emploi adj. Quelque chose d'original, d'un peu là [un sketch] (Carco, Montmartre,1938, p. 227).
Pop. Gros. Elle [Marie] dit tout par un coup : « (...). J'ai rapporté des Halles un rôti un peu là. » C'est que la Marie n'est pas une miteuse (M. Stéphane, Ceux du trimard,1928, p. 188).
b) [Le suj. désigne une chose] Les faits sont là. Mais il est parti (...) La voiture n'est plus là (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 175).Tous vos bagages sont là, mon cher confrère? (Romains, Knock,1923, I, p. 2).
2. [Avec des verbes de mouvement] Venez là; qui va là? Qui descend là? (Giraudoux, Siegfried,1928, I, 7, p. 50).
Halte* là!
Rem. En loc. verb., v. les verbes laisser* là, planter* là.
B. − Emploi référentiel
1. [Employé seul]
a) [Accompagné d'un geste ou déterminé précédemment dans le discours] Dans tel lieu (autre que celui où se trouve le locuteur, désigné par lui et plus ou moins éloigné de lui). Tout le pain qu'on y mange [au village] se cuit là en bas, dans la cuisine (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 229).Asseyez-vous, tenez, mettez-vous là, disait-elle à ma grand'mère en lui prenant la main (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 725).
[Le lieu est désigné d'un geste] Hélas! continua-t-elle en lui montrant le cimetière qu'elle alloit traverser, l'amour finit là, et avec lui toutes les félicités de la terre (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 244).Williams étendit la main vers une table. − Asseyez-vous là, dit-il, et écrivez (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 204):
4. « Un lion, un lion! » Je bondis à l'avant, mais ne vois rien. « , tout près de nous. Couché dans les herbes. Il dort ». Et son doigt désigne, à une vingtaine de mètres, ce qu'il s'impatiente que je ne parvienne pas à distinguer. Gide, Retour Tchad,1928, p. 903.
[En emploi ell.] Le duc : (...) où est-elle, notre belle affligée? Lorenzino, montrant l'oratoire : Chut!... Là. Le duc : Pourquoi là, et pas ici? (Dumas père, Lorenzino,1842, V, 6, p. 277).
[Le lieu est déterminé précédemment, ayant valeur de représentant] Je suis arrivé à une espèce de grenier. Là, j'ai vu, couché sur un grabat, un vieillard à cheveux blancs (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1661).J'avais faim, j'entrai dans un café. Mon cœur était rempli de répugnance pour un lieu si profane; mais je pensai que mon déjeuner me coûterait moins cher là qu'à l'auberge (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 183):
5. On n'a jamais pu me mettre en pension (...). Il a fallu me remettre en liberté, et je n'ai pu « durer » que dans cette invraisemblable école de Montigny, parce que là, au moins, je ne me sentais pas « prise » et je couchais dans mon lit, chez nous. Colette, Cl. école,1900, p. 184.
[En corrélation avec ici] Nous l'avons trouvée [la fatalité] dans le monde de la tribu et dans celui de la cité, dans l'Allemagne et dans l'Italie. Là comme ici, la liberté morale est prévenue, opprimée par les influences locales de races et de climats (Michelet, Introd. hist. univ.,1831, p. 444).Là sont les chefs-d'œuvre! dit, en montrant le salon, Magus, (...) mais ici sont les richesses! (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 231).
[Précédé de ici et le renforçant, et suivi d'un lieu précisé] Ami, arrêtez! arrêtez! nous allons passer la maison : c'est ici, là, à cette porte (Borel, Champavert,1833, p. 173).J'ai entendu remuer mon verre, tenez, tenez, celui-là même qui est ici, là, sur la table (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 169).
Rem. 1. En corrélation avec ici pour marquer une opposition entre deux lieux différents, sans idée de proximité ou d'éloignement (v. ici B 3). 2. Ici et là (v. ici B 3 et ex. 16); çà et là (v. çà B).
[Répété souvent en tête de phrase, pour marquer une opposition entre plusieurs lieux, plusieurs situations différentes] Là, sont des tombeaux où étoient des palais; là, des palais où étoient des tombeaux (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 228).Je visitai encore l'Autriche, la Russie, l'Angleterre, servi par le hasard. Là je vis une émeute, là une guerre, là une paix magnifique et pesante (Giraudoux, Simon,1926, p. 46).
Dans tel lieu plus ou moins éloigné (et désigné de façon plus ou moins précise). Où allez-vous? − Là. − Où là? Songez que l'orage a grossi les torrens... Vous ne pourrez pas passer-là (Guilbert de Pixér., Coelina,1801, III, 3, p. 46).Il y avait là plusieurs libéraux riches, mais heureux pères d'enfants susceptibles d'obtenir des bourses (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 141).
[En parlant d'une partie du corps, désignée d'un geste] Synon. de ici (v. ce mot B 1 a, en partic.).J'ai mal là, j'ai une douleur là. Il ressentait un petit pincement au côté droit, là, sous les côtes; il n'y couperait pas : c'était la crise de foie (Gide, Faux-monn.,1925, p. 944).− « Et là, ça te fait mal? » Il palpe l'avant-bras gonflé, puis le bras jusqu'aux ganglions enflammés de l'aisselle (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1053).
Rem. Employé dans des loc. verb. où désigne la main : Topez là! Touchez là! V. ces verbes.
b) Au fig. Dans telle situation (précisée ou non), dans des circonstances données; dans ce fait (correspond à l'adv. y). Synon. en cela.Ne voyez là aucun reproche; là n'est pas la question; là est la difficulté. Tout ce qui m'arrivera ne peut porter atteinte à la certitude d'être aimée de vous : là est mon refuge contre tous les orages de la vie (Staël, Lettres div.,1794, p. 632).Il ne plaisait pas, le sentait, voyait là la preuve d'un antisémitisme contre lequel il faisait front (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 739).
Tout est là. C'est la chose importante. La santé, tout est là! C'est un professeur de premier ordre, qui comprend l'importance capitale de l'entraînement. − L'entraînement, tout est là (France, Bergeret,1901, p. 338).Savoir voir, tout est là. Mais nous vivons sans regarder (Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 264).
c) [Avec une valeur simplement expressive, sert de particule explétive de renforcement, pour renvoyer à une phrase, à une circonstance désignée par le contexte]
[En phrase interr.] Qu'est-ce que vous dites là? Qu'est-ce que vous me chantez là? Est-ce là votre avis? Qu'avez-vous fait là? Que diable faites-vous là? Qu'est-ce que tu lis là? me dit-il. Incapable de parler, je lui tendis mon livre (Gide, Si le grain,1924, p. 503).Moins de raideur, Suzanne, plus de souplesse... Est-ce donc là votre première leçon de tendresse? (Giraudoux, Judith,1931, I, 8, p. 94).
[En phrase affirmative] Ce que vous me dites là, ce que vous me racontez là... C'est bien indiscret ce que je vais vous demander là. − Dites toujours (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 253).
[En phrase exclam.] C'est bien, c'est beau ce que vous faites là! Devez-vous être malheureux toute votre vie, parce que vos parens sont ingrats et dénaturés? Voilà de belles raisons que vous me donnez-là! (Guilbert de Pixér., Victor,1798, I, 4, p. 11).Ah! que vous dites là une chose importante, mon cher ami! (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 8).
[Particule de renforcement d'un dém., avec le gallicisme de présentation, de mise en relief c'est, ce sont] Ce sont là des erreurs impardonnables; c'est là le fond du problème, la difficulté. J'ai toujours aimé la bonne chère (c'est là mon moindre défaut) (Mérimée, Colomba,1840, p. 116).L'acte de naissance de Bonaparte, enlevé par l'aide de camp en 1810, a disparu; toutes les recherches pour le découvrir ont été infructueuses. Ce sont là des faits irréfragables (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 298):
6. ... je parlais de diminution de la mémoire : « La mémoire ne diminue pas, s'est-il aussitôt écrié. Aucune faculté ne diminue chez l'homme avec l'âge. C'est une grossière erreur. Toutes les facultés de l'homme se développent d'une manière continue depuis la naissance jusqu'à la mort ». Claudel, Corresp. [avec Gide], 1905, p. 57.
d) P. anal., avec valeur temporelle
α) À ce moment-là. Synon. alors.Notre premier théâtre à la fois permanent et régulier ne s'ouvrit à Paris qu'en 1402; là seulement commence l'histoire de l'art (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 175).Puis il a été reçu docteur. Là, le comique du sérieux a commencé, pour faire suite au sérieux du comique qui avait précédé (Flaub., Corresp.,1850, p. 270).En un éclair il fut debout et se mit à bondir. Là, je le crus fou, tant il mettait d'action dans son rôle (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 174).
β) À l'endroit du récit ou du discours où le locuteur en est arrivé. Synon. alors.Là il cessa de parler; là il arriva que... Et quand commencera le supplice? Là, Montriveau tira froidement sa montre et vérifia l'heure avec une conviction réellement effrayante (Balzac, Langeais,1834, p. 294):
7. Quelles paroles prononcées? plus que des espérances? un début d'engagement? Il l'aurait dit sans aucun doute. − Mais , elle se reprit et rectifia : « Il l'aurait dit pourvu qu'il en eût trouvé l'occasion, dans ces épouvantables jours ». Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 389.
Rem. 1. Dans des loc. adv. ou conj. temporelles : dès(-)là, (v. dès I B 1); dès là que (v. dès II C 3 a); d'ici là (v. ici A 5 b et de1ex. 34); jusque-là (v. infra 4). 2. Dans des loc. verb. Brisons là. Je suis trop agité de ces souvenirs pour continuer, brisons là. Je reprendrai ce soir (Hugo, Lettres fiancée, 1821, p. 44).
2. [Dans des loc. verb. avec en, signifie « à ce point, à ce degré »] En demeurer, en arriver là. Ce qui était bon à douze ans ne l'était plus à vingt; et il espérait bien n'en pas rester là, changer encore, changer toujours (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 410).Naturellement. Il ne pouvait plus être question de la rendre à sa famille. (...) enfin ils se sont mariés. Il fallait bien en venir là (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 45).L'argent! Ah! Seigneur! je pourrais tant vous en conter que je préfère m'en tenir là (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 15).
En être là (de...). Être parvenu à un certain point, à un certain résultat. Nous n'en sommes pas là; nous en sommes tous là; vous n'en êtes encore que là? J'en étais là de mes réflexions lorsque... Vous n'aurez pas plutôt rêvé seule quelques jours que vous reviendrez croyante, et quand vous en serez là, je réponds de vous (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 312).J'en étais là, mon père, de mon roman, quand vous êtes entré (Salacrou, Terre ronde,1938, I, 4, p. 167):
8. knock : Oui, mais en connaissez-vous qui feraient rôtir la plante des pieds de leurs père et mère en faveur du scrutin de liste ou de l'impôt sur le revenu? le docteur : Dieu merci, ils n'en sont pas ! Romains, Knock,1923, I, p. 6.
3. [Suivi d'une prop. sub. rel.]
a) C'est là que
α) C'est en ce lieu que, c'est l'endroit où. C'est là que nous allons; c'est là qu'il est né, qu'il fut tué. Tout ce qu'ils peignent appartient à la nature. C'est là que le poëte doit toujours puiser ses couleurs (Laya, Ami loix,1793, p. 11).Elle avoit voulu que je fusse toujours servie dans mon appartement, et c'étoit là qu'elle aimoit à se trouver, c'étoit là que nous faisions nos lectures (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 148).La place convenable pour les princes, c'est la Chambre des pairs; c'est là qu'ils devaient prêter serment à la charte constitutionnelle (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 213).
Expr. fig. C'est là que le bât* le blesse. C'est là que gît le lièvre*.
β) [Valeur temporelle] C'est alors que, c'est à ce moment-là que, c'est le moment où. C'est là qu'il sent la partie perdue; c'est là que je fus interrompu. Il nous ramènera le choléra! C'est seulement là que tu seras contente! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 385):
9. Madame de Terville : Pour tenir une maison honorable, pour recevoir du monde, donner des fêtes, une femme n'a besoin de personne; un mari même la gêne souvent; il y en a de si ridicules! Mais quand les affaires s'en mêlent, quand l'argent manque, c'est vraiment qu'on sent le désagrément d'être veuve. Leclercq, Proverbes, Espr. désordre, 1835, 13, p. 275.
γ) Au fig. Il veut (...) exposer ce qui se passe entre la cessation de nos manifestations par la mort et le retour de manifestations nouvelles par la naissance. C'est là que Platon se trompe (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 320).Tout Joubert (...) reste toujours en deçà de l'absolue lucidité en matière de sentiment. (C'est là que Constant le survole tellement) (Du Bos, Journal,1924, p. 157).
Rem. 1. Le tour arch. (ou relâché de la lang. pop.) c'est là où pour c'est là que (au sens locatif). V. aussi où. Sur les bords de la Seine, aux environs de Rouen, dans une superbe campagne, au milieu d'une société nombreuse. Ce n'est pas là où je pouvois travailler, je le savois (Cottin, C. d'Albe, 1799, p. 83). 2. Au fig., le tour est usuel (pour indiquer une situation ou une fin, un but). La tragédie, les tragédies de la haine familiale, c'est peut-être Corneille qui les a écrites. Et c'est là où nous sommes bien obligés de contredire Péguy, qui veut que tous les personnages de Corneille se battent « honorablement » (Brasillach, Corneille, 1938, p. 280).
b) Là où
α) [Pour indiquer un lieu] À l'endroit où. Je compris que là où j'étais, l'air ne se renouvelait point et que j'allais mourir (Balzac, Chabert,1832, p. 38).Les ballets russes nous ont appris que de simples jeux de lumières prodiguent, dirigés là où il faut, des joyaux aussi somptueux et plus variés (Proust, Prisonn.,1922, p. 10):
10. Si je revoyais aujourd'hui les États-Unis, je ne les reconnaîtrais plus : j'ai laissé des forêts, je trouverais des champs cultivés; je me suis frayé un sentier à travers les halliers, je voyagerais sur de grandes routes... Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 342.
Où ..., là ... En général, par-tout où il se trouvoit un monastère, là se formoit un village (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 545).Où est Dieu, là nous serons avec Lui! Avec Dieu, et non pas ailleurs, dans la vive lumière de Dieu (Claudel, Nuit Noël,1915, 2, p. 570).
Où est..., là est ... Où est l'esprit de Dieu, là est la liberté (Amiel, Journal,1866, p. 462).Proverbe. Où on est bien, là est la patrie.
Là où ..., là est ... Quand tout est semblable, il n'y a pas de discordance; là où il n'y a pas de discordance, là est la perfection (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 9).Là où la volonté de Dieu est faite, là est le ciel (Green, Journal,1943, p. 10).
β) Au fig.
Dans le cas où, lorsque. Là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir. La sainte créature, elle ignorait que là où l'ambition commence, les naïfs sentiments cessent (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 55).La bonne humeur et verve comique du Pédant, qui trouvait à rire là où d'autres eussent gémi comme veaux et pleuré comme vaches (Gautier, Fracasse,1863, p. 157):
11. En littérature comme en histoire, presque rien n'arrive de ce qu'on pouvait légitimement prévoir; mais lorsque c'est arrivé on trouve toujours de bonnes raisons pour que cela soit arrivé : l'esprit faiseur d'ordre triomphe l'esprit faiseur de prédictions avait échoué. Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 184.
Alors que, tandis que (pour marquer une opposition). Là où il faudrait..., là où il eût fallu..., là où il ne s'agit que de... C'est la première chose de savoir faire les nœuds, dans la vie... Si vous faites une boucle là où il faut faire un nœud, et l'inverse, vous êtes perdu (Giraudoux, Électre,1937, I, 3, p. 52).
4. [Dans des loc. adv., prép. et conj.]
a) + adv. ou en composition avec un adv.
Là-bas*, v. ce mot.
loc. adv. Là-haut.
Dans cet endroit situé au-dessus; à un étage supérieur. Si vous en avez des morceaux de l'ancienne [dentelle], cela me fera des modèles. − Eh bien! Va voir là-haut, dit la tante, il y en a peut-être dans ma commode (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 605).Elles se tenaient sans doute là-haut, au second étage, dans leurs chambres; entre elles et moi, il y avait les escaliers obscurs (Loti, Rom. enf.,1890, p. 7).
Rare. En direction du nord, au nord. Prendre une berline de poste qui retourne à Paris et qui relaie là-haut (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 173).Je crois que nous allons tous partir pour Paris à petites journées (...). Ma famille passera un mois là-haut, je pense (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1942, p. 275).
Dans un endroit élevé, sur un sommet. Tout là-haut; là-haut sur la montagne. Le sol sous les pieds glisse et crie, Là-haut de grands nuages tors S'échevèlent avec furie (Verlaine, Poèm. saturn.,1866, p. 79).Léopold gravit la colline de Sion. Là-haut, son couvent l'appelle (Barrès, Colline insp.,1913, p. 255).
Au fig. Au ciel, au paradis, auprès de Dieu. Anton. ici-bas.La clémence est une vertu de race royale, et Dieu fera grâce là haut [sic] à qui aura fait grâce ici-bas (Hugo, L. Borgia,1833, II, 1repart., 5, p. 108).Elle ne veut pas rester au-dessous de sa sœur. Pour sûr que les anges applaudissent là-haut! (Gide, Porte étr.,1909, p. 539):
12. panisse : Je louerai des autos pour tous les invités (...). Il n'y manquera qu'une seule personne, mais elle y manquera bien, allez! Ma pauvre Félicité, peuchère, elle qui aimait tant les fêtes! Mais quoi, le bon Dieu ne l'a pas voulu! Que faire? Elle nous verra de -haut, où elle est sûrement plus heureuse que nous. Pagnol, Marius,1931, I, 4, p. 42.
Loc. adv. Là(-)contre.
Rare. Contre cela, à proximité immédiate de cela. Vous auriez dû la tirer par ici, tout près, camarade, à portée de mes deux mains pourries, là contre, et plus près encore, le plus près possible, car je n'y vois guère (Bernanos, Nuit,1928, p. 24).
Au fig. [Avec valeur d'opposition, d'objection] Contre ce fait, contre cela. Il n'y a rien à dire là contre; se dresser, s'insurger, protester, se raidir, se révolter, se soulever là contre. Ces nécessités de l'organisme sont tellement puissantes, que les vertus ou les vices de l'éternelle blessée dépendent, dans la plupart des cas, de simples désordres physiques. Que faire là contre? (Bourget, Nouv. essais psychol.,1885, p. 52).Le long de cette vallée de la Moselle, visiblement nous sommes entamés, et même par cette voie des fusées du mal allemand pénètrent bien avant dans notre nation. Le boulangisme doit être une réaction là-contre (Barrès, Appel soldat,1900, p. 392).
Loc. adv. Là-devant. Devant cela, devant cet endroit. Des murs immenses, recouverts de cartonniers (...). Là-devant, circulent, sur des galeries aériennes, deux ou trois garçons (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 11).Chaque fois que le facteur passe là-devant sans s'arrêter, c'est une scène de tragédie (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 2, p. 12).
Loc. adv. (rare) Là(-)derrière. Derrière ce lieu. Quel abri dans les lunettes, quel lieu d'attente et d'embuscade! La pensée se forme, se rassemble et se mûrit là derrière (Alain, Propos,1923, p. 521).
Autres loc. adv. Là auprès (ds Littré sous ); ,,fort peu usité``, Grevisse, 1969, § 866, Rem.).Là autour. Tous les arbres du jardin se tenaient là autour (Marie Noël, Petit-jour,p. 112 ds Grevisse, loc. cit.).Là-dedans (v. dedans I A 1 c).Là-dessous (v. dessous1B 1 f).Là-dessus (v. dessus1C 5).
b) Prép. + ou en compos. avec
Loc. adv. De là.
De cet endroit (indique un point de départ). Sortez de là! Venir de là; ôte-toi de là! Tirez-vous de là! J'ai traversé les Tuileries, puis le Luxembourg; de là, je suis allée à Sainte-Geneviève (Delécluze, Journal,1827, p. 435).Maintenant, retire-toi de là, je vais sauter sur le bord (Duhamel, Terre promise,1934, p. 30).
[Pour indiquer la provenance] On lui apporte un paquet (...) il l'ouvre, et de là sortent, une étoffe des Indes (...) et une autre, d'une couleur un peu rembrunie (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1554).
En étant placé à cet endroit (suivi d'un verbe de perception; pour indiquer un point de vue). Je n'ai fréquenté dans Delhi que les faubourgs. De là je voyais les étoiles éclairer les habitations des hommes (Bern. de St-P., Chaum. ind.,1791, p. 124).Deux hommes pourroient se cacher et entendre de là tout ce qui se diroit dans le cabinet (Genlis, Chev. cygne, t. 3, 1795, p. 162).
Au fig.
α) D'après cela; de cette cause. On peut conclure de là que..., il s'ensuit de là que... J'ai toujours supposé que j'écrivais assis dans mon cercueil. L'ouvrage a pris de là un certain caractère religieux que je ne lui pourrais ôter sans préjudice (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 6).La saison n'est pas bonne pour toi, mon garçon, fit-elle. Tu as les oreilles rouges, le sang à la tête. Tout le mal vient de là (Bernanos, Joie,1929, p. 538):
13. ... chacun de vous, atrocement isolé des autres, arrive d'instinct aux mêmes conclusions, qui sont l'amour de la paix, du bien-être, et d'une éternité mitigée. De vient que toutes les familles étrangères adorent avoir, comme un pot de fleurs à leur fenêtre, un ami français, plus sûr qu'un géranium. Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 38.
β) En conséquence. Synon. d'où.Sans avoir peut-être tout le nécessaire, au moins est-il sûr que nous avons beaucoup de superflu. De là la nécessité de choisir; de là l'utilité d'un guide (Laclos, Éduc. femmes,1803, p. 473).Chez eux, c'est la tête et non le bras qui agit. De là le décousu de leurs mœurs, et de là le blâme dont les accablent les esprits inférieurs (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 13).
De là à/au... (pour indiquer une distance). De ce lieu à (un autre). Synon. d'ici à.Elle [l'eau des pluies] tombe sur le rocher, qui l'attire en vapeurs comme la feuille. De là elle passe successivement à la fontaine, au ruisseau, à la rivière, au fleuve et à la mer (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 181).Une vie de retraite (...) à Chevreuse même, près des ruines labourées du monastère, ne venant de là à la grande ville qu'une fois tous les quinze jours (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 189).
De là jusqu'à. Depuis cet endroit jusqu'à (tel autre). La rivière qui, de là jusqu'à l'endroit où se construisait la poudrerie, forme une longue nappe où le soleil couchant jetait alors une joyeuse traînée de lumière (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 109).
Au fig. De là à. De ce point, de ce fait à. Je m'en tiendrais d'abord à la peinture de quelques harmonies végétales, et je passerais de là à la description de quelque paysage (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 125).
Au fig. De là à + inf., il y a loin, il y a de la marge/il n'y a qu'un pas. Il s'en faut de beaucoup/de peu. Mais de là à nous tirer maintenant dans le coffret, sans même venir nous parler d'abord et en plein milieu de la route, il y avait de la marge et même un abîme. Trop de différence (Céline, Voyage,1932, p. 16).L'espionnage allemand, qui avait eu connaissance de l'entreprise, n'en avait jamais compris le but exact; de là à conclure que ce fût the best kept secret in the world, il n'y avait qu'un pas (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 63).
À ... de là
[Pour indiquer une distance] À quelques pas de là. Elle sortit (...) et à vingt pas de là s'arrêtant encore vis-à-vis le cabinet de police (Janin, Âne mort,1829, p. 48).Je reconnus pourtant, à deux kilomètres de là, sur la gauche, un petit lac mystérieux où jeune homme j'avais été quelquefois patiner (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 877).
[Pour indiquer un laps de temps] À quelque temps de là, à dater de là. À deux siècles de là, un conseiller au parlement se rendait au palais sur une mule (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 74).À un mois de là, il mourut (France, Génie lat.,1909, p. 18).
De-ci de-là (v. ci1B 2).De-çà(,) de-là (v. çà1B).
Loc. adv. où est précédé d'une prép. (Non) loin de là. J'étais au pied des minarets d'une mosquée. Près de là étaient les factoreries des Européens (Bern. de St-P., Chaum. ind.,1791, p. 117).Deux jeunes ruisseaux (...) traversaient distinctement le beau lac (...) et hors de là ils débordaient en fontaines (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 158).
Au fig.
Hors de là. En dehors de cela. Le théâtre moderne s'est proposé une autre fin, celle d'intimider les passions actives (...) en nous faisant compâtir aux tourments qu'elles font souffrir. C'est à quoi se réduit toute la théorie de l'imitation pathétique; et hors de là, non-seulement l'effet en serait inutile, mais le plus souvent dangereux (Marmontel, Essai sur rom.,1799, p. 320).
Loin de là. Bien au contraire (avec valeur d'opposition). Ce n'était pas un Don Juan, bien loin de là (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 11).Nous n'avons pas le cœur de dédaigner ce qu'ils ont cru avec tant de ferveur, aimé avec tant de constance. Loin de là, nous confesserons hautement que nous y avons mainte fois trouvé secours et consolation (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. xcvi).
Loc. adv. Jusque-là.
Jusqu'à ce lieu, jusqu'à cette distance. V. jusque(s) I A 1 d.
Jusqu'à ce moment-là (valeur temporelle). Synon. de jusqu'ici (en discours indirect ou indirect libre).V. jusque(s) I A 2 c.
Au fig. Jusqu'à ce point, jusqu'à cette limite (et pas au-delà). V. jusque(s) I C 3.
Loc. verb. fig., fam. En avoir jusque-là. Synon. en avoir assez, en avoir plein les bottes, plein les pattes, plein le dos, par-dessus la tête, ras-le-bol (fam.)V. jusque(s) I A 1 d.
Jusque-là que. V. jusque(s) II B.
Loc. adv. Par là.
Par ce lieu, par cet endroit. Passez par là. À gauche, il y a une route qui longe le bois d'Hallate. C'est par là qu'un soir le frère de Sylvie m'a conduit dans sa carriole à une solennité du pays (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 607).La cheminée de cette chambre avait, elle ne savait pourquoi, une sorte de hotte. C'était par là que le bruit sans doute lui parvenait (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 203).
[En corrélation avec par ici, pour distinguer deux lieux de passage différents] Venez avec moi par ici. Lui par là (Hugo, M. Tudor,1833, 3ejournée, 1repart., 8, p. 172).
Dans cette direction. Quand on eut passé le pont, comme Arnoux tournait à gauche : − « Mais non! Tu te trompes! Par là, à droite! » (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 109).
Aux environs. J'ai laissé quelque part par là mes chevaux et mes écuyers (Musset, Quenouille Barb.,1840, II, 1, p. 305).La fabrique de boulons et de rivets devait se trouver par là, dans ce bout de la rue Marcadet, elle ne savait pas bien où (Zola, Assommoir,1877, p. 526).
Au fig. Par ce moyen, de cette façon. Faites-vous rare, on vous aimera : c'est un proverbe des Turcs. Par là, vous gagnerez un grand avantage : à force de passer partout en silence et d'un air dégagé, on vous regardera quand vous passerez (Musset, Quenouille Barb.,18401, 2, p. 287).Si je ne pouvais plus les voir, il serait agréable de continuer à écrire, pour avoir encore par là accès auprès d'eux, pour leur parler entre les lignes (Proust, Fugit.,1922, p. 571).
En partic. Par ces mots. Que voulez-vous dire par là? L'Allemagne (et j'entends par-là la foule, non quelques hommes rares et supérieurs) ne comprend encore que la France du dix-huitième siècle (Quinet, All. Ital.,1836, p. 94).J'ai dit que je ne l'aimais point, du moins n'éprouvais-je pour elle rien de ce qu'on appelle amour, mais je l'aimais, si l'on veut entendre par là de la tendresse, une sorte de pitié, enfin une estime assez grande (Gide, Immor.,1902, p. 373).
(En) passer par là. Ne pouvoir faire autrement, passer par cette épreuve, par cette nécessité. Puis, grand'chose après tout que des chagrins d'amour! Nous passons tous par là. C'est l'affaire d'un jour (Hugo, Ruy Blas,1838, III, 5, p. 407).Une sueur froide mouillait les tempes de Félicité. La Simonne l'épongeait avec un linge, en se disant qu'un jour il lui faudrait passer par là (Flaub., Cœur simple,1877, p. 70).
Par-ci par-là (cf. ci1B 2).
II. − Particule renforçative d'un dém.
A. −
1. [Renforçant un pron. dém., p. oppos. à -ci (v. ci1III)] . V. celui-là, celle-là, ceux-là, celles-là.V. les formes des pron. dém.
2. [Renforçant le gallicisme présentatif c'est, ce sont] V. supra B 1 c et B 3 a.
B. − [Renforçant un adj. dém.] V. ce2, cet, cette, ces.
III. − Là! / là la! / là, là !, interj.
A. − [Souvent redoublé]
1. Vieilli. [S'emploie dans un dialogue, à l'adresse d'une pers., pour la calmer, l'apaiser, la rassurer ou l'exhorter] Là! reposez-vous; là! calmez-vous; là, là, restez tranquille; là, là, ne vous fâchez pas! Elle se recoucha et caressa la main du malheureux. − Là, là... disait-elle. En voilà un idiot. On lui annonce qu'il n'ira plus en classe et il pleure (Cocteau, Enf. terr.,1929, 1repart., p. 45).Charlot se jeta entre eux : − Là! là! dit-il. Vous n'allez pas vous disputer? (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 49):
14. Le bébé criait sur son panier à pesée, qui lui redressait la tête, tandis que sa maman manipulait sur l'autre plateau les poids de cuivre. − , , c'est fini. C'est fini. C'est très bien. Vous avez pris 150 grammes. Oh! non, ce n'est pas si triste. N'ayez pas ces sanglots excessifs. Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 22.
[Parfois triplé] Je m'attendais à cette crise de nerfs. Je la trouve plus sympathique. Allons... Allons... ne pleurons plus... Calmons-nous... là, là, là... (Cocteau, Machine infern.,1934, I, p. 28).
2. Mod. [En combinaison avec une autre interj. pour la renforcer] Hé là! doucement; oh là! Hep là! Ouh là! Eh là! eh là! Est-ce qu'il est fou, ce gaillard-là de courir comme un dératé! (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., p. 21).Hop là! En avant les bras! Une carpe encore, et pas la plus mince! (Genevoix, Raboliot,1925, p. 29).
Oh là là! Ah! là! là! Ah! là! là! se faire du chagrin pour les femmes! Une de perdue, dix de retrouvées... Comme on dit (Achard, J. de la lune,1929, III, 2, p. 26).Le moribond claquait des dents. Il bégaya : − « Oh là là... Oh là là... J'ai peur... » (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1255).
Rem. Ces loc. s'écrivent parfois sans accent grave. Oh la la! c'te gueule, c'te binette! (Courteline, Article 330, 1900, p. 271).
B. − [Sert à renforcer ce qui vient d'être dit] Fam.
1. [En début ou en fin de phrase, pour ponctuer une assertion; sert de simple appui au discours] Synon. fam. na!Là, c'est bien; là, c'est fini; vous n'avez qu'à faire attention, là! Là, c'est bien fait! L'Innocent, se levant : Là! j'ai fini; je n'ai plus faim (A. Daudet, Arlésienne,1872, II, 2etableau, 5, p. 396).Là! ça y est; ça devait arriver! Lettre de la petite Luce que je trouve en rentrant à la maison, dans une poche de ma serviette (Colette, Cl. école,1900, p. 173):
15. Qu'est-ce qu'il faut vous dire encore? J'étais si contente que vous soyez réconcilié avec moi! Je dis : « moi », , et je ne parle plus des autres. Arland, Ordre,1929, p. 228.
2. [Sert à reprendre ou à préciser un terme que l'on vient d'exprimer] Alors là..., mais là, là, ce qui s'appelle...; là vraiment, là franchement. Adèle... c'est une femme... oh! mais, là... une femme... on ne saura jamais à quel point j'aime Adèle (Meilhac, Halévy, Cigale,1877, II, 2, p. 61).Nous allons vous tourner un article, mais là, un article à succès (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 45).Il n'y a à la banque Herrer que deux personnes exactes, mais là... ce qui peut s'appeler exactes (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, I, 1, p. 3).
Prononc. et Orth. : [la]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Adv. dém. I. du lieu où l'on est et du lieu où l'on va, situés en dehors de l'espace du locuteur. A. 1. a) 2emoitié xes. lieu où l'on n'est pas, opposé à ci; lai (St Léger, éd. J. Linskill, 96 : Pos ci non posc, lai vol ester); 1172-75 ça et la, v. ça; ca 1260 lai... lai... lai valeur distributive (Robert de Blois, Beaudous, 1432 ds T.-L.); av. 1538 par ci, par la, v. ci; b) antécédent de l'adv. ou, ca 1100 [sans idée d'oppos. spatiale] (Roland, éd. J. Bédier, 2046); 1545 fig. marquant une oppos. « tandis que » (Le Maçon, trad. de Boccace, Décaméron, I, Préamb. ds Hug.); 1671 (Pomey : il rit là où il devroit pleurer); c) 1611 fig. en être là « avoir cette disposition d'esprit, en être à ce point, ce parti » (Cotgr.); 2. du lieu où l'on va; verbe de mouvement a) 2emoitié xes. lai (St Léger, 232 : Lai s'aprosmat que lui firid); b) fin xes. lai...o désigne un point dans le cours d'un récit (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 278 : lai dei venir o eu laisai); mil. xies. la...o (St Alexis, éd. Chr. Storey, 80 : la pristrent terre o Deus les volt mener); c) ca 1280 fig. désigne l'aboutissement d'un processus, d'une pensée (Girart d'Amiens, Escanor, 25030 ds T.-L.). B. en compos. 1. suivi d'un autre adv. a) 2emoitié xes. la jus [lat. class. deorsum, vulg. josum, avec infl. de su(r)sum, v. sus] avec mouvement (St Léger, 176); mil. xies. sans mouvement (St Alexis, 486); ca 1165 id. laïs (Benoît de Sainte-Maure, Troie, 29368 ds T.-L.); b) ca 1100 la sus amunt avec mouvement (Roland, 2634); ca 1180 (Hist. Joseph, 1610 ds T.-L. : là sus ou ciel monta), v. aussi E. Lommatzsch, Kleinere Schriften zur rom. Philol., 1954, pp. 10-11; c) ca 1140 laenz, v. léans; d) ca 1160 la dedanz (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 464 : ... la dedanz an la cité); e) 1160-74 la hors (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2115); ca 1200 par la defors (Beuve de Hantone, I, 5460 ds T.-L., s.v. defors); f) 1174-87 la desoz, v. dessous; g) ca 1180 là val (Fierabras, éd. A. Kroeber et G. Servois, 386); h) 1456-57 la hault « dans le ciel » celuy qui est la hault « Dieu » (Cent nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, p. 245), v. aussi haut; i) xvies. la bas, v. ce mot; 2. précédé d'un prép. a) ca 1100 de la (Roland, 289), v. aussi delà; b) ca 1208 par la ou (Villehardouin, Constantinople, éd. E. Faral, § 230 : ... par la ou il devoient passer); 1240-80 par là fig. « par ce moyen, grâce à quoi » (Baudouin de Condé, Dits et contes, 39, 206 ds T.-L.); 1611 passer par là id. « accepter telles conditions » (Cotgr.); c) 1240-80 dès là « par conséquent, donc » (Baudouin de Condé, op. cit., 156, 11 ds T.-L.). C. renforçant la valeur dém. et spatiale des dém. 1. renforçant un pron. dém. a) ca 1160 celui la, v. celui (Étymol. B 4); 1310-40 chieus la cas suj. masc. sing. (Jean de Condé, Dits et contes, éd. A. Scheler, t. 3, p. 200, 110); ca 1330 cil la (Guillaume de Digulleville, Pèlerinage Vie, 2142 ds T.-L.); b) xves. cestui la, v. ce adj. (Étymol. Pron. A 3 b); c) xiiies. avec ce neutre, çoula compl. d'obj., v. cela; 2. renforçant un art. dém. a) ca 1225 avec cas régime masc. sing., v. ce adj. (Étymol. Adj. A 2 b); b) mil. xiiies. avec cil cas suj. masc. (Du prestre qui ot mere a force, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, Rec. gén., t. 5, p. 146, 101). II. P. anal. du temps que l'on indique (p. oppos., à l'origine à celui où l'on est) ca 1135 « à tel moment, alors » (Couronnement de Louis, 742 ds T.-L. : [as blanches pasques] vos plot il, verais Deus, a aler En Jerusalem); xiiies. en réf. à un passé éloigné (Parise la duchesse, 77 ibid.); ca 1245 là sus « après cela, ensuite, là dessus » (Ph. Mousket, 29578, ibid.); 1580 la dessus « ensuite, ceci dit » (Montaigne, Essais, I, XX, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 85). III. Interj. là; lalà employé à l'adresse d'une personne que l'on veut encourager, exhorter (Cotgr.). Du lat. illāc adv. « par là » (la forme illa étant relevée dans la lang. vulg. dès Plaute, TLL, s.v.); les formes lai de St Léger et de la Passion, supra, sont prov. (cf. a. prov. lai, 2emoitié xiies. B. de Ventadour éd. C. Appel, passim; v. aussi Rayn. et Levy Prov.); la fréquence d'emploi de illa(c) en position proclitique dans des combinaisons avec *dyūsu [deorsum], intus, altu, bassu, v. supra, a prob. empêché la diphtongaison de a dans illa(c) employé séparément (Fouché, p. 650; v. aussi F. de La Chaussée, loc. cit.). Cf. l'a. fr. ila « là » (ca 1120-50 ila sus Grant mal fist Adam, I, 12 ds T.-L.), avec i- issu de hic adverbe. Fréq. abs. littér. : 103 179. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 560, b) 164 319; xxes. : a) 159 708, b) 152 696. Bbg. Foulet (L.). L'Effacement des adv. de lieu. Romania. 1954, t. 75, pp. 433-456. - Schifko (P.). Aspekte einer strukturalen Lexicologie. Bern, 1977, pp. 207-212. - Spitzer (L.). Über frz. là. Z. fr. Spr. Lit. 1912, t. 38, pp. 276-278.