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JURÉ, adj. et subst.
DR. ET HIST. DES INSTIT.
A. − Adj. et subst. (Personne) qui a prêté serment en accédant à la maîtrise dans une corporation. Chirurgien, écrivain juré; juré crieur. Sont-ce (...) des jurés priseurs de budget, qui décréteront l'argent nécessaire aux galeries, aux musées (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1832, p. 466).
En partic. Membre élu d'une corporation ou choisi par le maître de métier pour faire respecter les règlements de la corporation. Jurés de la corporation. Il était juré de sa communauté (Ac.1835, 1878).Dans l'ancienne organisation pour confréries ou corporations, nul ne pouvait être admis à la maîtrise sans avoir présenté cette pièce [le chef-d'œuvre] au jugement des syndics, jurés et gardes-métier (Sand, Compagn. Tour de Fr.,1840, p. 81).On créa des « jurés vendeurs » pour surveiller la qualité des produits et l'on fixa même les prix de vente et les quantités de harengs qu'il était permis d'acheter (Boyer, Pêches mar.,1967, p. 7):
1. Les candidatures à la maîtrise sont posées devant le corps des maîtres et jurés du métier, qui favorisent les fils de maîtres et se montrent très rigoureux, semble-t-il, en certains métiers, pour l'admission de ceux qui ne le sont pas. Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 72.
Maître-juré. Spécialiste confirmé. Les auteurs à la mode, qui se croyaient les maîtres-jurés du métier, s'émurent de voir un nouveau-venu [Balzac] leur passer d'emblée sur la tête (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 55).
Vx, p. iron. [P. réf. à Molière, Avare, I, 3] Maître juré filou. (Ds Littré, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
Métier juré. ,,Celui qui détenait le monopole de la profession`` (Lar. Lang. fr.). En France, l'ensemble des règlements concernant les corporations et les métiers jurés a été supprimé par Turgot en 1776 sous l'influence des économistes libéraux (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 18).
B. − Adj. Qui a prêté solennellement le serment exigé pour une fonction de l'exercer scrupuleusement. Traducteur juré. La nuée des architectes d'école, patentés, jurés et assermentés (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 130).Je vois à votre habit que vous êtes de Pingouinie. Je connais votre langue; je suis interprète juré (France, Île ping.,1908, p. 192):
2. ... lorsqu'il falloit prononcer sur la façon et sur le prix d'un ouvrage ou travail mécanique. Alors les juges appeloient des experts jurés [it. ds le texte], et l'ouvrier étoit jugé par ses pairs... Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 85.
C. − Au fig. Ennemi juré. Ennemi implacable avec lequel il est impossible de se réconcilier. Il [le chien] n'oubliait point les renards... ceux-ci étaient ses ennemis jurés (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 168).
D. − Citoyen juré (vx) ou juré, subst. masc. Citoyen choisi par le sort sur une liste annuelle pour faire partie du jury de la Cour d'assises. Appel, serment des jurés; juré titulaire, suppléant; premier juré. Le Président : Déclarez aux citoyens jurés les faits qui sont à votre connaissance (Procès conspir. 1erConsul,t. 1, 1801, p. 308).Les jurés se retirèrent pour délibérer (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Tombe, 1884, p. 969).− La qualité de juré. − Un militaire en activité ne peut être membre d'un jury criminel (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 81):
3. On a tiré au sort ce matin... sur les douze jurés... (...) il y a trois cultivateurs, deux officiers retraités, un médecin d'Aygueperse, deux boutiquiers, deux propriétaires, un manufacturier, un professeur, tous des braves gens, des hommes de famille et qui voudront un exemple... Bourget, Disciple,1889, p. 228.
Prononc. et Orth. : [ʒyʀe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « personnage qui a prêté serment au roi, vassal » (Lai du cor, 171 ds T.-L.); 2. ca 1200 « membre du conseil d'une commune bénéficiant, sous serment, d'une délégation des pouvoirs du seigneur pour s'administrer et rendre la justice » (Beuve de Hantone, I, 6921-6924, ibid.); 3. 1260 « maître ou valet qui était commis, par serment, à la garde et surveillance d'un métier » (E. Boileau, Métiers, I, XXI, éd. Lespinasse et Bonnardot, p. 9), d'où p. plaisant. maître juré « professionnel, spécialiste » 1668 maître juré filou (Molière, L'Avare, I, 3); 4. a) 1588 « membre d'un jury de tribunal (en Angleterre) » Les douze hommes jurez (Trad. d'un pamphlet d'apr. S. Lee ds Transactions from the Bibliographical Society vol. VIII, London, Oct. 1907 ds Mack. t. 1, p. 62); b) 1791 « id. » (en France) (Constitution de 1791, chapitre IV, section III, article 9 d'apr. Brunot ds Mél. Baldenspenger, t. 1, 1930, p. 89 et 90). Du lat. juratus « celui qui a juré, celui qui a promis fidélité » (fin xies. ds Nierm.; adj. dès le lat. class. « qui a prêté serment »), part. passé adj. subst. de jurare « jurer » attesté dans les chartes octroyées aux villes du Nord de la France dep. 1127 (cf. A. Giry, Hist. de la ville de St Omer, Bibl. de l'École des Htes Études, 31, 1877, pp. 371-374 et H. Pirenne, La Question des jurés ds les villes flamandes ds R. belge Philol. Hist. t. 5, p. 406) et qui désignait les conseillers liés par le serment fait au seigneur. Le sens 4 est une transcr. de l'angl. d'apr. jury (cf. FEW t. 5, p. 82a) prob. dans le composé juryman « membre d'un jury », juré ayant désigné à la fois un membre d'un jury ou le jury lui-même lors de la constitution de cette institution en 1791 (v. Brunot, op. cit., pp. 86-95). Fréq. abs. littér. : 1 640. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 676, b) 2 175; xxes. : a) 3 279, b) 1 552.