| * Dans l'article "IRRÉMISSIBLE,, adj." IRRÉMISSIBLE, adj. A. − Qui ne mérite pas de rémission, de pardon, en particulier en raison de préceptes religieux. Synon. condamnable, impardonnable.Crime irrémissible. Ce Sarazin, a-t-il continué, a déserté du camp de Boulogne, portant tous mes secrets aux Anglais : cela pouvait avoir des suites fort graves. Sarazin était général, son acte fut hideux, irrémissible (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1054).Offenser l'amour-propre d'une belle sur le retour est une injure irrémissible; et l'amour-propre masculin n'est guère moins vindicatif (Amiel, Journal,1866, p. 56).Déclarer que Jésus est possédé de l'esprit immonde, c'est un blasphème contre le Saint-Esprit et un péché irrémissible (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 332). − P. exagér. Inexcusable, déplacé. Il a exposé jadis un petit Orphée, inspiré par des vers étonnamment médiocres et qui accusaient chez ce peintre un irrémissible mauvais goût en peinture comme en poésie (Huysmans, Art mod.,1883, p. 60). B. − Qui a un caractère définitif, irréversible. Synon. irrémédiable.L'homme chaste tardivement enflammé ne pardonnait pas un aussi irrémissible échec de ses désirs (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 129).Certes tu es dans les mêmes ténèbres et non d'autres, que moi. Mais pour moi je suis jugée, condamnée d'une sentence irrémissible! (Claudel, Repos 7ejour,1901, II, p. 820).La division nette, tranchée − et vraiment irrémissible, celle-là − qu'il y a parmi la foule d'un pays, entre ceux qui profitent et ceux qui peinent (Barbusse, Feu,1916, p. 329). − En partic. [En parlant de l'issue d'un processus] Fatal. Une mort irrémissible : Les artères de l'individu vieillissant ne sont pas toujours calcifiées, ni ses os friables; les processus d'atrophie et de sclérose cellulaires, quoique fréquents passé un certain âge, n'ont rien d'obligatoire, d'irrémissible; et le plus expert des histologistes serait bien empêché, sur l'examen microscopique d'un tissu, d'assigner un âge approximatif à l'organisme dont il provient.
J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 115. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. À cette expérience de l'irrémédiable, de l'irrémissible, nous accédons par le regret (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 180). C. − Que l'on ne peut remettre, différer. Vous pensez bien que, si je n'ai pu vous aller voir à Versailles, c'est que j'étais dans des travaux irrémissibles; à peine alors pouvais-je aller voir la Diva! (Balzac, Corresp.,1839, p. 576). Prononc. et Orth. : [ir(r)emisibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1234 (Charte de Robert de Dreux ds A. Thierry, Monuments de l'hist. du Tiers-État, t. 4, p. 710 : cas irrémissibles et dignes de grans pugnicions). Empr. au lat. chrét.irremissibilis « irrémissible, irréparable ». Fréq. abs. littér. : 51. DÉR. Irrémissiblement, adv.D'une manière irrémissible, sans rémission. a) [Correspond à supra A] Est-ce que la France a deux intérêts, deux intérêts ennemis, incompatibles, à jamais irréconciliables? S'il en était ainsi, pleurons sur elle! Elle serait irrémissiblement jugée, condamnée (Lamart., Corresp.,1831, p. 162).P. exagér. Dis-moi s'il existe encore du baume en Judée et si tu me juges irrémissiblement stupide (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 127).b) [Correspond à supra B] Il remarqua que la société maintient irrémissiblement en dehors d'elle deux classes d'hommes, ceux qui l'attaquent et ceux qui la gardent (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 213).En partic. Il y a ici un très savant oculiste (...). Il dit que si elle ne se fait pas opérer assez promptement [Madame de Montijo], elle sera irrémissiblement aveugle (Mérimée, Lettres Panizzi,1865, p. 116).− [ir(r)emisibləmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1521 inremissiblement (Fabri, Rhét., fol. 13 vods Gdf. Compl.); de irrémissible, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 13. BBG. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 445 (s.v. irrémissiblement). |