| INSOUPÇONNÉ, -ÉE, adj. A. − [En parlant d'une pers. du point de vue de la valeur morale de son attitude, de son comportement] Dont les intentions ou l'activité blâmables n'ont pas été jusqu'alors suspectées, qui n'inspire pas de soupçon. Complice insoupçonné (Lar. 19e). B. − [Gén. en parlant d'une chose] Dont on ignorait jusqu'alors l'existence ou l'importance. Richesse, perspective, profondeur, force insoupçonnée; trésor, horizon, pouvoir insoupçonné. Cette prairie est un plan insoupçonné du paysage, un royaume à l'écart, que l'on ne voit pas, d'où l'on ne voit rien (Barrès, Cahiers, t. 8, 1910, p. 228).Ces découvertes qui ouvrent tout d'un coup un champ insoupçonné à une science naissante (Proust, Swann,1913, p. 118). − Insoupçonné de (qqn).Mais la germination se fait dans un profond silence, enfouie, insoupçonnée de tous (Montherl., Maître de Sant.,1947, III, 3, p. 646). ♦ [En parlant de qqn en tant que personne existante] Il s'agissait d'une femme jamais vue de personne, insoupçonnée de tous, qui entrait dans la vie par une porte pendant que le bonheur entrait par l'autre (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 338). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Il me révèle toujours du neuf, de l'insoupçonné, du jamais vu! (Martin du G., Notes Gide,1951, p. 1373). REM. Insoupçon, subst. masc.,rare. Absence de soupçon. Un pontife (...) pousse l'insoupçon de la rigolade jusqu'à pleurailler ceci (...) (Bloy, Journal,1896, p. 227). Prononc. : [ε
̃supsɔne]. Étymol. et Hist. 1. 1794 « qui n'inspire pas de soupçons » (Pougens, Vocab. des nouv. privatifs fr., p. 154); 2. 1865 « dont l'existence n'est pas soupçonnée » (Goncourt, Journal, p. 215). Dér. de soupçonné, part. passé de soupçonner*; préf in-1*. Fréq. abs. littér. : 133. |