| INGÉNUITÉ, subst. fém. A. − DR. ROMAIN. État d'une personne qui est, de par sa naissance, de condition libre. (Dict. xixeet xxes.). B. − Courant 1. Caractère d'une personne qui fait preuve d'une franchise innocente et naïve : 1. − Vous êtes là avec une admirable personne, monsieur le comte, dit Eugénie, est-ce votre fille?
− Non, mademoiselle, dit Monte-Cristo étonné de cette extrême ingénuité ou cet étonnant aplomb; c'est une pauvre Grecque dont je suis le tuteur.
Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 785. − Au fig. [À propos d'une chose] Cela n'avait pas l'innocence de la bourrache, ni l'ingénuité du myosotis, ni la candeur virginale de la véronique (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 28). − P. métaph. Lavé par l'ingénuité brûlante du plaisir (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 335). 2. P. méton., le plus souvent au plur. Parole, action qui traduit une franchise innocente et naïve : 2. ... MmeDaudet, en une de ces charmantes ingénuités qu'elle a parfois, laisse tomber, comme si elle parlait à elle-même : « Oui, vraiment, il n'a pas le sentiment de l'affirmation! »
Goncourt, Journal,1889, p. 927. Prononc. et Orth. : [ε
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ʒenɥite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1376-77 ingenité « franchise » (Compt. de Huguenin Duemme, Exploits de justice faits par J. Valée, A. Côte-d'Or ds Gdf. Compl.); 1546 ingénuité (R. Estienne, Dict. Latinogallicum, 661b d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 89 : Ingenuitas [...] Honnesteté et noblesse qu'ont les personnes franches et libres, ingénuité); 1639 « naïveté un peu sotte » (Rotrou, Les Deux Pucelles, V, 2, t. 3, 535 : Des crimes ont souvent dû leur rémission A l'ingénuité de la compassion). Empr. au lat.ingenuitas « condition d'homme né libre » (d'où ce sens attesté en fr. au xvies., v. Hug.), aussi « sincérité, loyauté », dér. de ingenuus (ingénu*). Fréq. abs. littér. : 241. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 229, b) 325; xxes. : a) 374, b) 429. |