| INFÉODATION, subst. fém. Action d'inféoder ou de s'inféoder; résultat de cette action. A. − [Correspond à inféoder A] DR. FÉODAL. Inféodation de qqc. à qqn.Action d'inféoder une propriété, une charge, un droit que l'on concède à quelqu'un à titre de fief en échange de certains services; résultat de cette action. L'inféodation entraînait la cérémonie de l'hommage (Fén. 1970): 1. ... comme leur concours avait été décisif, ils [les marins génois] reçurent de Bertrand des privilèges commerciaux étendus, sans compter l'inféodation de la petite ville de Gibelet (Djébaïl) à la famille génoise des Embriaci.
Grousset, Croisades,1939, p. 86. ♦ Contrat d'inféodation. Dès le viesiècle, le contrat d'inféodation par lequel un seigneur mettait son vassal en possession d'un fief s'étant répandu universellement, il en était résulté une multitude d'espèces particulières de fiefs (Lar. 19e). ♦ Acte d'inféodation ou, p. ell., inféodation. L'inféodation était en bonne forme (Ac.1798-1935).L'acte d'inféodation est un acte d'intégration dans un ensemble préexistant, s'appuyant sur des statuts relevant du droit social (Traité sociol.,1968, p. 200). ♦ Inféodation de dîmes. Acte par lequel le clergé aliénait une dîme et en abandonnait la perception à un laïque. Lorsque les fiefs militaires avoient passé dans les propriétés de l'Église, les dîmes ecclésiastiques avoient passé, par l'inféodation, dans les propriétés séculières (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 118). B. − Au fig. [Correspond à inféoder B] Action d'inféoder ou de s'inféoder; résultat de cette action. Une fatale inféodation à cette tant aimée coquine de littérature (Verlaine,
Œuvres posth., t. 1, Souvenirs, 1896, p. 193).Il en revenait toujours à la courte vue paternelle. Sa stupide inféodation à son parti (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 290): 2. ... le gros bon sens du critique s'inquiète sympathiquement de l'inféodation de Daudet à Koning, à son Théâtre de Madame et exprime la crainte que ce commerce ne châtre la jolie indépendance théâtrale de l'auteur dramatique.
Goncourt, Journal,1891, p. 152. Prononc. et Orth. : [ε
̃feɔdasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1467 infeodation « contrat par lequel un seigneur donnait en fief une terre à un vassal » (Doc. inédits concernant l'histoire de la Belgique, éd. L. P. Gachard, t. 2, p. 459 ds Bartzsch, p. 19); 2. 1835 fig. (Balzac,
Œuvres compl., t. 3, p. 144). Dér. de inféoder*, suff. -(a)tion*; cf. le lat. médiév. infeodatio, -onis « octroi d'un fief » (1064-84 ds Nierm. : inpheodacio), formé sur le supin de infeodare, v. inféoder. Inféodation a supplanté le plus anc. infeudacion (24 janv. 1393 ds Pièces relatives au règne de Charles VI, éd. L. Douët-D'Arcq, t. 1, p. 116) [lat. infeudatio, -onis 1198 d'apr. Latham], se rattachant à la forme lat. feudum de fief*. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 323. |