| INDÉCENCE, subst. fém. A. − 1. Caractère de ce qui est indécent, contraire aux règles de la bienséance. Synon. impolitesse, inconvenance, incorrection.Anne-Marie le soignait avec dévouement, mais sans pousser l'indécence jusqu'à l'aimer (Sartre, Mots,1964, p. 8): 1. ... il avait eu le mauvais goût, parlant au grand-duc en personne, de s'exprimer avec une indécence révoltante sur le compte de maîtres vénérés; il avait, disait-on, appelé l'Elias de Mendelssohn « des patenôtres de clergyman hypocrite » (...) et cela, quand les augustes princes venaient d'affirmer leurs préférences pour ces œuvres!
Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 400. 2. En partic. [Avec une connotation sexuelle] Caractère de ce qui est contraire à la morale, aux bonnes mœurs. Synon. grivoiserie, immodestie, impudicité.À peine débarqué je me ruerai dans ton domicile avant même de me livrer à aucun de ces actes obscènes que l'indécence ordonne de nommer et la nature d'accomplir (Flaub., Corresp.,1857, p. 240).La troisième (...) vêtue d'une robe si étroitement ajustée, qu'elle en était troublante d'indécence (Zola,
Œuvre,1886, p. 313).Il a passé de l'indécence à l'obscénité. Il devenait dangereux (Queneau, Pierrot,1942, p. 196). B. − P. méton. Acte, parole, chose contraire à la décence, à la bienséance ou à la morale. Synon. grossièreté, impertinence, incongruité, obscénité.Commettre, dire une indécence. La voix publique l'accuse en outre d'une infinité de violences et d'indécences révoltantes; il est question de filles enlevées, de femmes insultées et fouettées publiquement (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1819, p. 889).Le vieux curé qui jurait au beau milieu du prône contre les indécences des chiens introduits dans l'église (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 311).Boche (...) lui disait tout bas des indécences (Zola, Assommoir,1877, p. 579): 2. ... les miséricordes des sièges (...) sont d'une étrange audace en ce lieu saint; les ébénistes de l'époque, dans leur verdeur populaire, se sont complus à les orner d'indécences mythologiques et de satires gaillardes contre les débauches des servants. Les pieux et chastes prêtres d'aujourd'hui posent leurs fesses ensoutanées sur de bien immodestes figurations.
T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 244. C. − P. exagér., rare. Caractère de ce qui choque par sa démesure insolente. Une protestation intérieure contre un désordre moral, contre l'indécence trop fréquente du succès, contre le triomphe choquant de l'ignoble sur le noble (Amiel, Journal,1866, p. 276). Prononc. et Orth. : [ε
̃desɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1568 « acte contraire à la bienséance, manque de convenance » (Loys Le Roy, trad. d'Aristote, Les Politiques, 234 ds Fr. Mod. t. 6, p. 63); 2. 1666 « acte, propos obscène, contraire à la pudeur » (Molière, Misanthrope, III, 4). Empr. au lat.indecentia « inconvenance », dér. de indecens (v. indécent). Fréq. abs. littér. : 125. |