| INCONVÉNIENT, subst. masc. A. − Vx et rare. Événement fâcheux. Synon. désagrément, embarras, ennui, importunité.Depuis trois siècles surtout, les lumières se sont accrues, propagées; la civilisation, favorisée de circonstances heureuses, a fait des progrès sensibles : les inconvéniens mêmes et les abus, ont tourné à son avantage (Volney, Ruines,1791, p. 103).C'est un abominable voyage pour la fatigue et les inconvénients (Staël, Lettres div.,1793, p. 451): 1. ... il n'aurait plus été possible, dans un endroit si resserré, de faire un pas sans rixe et sans scandale. Malgré ces inconvénients accidentels, j'ai remarqué qu'(...) on s'instruit mieux ici dans l'art de vivre, par les rapports habituels, que par des sentences et des préceptes...
Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 154. B. − Conséquence fâcheuse qui survient ou peut survenir d'une action, d'une décision, d'une situation. Synon. danger, risque, empêchement, objection, obstacle; anton. bienfait, commodité.Il n'y a plus d'inconvénient à vous dévoiler mes secrets! (Verne, 500 millions,1879, p. 122).Un des inconvénients les moins observés du suffrage universel, c'est de contraindre des citoyens en putréfaction à sortir de leurs sépulcres pour élire ou pour être élus (Bloy, Journal,1903, p. 158): 2. ... Si on pouvait prolonger la santé jusqu'à la veille de la mort, il ne serait pas sage de donner à tous une grande longévité. Nous savons déjà quels sont les inconvénients de l'accroissement du nombre des individus...
Carrel, L'Homme,1935, p. 214. SYNT. Avoir, présenter, offrir, subir un inconvénient; voir un inconvénient à qqc; grand, grave, petit, sérieux, seul inconvénient; sans inconvénient pour. − En partic. Conséquence erronée d'un système, d'une théorie. Le premier inconvénient de la méthode ethnographique, ici du moins, est de n'être pas une méthode, car c'est une méthode arbitraire (Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 1, 1829, p. 44). C. − Désavantage attaché à une chose qui peut cependant présenter un aspect plus avantageux. Le ressort de l'émulation, d'un effet sûr, d'une utilité si incontestable pour les uns, a nécessairement de grands inconvéniens pour les autres (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 78).C'est que l'ombre produit la lumière, et que toute chose a son inconvénient. De ce qui est sous le soleil, rien ne s'éclaire des deux côtés (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1836, p. 604).C'est à la vie qu'il appartiendra de se créer à elle-même une forme appropriée aux conditions qui lui sont faites. Il va falloir qu'elle tire parti de ces conditions, qu'elle en neutralise les inconvénients et qu'elle en utilise les avantages (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 58). SYNT. Éviter, pallier un inconvénient; obvier, parer, remédier à un inconvénient; avoir, calculer, délibérer sur, montrer les avantages et les inconvénients de qqc. Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
̃venjɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 incouvenienz « malheur, infortune » (G. de Coincy, éd. F. Koenig, II Chast 10, 207) − Rich. 1680; 2. 1690 « difficulté qui se présente dans une affaire » (Fur. : Il n'y a point d'affaire qui n'ait ses avantages et ses inconvénients). Empr. au lat.inconveniens, -entis (composé de in à valeur négative et de conveniens « qui est en accord avec, convenable, séant ») « qui ne s'accorde pas, discordant », qui a pris à l'époque impériale le sens de « qui ne convient pas, discordant » (cf. en fr. l'adj. inconvenient « qui ne convient pas » attesté du xives. au xviies., v. Littré); inconveniens est attesté en b. lat. au neutre plur. « les choses qui ne conviennent pas », d'où les sens du fr. « infortune » et « désavantage, désagrément ». Fréq. abs. littér. : 1 877. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 033, b) 2 262; xxes. : a) 1 180, b) 1 765. |