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INCARCÉRATION, subst. fém.
A. −
1. DR. Action d'incarcérer quelqu'un; état d'une personne incarcérée. Ordre d'incarcération. Dans cette classe de détenus les sommes qui ont motivé l'incarcération sont toujours très minimes (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 429).L'incarcération de cet innocent, perpétrée pour je ne sais quelles fins ténébreuses, me soulève d'indignation et de dégoût (Aymé, Uranus,1948, p. 165).
2. P. ext. Action d'enfermer quelqu'un; résultat de cette action. Je suis maintenant enfermé chez moi pour long-temps, pour toute une année peut-être. J'ai déjà subi ces incarcérations volontaires au nom de la science et de la pauvreté; aujourd'hui, ce sont des peines qui sont mes geôliers (Balzac, Lettres Étr., t. 5, 1850, p. 5).
3. Au fig. ou p. métaph. Inscription d'un symbolisme amer et qui me renseigne sur l'incarcération de la pensée dans le style : tali namque domo clauditur omnis homo, sentence qu'il me plaît de traduire ainsi : tout homme est enfermé dans une maison pareille à lui-même (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 231) :
Il faut ma volonté perpétuelle de réintégrer mon propre sein comme un geste de nageur pour me soulever d'idée en idée, comme d'acte en acte, sur la profondeur inerte que tout mon être ne demande qu'à redevenir. À chaque instant, mon cœur bat, une pensée s'éclaire, exactement comme si je retournais une carte; c'est un pari, à chaque minute renouvelé, un jour dans cette étroite incarcération que représente la conscience d'un homme plus content de se sentir vivre que curieux d'aider son sort à se former. J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 106.
B. − MÉD. Incarcération herniaire (vx). Étranglement herniaire. (Dict. xixeet xxes.). Incarcération du placenta. Emprisonnement accidentel, lors de la délivrance, de tout le placenta par un anneau de contracture musculaire situé à la partie basse de l'utérus (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971).
Prononc. et Orth. : [ε ̃kaʀseʀasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1314 méd. (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 855 : incarceration de porreture), attest. isolée, à nouv. au xixes. 1858 (Littré-Robin); 2. 1418 « action de mettre en prison » (16 sept., Ord., X, 474 ds Gdf. Compl.) − xves. (J. Juvenal des Ursins, Hist. de Charles VI, éditée par D. Godefroy, Paris, 1613, p. 147); à nouv. fin xviiies. 1798 (Ac.). Dér. de incarcérer*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 29.