| INADAPTÉ, -ÉE, adj. A. − [Sans compl. déterminant] Qui n'est pas en harmonie avec son milieu, qui n'y est pas intégré. Ce qui fut beaucoup plus décisif, c'est qu'il restait mal à l'aise dans sa peau, inadapté, incertain (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 261) : ... les tempéraments anarchistes et libertaires se recrutent chez de grands nerveux aux enfances écartelées; ils restent toute leur vie, envers la chose sociale, des adolescents inadaptés qui ne savent penser l'autonomie de l'individu que dans une perpétuelle et inquiète opposition envers toute société constituée.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 522. − En partic. ♦ Enfant inadapté. Qui est mal intégré − de manière passagère ou permanente − à la vie familiale ou à l'institution scolaire. Nous allons examiner succinctement les différentes catégories d'enfants inadaptés (Encyclop. éduc.,1960, p. 197). ♦ Enfance inadaptée. Ensemble des enfants qui ont soit un handicap physique ou intellectuel, soit des troubles psychiques, qui empêchent leur intégration sociale. Depuis 1945, la question de l'enfance inadaptée est devenue (...) un problème dont l'ampleur et l'urgence se sont imposées à l'attention des pouvoirs publics (Encyclop. éduc.,1960p. 198).Certaines questions spécifiques comme celles relatives à l'enfance inadaptée (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 311). − Emploi subst. Quiconque, au-delà de l'enfance, persévérera dans une existence dominée par les réactions et les imaginations sensibles deviendra donc un inadapté, reclus en lui-même, dépassé et souvent broyé par la société moderne (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 30). ♦ [Avec un adj. désignant le type d'inadaptation] Inadapté mental. Le problème est différent pour les inadaptés moteurs victimes d'une infirmité (Encyclop. éduc.,1960, p. 206).Plus d'un inadapté social en bas âge retrouve son équilibre en se trouvant chargé de la responsabilité de plus petits que lui (Traité sociol.,1968, p. 233). ♦ P. ext. [En parlant des êtres vivants dans leurs rapports avec leur milieu de vie] L'idée darwinienne d'une adaptation s'effectuant par l'élimination automatique des inadaptés est une idée simple et claire (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 56). B. − [Souvent avec un compl. introduit par à] Qui n'est pas ajusté, accommodé (à quelque chose). 1. [En parlant d'une pers.] Dont le comportement n'est pas approprié (à quelque chose). Inadapté au réel, l'introverti vit dans un sentiment d'insécurité, que traduit sa fréquente timidité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 332). 2. [En parlant d'un comportement, d'un geste] Qui n'est pas approprié au but visé. Papa déployait sur-le-champ toute la bonne volonté inadaptée qu'il exerçait d'habitude dans l'ordre matériel (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 42).Des constatations de ce genre permettraient d'abord de corriger les gestes inadaptés (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 284). 3. P. ext. [En parlant d'un mode d'organisation sociale, d'une réglementation] Qui n'est pas adéquat (à son objet). Nous nous permettons de souhaiter que des réglementations trop rigides et parfois inadaptées ne viennent point entraver le bon fonctionnement de services créés pour la sauvegarde de vies (Organ. hospit. France,1957, p. 30).Ce serait un risque mortel pour un pays que de laisser son système d'éducation se figer dans des formes inadaptées aux nécessités nouvelles (Encyclop. éduc.,1960, p. 384). Prononc. : [inadapte]. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. 1845 « qui n'est pas adapté » (Richard); 2. 1908 « qui n'est pas adapté à son milieu ou à son genre de vie » (Lar. mens., janv., p. 170); 3. 1957 enfant inadapté (G. Heuyer, ap. L. Michaux, A.-J. Duché, L'Enfant inadapté, p. 14). II. Subst. 1. 1897 « personne qui ne peut s'adapter à son milieu ou à son genre de vie » (Barrès, Appel soldat, p. 88); 2. 1957 « enfant qui présente un retard dans son adaptation au milieu familial ou scolaire » (G. Heuyer, loc. cit. : un inadapté scolaire). Dér. de adapté*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 23. |