| IMPRÉGNATION, subst. fém. I. − [Correspond à imprégner I] Vieilli. Fécondation de l'ovule. La région albuminifère où le jaune de l'œuf, qui a reçu (...) l'imprégnation du spermatozoïde, s'entoure d'albumine (E. Perrier, Zool., t. 4, 1928-32, p. 3243). − ,,Influence qui serait exercée par une première fécondation sur les produits des fécondations ultérieures par d'autres géniteurs`` (Méd. Biol. 1971). Synon. hérédité d'influence, télégonie.Hérédité d'imprégnation. Il me cite le griffon né d'une épagneule, qui jadis a eu rapport avec un griffon. Il est satisfait de l'idée d'imprégnation (Michelet, Journal,1858, p. 441). II. − [Correspond à imprégner II] A. − 1. Pénétration d'une substance (généralement à l'état fluide) dans la matière d'un corps à l'intérieur duquel elle se répand de façon diffuse. L'essangeage ou trempage, assurant l'imprégnation et l'amollissement des crasses qui salissent les fibres : c'est un bain prolongé dans quelque vieille eau de savon ou quelque lessive usagée mélangée d'eau (Lar. mén. 1926). L'imprégnation de l'organisme tout entier par des substances chimiques, produits des glandes sexuelles (Carrel, L'Homme,1935, p. 104). − P. méton., rare. Trace laissée par une substance qui a imprégné un corps. L'oligiste existe en filons, en massifs et aussi en imprégnations, disséminé dans certaines roches quartzeuses (Lapparent, Minér.,1899, p. 565).De grandes imprégnations roses sont (...) apparues sur le linge (Ponge, Parti pris,1942, p. 52). 2. Spécialement a) Opération technique consistant à faire pénétrer une substance dans la matière d'un corps afin de lui conférer des propriétés particulières pour un usage déterminé. Imprégnation du cuir, du béton, de l'acier. Le cuir est ensuite soumis au battage, puis assoupli par imprégnation de matières grasses (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 178).Le principe de la méthode d'imprégnation des bois aux phénoplastes consiste à introduire dans les éléments cellulaires grâce à leur solubilité, les résinoïdes (...), et à les immobiliser ensuite à l'intérieur des cellules (Campredon, Bois,1948, p. 92). b) PATHOL. Pénétration et diffusion d'un agent, généralement nocif, dans l'organisme. Imprégnation alcoolique, tuberculeuse. On peut supposer une imprégnation toxique des centres vaso-moteurs par les poisons du virus variolique (Teissier dsNouv. Traité Méd., fasc. 2, 1928, p. 265). c) HISTOL. Procédé de coloration des tissus par fixation de métaux ou de sels métalliques. L'histologie du système nerveux a été étudiée par des techniques spéciales (imprégnations par les sels d'argent et d'or, etc.) (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 400). B. − Au fig. Pénétration diffuse et profonde dans l'esprit et le comportement d'idées ou de sentiments qui sont lentement assimilés. Les éléments héréditaires du moi dansent devant la conscience, y pénètrent, s'y gravent. Leur imprégnation est d'autant plus profonde que l'émotion a été plus forte (L. Daudet, Hérédo,1916, p. 52).La construction consciente, l'effort personnel, l'éducation ou l'imprégnation sociales, la culture compliquent encore à l'extrême les formules caractérologiques individuelles (Mounier, Traité caract.,1946, p. 68) : La maîtrise d'une langue étrangère, en rendant possible une imprégnation de l'esprit par la littérature et la civilisation correspondantes, peut faire tomber d'un seul coup la prévention voulue par la nature contre l'étranger en général.
Bergson, Deux sources,1932, p. 305. III. A. − ÉTHOLOGIE. Phase du développement comportemental d'un animal au cours de laquelle il s'attache d'une manière plus ou moins définitive au premier objet ou être (généralement en mouvement) qu'il aperçoit. Imprégnation maternelle, sexuelle. Un autre aspect très important de l'imprégnation est représenté par ses conséquences sur le comportement ultérieur de l'Animal. Il est intéressant de noter que les Animaux adultes restent sexuellement « fixés » sur les objets, les Animaux ou les hommes auxquels ils ont été imprégnés au moment de l'éclosion (Biol.t. 2, 1970). B. − PSYCHO-PÉDAGOGIE. Action et influence sur le subconscient de stimuli externes. Les techniques d'apprentissage par l'imprégnation, telles que les laissent entrevoir en particulier les études sur l'imbrication du sommeil et de la mémoire, ne sont pas encore, dans la plupart des cas, sorties des laboratoires (Foulq.1971). Prononc. et Orth. : [ε
̃pʀeɳasjɔ
̃] ou [-pʀ
ε-]. [-gna-] ds Land. 1834, Gattel 1841, prononc. rejetée par Littré et Mart. Comment prononce 1913, p. 245. Comparez avec imprégner toujours [-ɳe-]. Att. ds Ac. 1762, 1798 et 1935. Étymol. et Hist. I. 1. Fin du xives. [ms.] impregnacion « fécondation » (Evrart de Conty, Problèmes d'Aristote, B.N. fr. 210, fo90b ds Gdf. Compl.); 2. 1858 « influence exercée par une première fécondation sur les produits des fécondations ultérieures par d'autres générateurs » (Michelet, loc. cit.). II. 1. a) 1690 « pénétration d'une substance dans une autre » (Fur.); b) 1765 « pénétration d'un fluide dans une substance, un corps » (Encyclop. t. 8, s.v. imprégner); 2. 1859 imprégnation des bois (Bonn.-Paris); 3. 1858 « pénétration lente dans les esprits d'une influence, d'idées... » (Michelet, Journal, p. 441 : imprégnation morale). Empr. au lat. médiév.impraegnatio « action de concevoir » (av. 1173 ds Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 30. Bbg. Quem. DDL t. 8. |