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IMPORTUNITÉ, subst. fém.
Vieilli
A. − Caractère de celui qui est importun. Synon. indiscrétion, intempestivité.V. exacteur ex. de Baudry des loz.Pour éviter l'importunité des Esprits de ténèbres, les deux chefs de l'Enfer traversent invisibles le séjour de la douleur (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 193).À force d'importunité, on obtient une promesse, que celui qui la donne aura peut-être oubliée à la descente du perron (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 139).
P. méton., au plur. Comportements qui importunent par leur insistance, sollicitations pressantes, prières instantes. Synon. instances, insistances, supplications.Extorquer un consentement à force d'importunités :
1. Pardonnez-moi la faiblesse que j'ai eue de céder aux importunités de trois de mes plus intimes amis, qui m'ont entraîné à une visite qui entrait d'ailleurs dans mon plan général de curiosité... J.-J. Ampère, Corresp.,1825, p. 334.
En partic. Assiduités déplacées, importunes d'un homme auprès d'une femme. Poursuivre une femme de ses importunités; être lasse des importunités de qqn. Elle m'aime maintenant (...) de toute son âme (...) − comme elle peut aimer (...). Elle s'est rendue à mes soins, à mes cajoleries, à mes importunités (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 161).Unique héritière des biens et des titres de cette grande maison, ce qui l'avait exposée à une infinité d'importunités (...) de la part d'une foule de gentilshommes qui prétendaient l'épouser (Stendhal, Nouv. inéd., t. 1, 1842, pp. 210-211).
B. −
1. Caractère de ce qui est importun, hors de propos. Anton. agrément, amusement, commodité, opportunité.Importunité d'une demande, d'une démarche, d'une question, d'une remarque, d'une requête, d'une visite. N'est-ce pas assez de l'importunité de ses lettres? Pourquoi veut-il me persécuter encore de sa présence? (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 417).Ma mère s'étonnait du désordre de mes finances et de l'importunité de mes demandes de crédits (A. France, Vie fleur,1922, p. 402) :
2. ... − par exemple les amis de Saint-Loup qu'il me plaisait tant chaque soir de retrouver au Faisan Doré et dont la conversation ne serait plus maintenant pour moi qu'importunité et que gêne. À cet égard, (...) une promenade dans Doncières aurait pu me paraître préfigurer l'arrivée au paradis. Proust, Sodome,1922, p. 859.
2. P. méton. Chose désagréable, qui cause du déplaisir, qui constitue un contretemps. Synon. ennui, désagrément, inconvénient.Mais elle souffrait davantage encore des importunités de la rue, de la continuelle obsession des passants (Zola, Bonh. dames,1883, p. 565).L'énorme affluence des voyageurs (...) doit être pour les solitaires [de la Grande Chartreuse] une bien pesante importunité (Bloy, Désesp.,1886, p. 83).
Prononc. et Orth. : [ε ̃pɔ ʀtynite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1326 « supplication pressante » (Vie St Grégoire, I, 111 ds T.-L.); 2. 1572 « caractère de ce qui est inopportun » l'importunité de l'heure (Amyot, De l'esprit familier de Socrates ds Hug.); 3. ca 1600 « chose importune, ennui, contretemps » (A. Hardy, La mort d'Achille, 603 d'apr. FEW t. 4, p. 599 a). Empr. au lat.importunitas « position désavantageuse d'un lieu; caractère violent, brusquerie d'une personne »; en lat. médiév. « sollicitation instante », ca 1090 ds Latham; importunitas est dér. de importunus « importun » et a suivi le même développement sém. que importun*. Fréq. abs. littér. : 110. Bbg. Gohin 1903, p. 296.