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IMMATÉRIEL, -ELLE, adj.
A. − Qui n'a pas de consistance matérielle, qui n'est pas formé de matière. Monde, produit immatériel; chose, forme, image, richesse immatérielle. Depuis que j'existe, je rêve les grandeurs du renoncement aux faux biens de ce monde et la conquête des biens immatériels (Sand, Lélia,1839, p. 379).Elle couvre tous les dommages matériels et immatériels (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 139).
♦ DR. Qui n'est pas constitué de manière tangible :
1. Ces paquets représentent ce qu'en termes juridiques nous appelons « propriété immatérielle »; en effet l'acheteur se procure, outre l'objet tangible, le privilège d'en user en vertu d'une sorte de patente... Lowie, Anthropol. cult. trad. par G. Métraux, 1936, p. 173.
− P. ext., PHILOS. Qui est opposé à la matière et n'a de rapport ni avec les sens ni avec la chair. Amour, être, ordre, principe immatériel; abstraction, âme, existence, force, pensée, volupté immatérielle. C'est de lui [le désert] qu'est sortie la conception antisociale et anticivilisatrice des deux mondes irréconciliables de l'âme immatérielle et du corps matériel (Faure, Hist. art,1912, p. 263).Dieu n'est pas seulement immatériel et incorporel (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1070).L'homme reçoit de la terre, de Yin, sa substance matérielle, du ciel, de Yang, sa substance immatérielle (Doeblin, Pages imm. Confucius,1947, p. 32) :
2. ...les spiritualistes, ou plutôt les idéalistes, ne manqueront pas d'interpréter ce fait comme une preuve de grand poids en faveur de l'existence d'une entité immatérielle... Amadou, Parapsychol.,1954, p. 318.
B. − Qui ne paraît pas être matériel. Beauté, onde immatérielle. Son corps semblait acquérir une légèreté immatérielle, son esprit s'éclaircissait d'une façon inouïe, ses sens semblaient doubler leurs facultés (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 408).Venait-elle du dehors ou de lui-même? C'était, au creux de sa poitrine, une chaleur comme immatérielle, une dilatation du cœur (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 186).
− Emploi subst. masc. Ce qui est immatériel. La supériorité de la littérature, au contraire, est d'avoir pour domaine et pour carrière de rendre l'immatériel (Goncourt, Journal,1862, p. 1015).
REM.
Immatériellement, adv.D'une manière immatérielle. Jamais, sans doute, deux êtres aussi irréprochables dans leurs regards et dans leurs pensées mêmes ne mirent plus à nu leur cœur l'un devant l'autre et ne se révélèrent plus immatériellement le fond le plus mystérieux de leurs sentiments (Lamart., Raphaël,1849, p. 275).
Prononc. et Orth. : [im(m)ateʀjεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin xives. [ms.] (J. de Vignay, Enseignem., ms. Bruxelles 11042, fo35a ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. chrét.immaterialis « id. ». Fréq. abs. littér. : 454. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 508, b) 373; xxes. : a) 452, b) 599.