| IMMACULÉ, -ÉE, adj. A. − THÉOL. Qui est sans tache de péché. L'Agneau immaculé, Jésus-Christ (Ac.1935). ♦ Dogme de l'Immaculée-Conception. L'immaculée conception de la Vierge (Ac.1935) : 1. Tandis qu'à l'école les docteurs dissertent et disputent sur le thème de l'Immaculée Conception et que la division règne à ce sujet parmi les théologiens, le peuple a résolu le problème par l'octroi de sa croyance, dans le sens le plus merveilleux.
Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 223. B. − P. anal. Qui est pur, exempt de toute souillure morale. Un passé immaculé; candeur, gloire, vie immaculée. C'était un esprit pur, un cœur pieux et fervent, une âme immaculée (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 286).La réputation immaculée du vertueux Saint-Just, du vertueux Robespierre (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 5, 1851-62, p. 551).Dieu ne veut pas pour son paradis de cette perfection immaculée, irréprochable, impubère, de cette insipide candeur (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 151). − Emploi subst., rare. Un peuple n'est jamais composé d'immaculés, et le simple fidèle a besoin d'être admis à se repentir plus d'une fois (Renan, Marc-Aurèle,1881, p. 240). C. − P. ext. 1. Sans la moindre tache. Cristal immaculé; limpidité immaculée; un ciel d'un bleu immaculé. Chaque fois la vieille lui jetait un regard irrité, craignant pour la splendeur immaculée de son plancher (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 228). − P. anal. Seul l'adjectif immaculé peut rendre la fraîcheur de l'air, la limpidité de l'eau, la jeunesse de ces verdures où il n'y a pas une poussière (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 87).Les petits enfants de chœur, en aube d'une blancheur immaculée (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 10, col. 6). 2. Blanc, d'une blancheur parfaite. Marbre immaculé; neige immaculée. Seules plus près du ciel, les neiges éternelles Couvrent de leurs plis blancs les pics immaculés (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 301). REM. 1. Immaculable, adj.Qui ne peut être entaché. Au milieu du sans-gêne impudique des soldats, elle allait [la sœur Saint-Apollinaire], cuirassée de candeur, sourde et aveugle, forte de son âme immaculable (Courteline, Gaîtés Esc., Souv. de l'esc., 1893, p. 131). 2. Immaculation, subst. fém.État de pureté. Aspirons, dans le même jour, à l'immaculation des anges et résignons-nous à la grossièreté des animaux (Sand, Lélia,1833, p. 235). Prononc. et Orth. : [im(m)akyle]. Valeur du préf. négatif in-, devant [-m] : [i(m)-]. V. cependant l'hésitation [i(m)/ε
̃] dans le cas de immangeable, immanquable, qui, à la différence de immobile, immodéré, etc. ,,sont formés directement sur des mots français`` (Mart. Comment prononce 1913, p. 276). V. aussi immaniable, immariable, immettable. Mart., loc. cit., donne immense, immobile, immoler, immortel comme moins sujets à gémination que les autres. Les dépouillements relatifs à ces mots ne révèlent cependant aucune particularité. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1410 [ms. 1450-1480] (E. Marcadé, Myst. de la Passion, éd. J. M. Richard, 13293 : Oblacion divine et pure Immaculée sans ordure); 1497 conception immaculee (Gibreuil, Vie de la Vierge, I, 146 ds FEW t. 6, p. 17a); ca 1525 l'Immaculée Conception (Palinods, chants royaux..., ibid.); 2. 1537 [éd.] « sans souillure morale » immaculée justice (Act. des apost., vol. I, fo54a ds Gdf. Compl.); 3. 1839 « sans la moindre tache, d'une blancheur absolue » (Balzac, Béatrix, p. 22 : ... pensées nettes... immaculées comme l'hermine). Empr. au lat. imp. et surtout chrét.immaculatus « sans tache » composé de maculatus, part. passé de maculare « tacher, souiller » (dér. de macula « tache, souillure ») et de in- préf. négatif. Fréq. abs. littér. : 273. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 79, b) 492; xxes. : a) 742, b) 382. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 62 (s.v. immaculation). |