| * Dans l'article "IMBÉCILE,, adj. et subst." IMBÉCILE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − [En parlant d'une pers.] 1. Vx. Qui est faible de nature. Âge, âme imbécile (Ac. 1875). Ma perfide avec tous ses attraits Ferait pour m'apaiser un effort inutile... J'admire seulement qu'à ce sexe imbécile Nous daignions sur nos vœux laisser aucun pouvoir (Chénier, Élégies,1794, p. 105). 2. P. ext. Dont les facultés intellectuelles sont affaiblies par l'âge, la maladie. Vieillard imbécile, avoir le cerveau imbécile. Charles VI, qui n'était que fou et imbécile (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1836, p. 674) : 1. Il se serait donc fait appliquer des mouches cantharides dont l'effet, combiné avec la pression du corset et son bonheur factice, l'aurait fait tomber encore dans un état apoplectique dont il ne serait sorti qu'imbécile ou fou.
Delécluze, Journal,1828, p. 486. − MÉD. Qui est atteint d'arriération mentale congénitale correspondant à un âge mental situé entre 3 et 7 ans et à un quotient intellectuel compris entre 30 et 50, permettant l'acquisition tardive et imparfaite du langage parlé mais non écrit. Mon père possède un herbage dont le gardien a une fille imbécile; les premières fois qu'elle m'a vu, elle m'a également témoigné un étrange attachement. J'attire les fous et les animaux (Flaub., Corresp.,1845, p. 178).C'est une petite pauvre que nous avons recueillie comme cela, par charité. Une espèce d'enfant imbécile. Elle doit avoir de l'eau dans la tête. Elle a la tête grosse, comme vous voyez (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 489) : 2. M. Itard a (...) été à portée d'évaluer séparément ce qui appartient à ces dernières causes en travaillant avec des soins très bien entendus les sens du sauvage de l'Aveyron qui a été reconnu imbécile, mais encore comment croire que l'esprit de ce sauvage, tout obtus qu'il était, n'entrait pas pour quelque chose dans le travail des sens?
Maine de Biran, Journal,1815, p. 41. 3. P. exagér. Qui est peu capable de comprendre, de raisonner, qui manque d'intelligence. Comme je me suis fait mal au genou! ajouta-t-il en se frottant la rotule; imbécile que je suis d'avoir voulu danser! (Flaub., Éduc. sent.,1845, p. 91).Son imbécile médecin, après l'avoir examinée, était resté stupidement muet (Goncourt, Journal,1890, p. 1236).Il a fallu vraiment que les misérables faussaires fussent d'imbéciles canailles pour n'avoir pas prévu ce dénouement (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 228). − Être imbécile de + subst.Devenir stupide à cause de quelque chose. Vous savez que je suis un grand-père vrai, c'est-à-dire abruti et imbécile d'adoration pour ces chers petits êtres qui commencent quand nous finissons (Hugo, Corresp., 1873, p. 344) : 3. Le vétérinaire était imbécile d'effroi. Il se mit à marcher dans l'écurie comme un pantin, soulevant la queue d'une vache par une réminiscence professionnelle, et regardant son frère avec des yeux sans expression.
Aymé, Jument, 1933, p. 141. B. − [En parlant du comportement d'une pers., d'une manifestation de l'activité humaine] Qui dénote la sottise, la stupidité, un manque d'intelligence. Elle admira fort l'entrée qui est d'une architecture des plus compliquées, du siamois, du japonais, du je ne sais quoi, mâtiné avec l'imbécile fantaisie d'un architecte (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 136).Comment ce jaloux féroce, cet homme qui avait tué, aveuglé de sang, dans une rage imbécile, en arrivait-il à lui tolérer un amant? (Zola, Bête hum.,1890, p. 140).L'autre hiver, quand elle était enceinte, elle avait volé aux Galeries Lafayette. Une histoire imbécile. Elle n'avait plus d'argent, et une envie épouvantable d'un sac à main (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 441). SYNT. Admiration, air, amour-propre, besogne, colère, confiance, cri, doctrine, étonnement, faiblesse, fanatisme, fatuité, frayeur, fureur, idée, jalousie, journal, législation, médiocrité, mode, orgueil, peur, postérité, règlement, règne, révolte, sanction, satisfaction, stupeur, terreur imbécile. − Emploi impers. et abs. C'est imbécile! Si tu veux, nous allons te tirer gentiment d'affaire... C'est imbécile, tu ne peux pas te battre (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 313). II. − Substantif A. − MÉD. Personne atteinte d'imbécillité. C'était une sorte d'imbécile presque muet et les yeux très ouverts, j'étais choqué à déborder quand je voyais M. Dupuy et M. Chabert le préférer à moi (Stendhal, H. Brulard, t. 2, 1836, p. 284).L'idéation est lente et pauvre; l'attention et la mémoire sont instables; la perception est lente, souvent incomplète. Au point de vue affectif, les imbéciles sont tantôt apathiques, maladroits, timides, crédules, suggestibles, tantôt excités ou inquiets, avec une propension au mensonge, aux fabulations, aux subterfuges (Encyclop. Sc. Techn.,t. 6, 1971, p. 512) : 4. ... on ne risque rien en disant que M. Ampère au premier aspect donne l'idée d'un imbécile. Il a la vue très basse, ses cheveux et toute sa toilette sont en désordre; il parle lentement, est privé d'élocution et dans toutes ses manières et ses habitudes il manque absolument d'usage du monde.
Delécluze, Journal,1826, p. 298. B. − P. exagér. Personne qui agit sottement, sans réfléchir, qui manque d'intelligence. La preuve que je ne suis pas un imbécile, c'est que, pour rester le maître, j'ai trouvé moyen de brouiller Monsieur avec Madame (Meilhac, Halévy, Boule,1875, IV, 8, p. 144).Ce petit imbécile est en train de se faire ruiner. L'idée qu'il fût capable de manger son capital le ravissait (Huysmans, Marthe,1876, p. 109). SYNT. Gigantesque, grand, parfait, pauvre, sombre, triple imbécile; être le dernier des imbéciles; faire l'/les imbécile(s); faire figure d'imbécile; prendre qqn pour un imbécile; prendre un air d'imbécile heureux. ♦ Cet imbécile de, ce grand imbécile de + subst.Tout à l'heure, cet imbécile de professeur se paiera ma tête puisque je ne prononce pas mieux (Colette, Cl. école,1900, p. 225).Rien n'arrête cette déraisonnée parce qu'elle s'est laissée marier sans savoir par son imbécile de père (Pourrat, Gaspard,1931, p. 56). ♦ [Terme d'injure] Imbécile! Espèce d'imbécile! Comment, bougre d'imbécile, tu te laisses surprendre à dix heures du matin! (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Ma femme, 1882, p. 671).− L'imbécile, exclama le duc, en haussant les épaules (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 214). REM. 1. Imbécillifié, adj.,rare. Qui est devenu, rendu imbécile. Il sort comme des aboiements − et rien que des espèces d'aboiements − du vieil homme mourant et imbécillifié, qui n'a gardé un reste de vie que pour la jouissance furieuse de sa manie (Goncourt, Journal,1875, p. 1074). 2. Imbécilliser, verbe trans.,rare. Rendre imbécile. Je me hâte d'avouer un premier mouvement très-hostile à cette brochure, en laquelle je voulais voir une de ces homicides excogitations de calotins par quoi on imbécillise la jeunesse dans les cercles ou institutions catholiques (Bloy, Journal,1903, p. 148). Prononc. et Orth. : [ε
̃besil]. Att. ds Ac. dep. 1694, imbecille (1694-1762), puis -bécile. Imbécille p. ex. encore ds Chênedollé, Journal, 1818, p. 93. Étymol. et Hist. 1. 1496 « faible physiquement » (J. de Vignay ds FEW t. 4, p. 566b); 1509 (J. Lemaire de Belges, Illustr., I, 21 ds Hug.); 1580 le sexe imbecile « les femmes » (R. Garnier, Antigone, 1210 ibid.); 2. a) 1509 [éd. 1549] « faible quant à ses facultés intellectuelles » imbecille de sens (J. Lemaire de Belges, Legend. des Venitiens, p. 62 ds Gdf.); 1548 imbecille jugement (Sebillet, Art poet., I, 3 ds Hug.); 1595 (Montaigne, Essais, I, 28, éd. A. Thibaudet, p. 229 : ... Et ne crains pas tant un muletier joueur qu'imbecille, ny un cuisinier jureur qu'ignorant); b) 1671 « faible d'esprit, qui n'a pas son bon sens » (Pomey); 3. 1541 « qui manque de force morale » (Calvin, Instit., II, p. 66 ds Hug.). Empr. au lat.imbecillus « faible (de corps, d'esprit); sans caractère ». Fréq. abs. littér. : 2 903. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 083, b) 4 874; xxes : a) 6 834, b) 3 845. DÉR. Imbécilement, adv.D'une manière imbécile. Trochu (...) aura, sans une bataille, sans un avantage, sans une petite action d'éclat, même sans une grande action malheureuse, enfin sans rien d'intelligent, d'audacieux ou d'imbécilement héroïque, fait de cette défense la plus honteuse défense des temps historiques (Goncourt, Journal,1870, p. 706).− [ε
̃besilmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. Forme imbécillement ds Land. 1834, Besch. 1845 (var.). − 1resattest. 1542 imbecillement (E. Dolet, Epitres familières de Cicéron, 28 vods Delb. Notes mss), 1611 domaine phys. (Cotgr.), av. 1755 « de manière insensée, stupide » (Saint-Simon, 506, 166 ds Littré); de imbécile, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 10. BBG. − Vrbková (V.). La Méthode struct. appl. à l'ét. du ch. conceptuel de la bêtise. Ét. rom. Brno. 1977, t. 9, p. 93, 96, 103; pp. 106-109. |