| HYPOTHÉQUER, verbe trans. A. − DR. CIVIL 1. [L'obj. désigne un bien immeuble, exceptionnellement un bien meuble] Affecter à une hypothèque, grever d'une hypothèque. Il emprunta aux pires bourgeois, hypothéqua ses châteaux, aliéna ses terres (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 78).Si (...) un bien a été successivement hypothéqué à deux créanciers, la seconde hypothèque ne peut en rien restreindre les droits de la première (Durkheim, Division trav.,1893, p. 84).V. aussi élevé1ex. 3 et emprunt ex. 2 : Il a hypothéqué notre propriété de Maisons-Laffitte pour jeter vingt-cinq mille francs à un créancier de Noémie qui perdait patience!
Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 787. − Emploi abs. Le gentilhomme (...) vend, achète, hypothèque, compromet, dévore, se livre aux usuriers et met le feu aux quatre coins de son bien (Hugo, Ruy Blas,1838, p. 332). 2. [L'obj. désigne une créance] Garantir par une hypothèque. Avec mille écus vous feriez cesser les poursuites... eh! bien, si vous n'avez pas confiance en lui, prêtez-les-moi, je vous les rendrai, vous les hypothéquerez sur ma dot, sur mon travail... (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 605).V. aussi argent ex. 14. B. − Au fig. Lier par un engagement compromettant. Hier la chute de la France, aujourd'hui le parti pris des trois autres grandes puissances de la tenir à l'écart, hypothéqueraient gravement, demain, la paix qui se préparait (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 199).La première tentative de désarmement nucléaire international avait échoué. Il est compréhensible qu'en l'absence d'une confiance mutuelle entre la Russie soviétique et les États-Unis, l'U.R.S.S. n'ait pas voulu accepter ce plan, car à son point de vue elle n'aurait pu le faire sans hypothéquer sa sécurité (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 68). ♦ Loc. verb. Hypothéquer l'avenir. Synon. de prendre une hypothèque sur l'avenir.Le gouvernement qui envoyait Marchand vers le Nil et qui avait grand besoin de se maintenir au pouvoir, du moment qu'il venait d'engager et d'hypothéquer l'avenir en visant l'arrivée de Marchand sur le Nil (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 42). Prononc. et Orth. : [ipɔteke], (il) hypothèque [ipɔtεk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694-1740 -the-, puis -thé-. Étymol. et Hist. 1369 ypothequer (A.N. K 49, pièce 41 ds Gdf. Compl.). Dér de hypothèque*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 38. |