| HOSTILITÉ, subst. fém. A. − Vieilli. Acte d'ennemi. Commettre des hostilités (Ac.). Il avait commis particulièrement plusieurs hostilités contre les Français : on devait l'en punir (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 76) : 1. Dix ou douze chiens énormes, grands comme des veaux, frisés comme des moutons, se ruèrent sur nous en montrant toutes leurs dents. Nos protecteurs les reçurent à coups de pierres, et après un quart d'heure d'hostilités, la paix se fit.
About, Roi mont.,1857, p. 75. − Au plur., mod. Les hostilités. La guerre. L'arrêt, la cessation, le début, la fin, l'ouverture des hostilités; cesser, commencer, ouvrir, poursuivre, reprendre les hostilités. Les gouvernements ont arrêté leurs conditions. Les hostilités ne peuvent cesser avant la signature de l'armistice (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 296) : 2. ... après Charleroi la guerre se rapproche. Après Ypres, il faut se résigner à ne pas la voir finir à l'hiver. On s'installe en France... Les hostilités s'étendent maintenant à toute l'Europe.
Morand, Londres,1933, p. 60. − En partic. ♦ Agressivité proche de la belligérance. État d'hostilité d'un pays envers un autre. Là, l'hostilité des Maures, qui allait grandissant à mesure qu'il s'avançait, le contraignit à revenir en arrière (Hist. sc.,1957, p. 1457). ♦ Demi-hostilité. État d'animosité. La France est déjà dans une demi-hostilité avec les Turcs (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 454). B. − Sentiment d'inimitié plus ou moins déclarée. 1. [Avec manifestations d'agressivité ouverte] Acte d'hostilité. C'était la lutte sans merci, l'hostilité meurtrière grandissant de jour en jour (Zola, Lourdes,1894, p. 191) : 3. Don Rodrigo : (...) Il faut que je tue celui à qui je dois d'être si mal traité! Tant d'hostilité ne s'explique pas; il y a du déshonneur dans cette affaire.
Camus, Chev. Olmedo,1957, 2ejournée, 6, p. 765. 2. [En l'absence de démonstrations] Hostilité latente, muette. Vous savez que le silence est la forme la plus meurtrière de l'hostilité universelle contre moi (Bloy, Journal,1898, p. 281).Dans ses regards je lisais le soupçon, l'hostilité sourde, peut-être la haine (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 292). C. − Attitude d'opposition à quelqu'un ou à quelque chose. Être en hostilité avec l'autorité, son entourage, un gouvernement. Une hostilité au père, à qui l'on assimile toute pression sociale, des inhibitions consécutives à des rebuffades affectives (Mounier, Traité caract.,1946, p. 474) : 4. À la suite de son élection, le Président Kennedy décida la reprise des négociations, qu'il voulait voir aboutir malgré une hostilité croissante du Pentagone et de certains membres de la Commission atomique américaine...
Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 196. − Loc. (Être) en butte à l'hostilité de qqn. Les frères Pereire, en butte à l'hostilité de beaucoup d'hommes d'affaires et de banquiers jaloux de leur succès, furent mis en liquidation judiciaire (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 76). − P. anal. [Le compl. de n. désigne un élément naturel, le monde qui nous entoure] L'hostilité du climat, du vent. Ce sentiment est bien évoqué par Bachelin dans les pages où l'hiver a toute son hostilité (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 53) : 5. Je suis né pauvre, sous un ciel heureux, dans une nature avec laquelle on sent un accord, non une hostilité. Je n'ai donc pas commencé par le déchirement, mais par la plénitude.
Camus, Actuelles I,1948, p. 225. Prononc. et Orth. : [ɔstilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1353 (Haigneré, éd. Chartes de S. Bertin, II, 343, d'apr. Barbier ds Fr. mod. t. 23, p. 63). Empr. au b. lat.hostilitas « sentiments hostiles ». Fréq. abs. littér. : 810. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 602, b) 682; xxes. : a) 1 236, b) 1 820. |