| HONNÊTEMENT, adv. De manière honnête. A. − [Correspond à honnête I] 1. Selon la morale, la vertu, la probité. Agir honnêtement; faire honnêtement son métier; gagner honnêtement son pain, son salaire, sa vie; se conduire honnêtement avec qqn; vivre honnêtement; le plus honnêtement du monde. Remplir doucement et honnêtement le rôle d'une vie obscure, (...) rendre une femme heureuse, et (...) avoir de bonne heure des enfans, afin de les former (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 209).Je sais que le monde est un salon dont il faut sortir poliment et honnêtement, c'est-à-dire en saluant et en payant ses dettes de jeu (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 443).La nature même, dit Léon XIII, crie que la société doit donner aux citoyens les moyens et les facilités de vivre honnêtement, c'est-à-dire selon les lois de Dieu (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 216). − [Avec une connotation sexuelle] Une jeune fille libre, habituée à vivre honnêtement avec des garçons, frères et camarades (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 17).Jean et Scolastique se rencontraient honnêtement et ils se marieraient bientôt, en juin ou juillet (Queffélec, Recteur,1944, p. 152) : ... une jeune femme se met au piano et je ne l'entends pas : je la regarde jouer. Rien de plus charmant et de plus honnêtement, pudiquement lascif que ce jeu continuel du corps, à tout moment penché sur les notes. Ce sont des balancements du torse, des avances vers la musique, des reculs, des mouvements qui portent la taille à droite ou à gauche, comme une sorte de danse de la taille, où tout est ébauché dans l'ondulement.
Goncourt, Journal,1862, p. 1177. 2. Franchement, de bonne foi. Reconnaître honnêtement qqc. La pensée est ici honnêtement exprimée, sans supercherie et sans sous-entendus (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 172).Un livre où la doctrine catholique se trouvait fort honnêtement exposée; ce n'était pas, il va sans dire, une apologie; mais rien n'était plus loin du pamphlet (Gide, Si le grain,1924, p. 499). B. − [Correspond à honnête II] 1. Selon les bienséances, obligeamment, poliment, avec civilité. Accueillir, recevoir, traiter qqn honnêtement. Il se comporta très honnêtement; ses manières étaient obligeantes et timides, et sa visite fut assez courte (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 110).Voyant que nous avions été retenus par une compagnie étrangère, elle [la mère de la mariée] invita très-honnêtement Huriel et Thérence à venir se divertir avec nous, au repas et à la danse (Sand, Maîtres sonneurs,1853, p. 267).Jacques se dérobait, autant qu'il pouvait le faire honnêtement, aux amabilités excessives de sa voisine (Feuillet, Paris.,1881, p. 145). 2. Convenablement, correctement (en fonction de circonstances données). Être honnêtement logé. Je vis arriver le porte-clés Ru avec (...) tout ce qu'il fallait pour que je pusse m'établir honnêtement dans ce pavillon [des princes de la Bastille] (Nerval, Illuminés,1852, pp. 64-65). C. − [Correspond à honnête III] Selon une moyenne raisonnable, satisfaisante. 1. [En parlant de qqc. de quantifiable, de mesurable] Être honnêtement payé. Au souffle de cette petite brise, il [un brick] continue honnêtement son chemin vers le sud-est (Sue, Atar-Gull,1831, p. 1). 2. [En parlant d'une chose pour laquelle on peut établir une hiérarchie qualitative] Je préfère son autre toile [de Moreau], achetée par l'État, sa Blanche de Castille. C'est honnêtement dessiné (Huysmans, Art mod.,1883, p. 17). Prononc. et Orth. : [ɔnεtmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 (Ph. de Thaon, Bestiaire, 2769 ds T.-L. : Saint ume ... Ki onestement vit); 2. 1174-76 « comme il convient, de manière satisfaisante » (G. de Pont-Ste-Maxence, S. Thomas, 3899, ibid. : Honestement faiseit le Damnedeu mestier); 3. fin xiies. « de manière courtoise » (Brut, ms. de Munich, 3422, ibid. : Si lo [lire les] rechoit honestement). Dér. de honnête*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 291. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 239, b) 523; xxes. : a) 409, b) 506. |