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HOMÉLIE, subst. fém.
Discours familier destiné à instruire sur les matières religieuses. Les homélies de saint Jean Chrysostome. Le talmud, (...) les homélies rabbiniques abondent en récits, sentences, aphorismes, dictons, réflexions, relatifs à un objet cher à toutes les générations d'Israël (Weill, Judaïsme, 1931, p. 186) :
1. Il est en chaire; (...) ses lèvres s'entr'ouvrent, et d'une voix flûtée, interrompue par une petite toux sèche, il commence en style melliflu une homélie qui dure trois heures. Il parle de la Sainte Vierge, et l'appelle familièrement Marie; de Jésus-Christ, et il l'appelle Christ. Il est tout plein de Christ et de Jean. Paul est bien beau, bien énergique; mais Jean est si doux! Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p. 523.
En partic. ,,Commentaire pastoral de l'Évangile, après lecture de celui-ci, au cours de la messe, et normalement prononcé par le célébrant lui-même`` (Foi t. 1 1968). Synon. sermon :
2. L'homélie par laquelle, en suivant le développement de l'année liturgique, on explique à partir du texte sacré les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie elle-même; bien plus, aux messes célébrées avec le concours du peuple les dimanches et jours de fête de précepte, on ne l'omettra que pour un motif grave. Constitution sur la sainte liturgie, Concile œcuménique Vatican II, Paris, Éd. du Centurion, 1968, pp. 173-174.
P. ext., péj. Écrit ou discours moralisateur, long et ennuyeux. Une longue, une interminable homélie; une homélie morale; se lancer dans une homélie. Il se mit aussitôt à transcrire cette première lettre d'amour; c'était une homélie remplie de phrases sur la vertu et ennuyeuse à périr (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 404) :
3. J'écris ces choses sans dessein d'édification, et, je le crois du moins, sans jobardise. On a beaucoup usé et abusé de l'homélie au sujet des prisonniers, et ceux-là ne s'en sont pas privés qui, libérés pour leurs complaisances et en échange des faux témoignages qu'on attendait d'eux, ont célébré à l'envi la valeur spirituelle de l'expérience des camps. Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 87.
[P. allus. à Gil Blas, VII, 3 et 4 (où l'archevêque de Grenade, après une attaque d'apoplexie, fait des homélies très inférieures à celles qu'il faisait auparavant et où Gil Blas commet la bévue de le lui faire remarquer) pour désigner un ouvrage manifestant le déclin d'un auteur ou souligner la maladresse d'un interlocuteur] Les homélies de l'archevêque de Grenade. Voilà mon discours (...). Donnez-moi votre avis et dites-moi franchement comme à l'archevêque de Grenade si mon homélie sent un peu le radotage d'un esprit baissé (Chateaubr., Corresp., t. 1, 1789-1824, p. 385).Dire à un riche : « Vous êtes pauvre! » c'est dire à l'archevêque de Grenade que ses homélies ne valent rien (Balzac, Cous. Pons, 1848, p. 31).
REM.
Homéliste, subst. masc.Auteur d'homélies. Les interprétations allégoriques des traducteurs araméens de la Bible (...) et des homélistes palestiniens (Weill, Judaïsme, 1931, p. 176).
Prononc. et Orth. : [ɔmeli]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin xiies. « instruction sur la Bible » (Grégoire, Ezéchiel, 1,3 ds T.-L.); 1192-98 (Evrat, Genèse, ms BN fr. 12456 [xiiies], fol. 119b ds J. Bonnard, Trad. de la Bible, p. 111); 1815, 16 août « discours moralisant, ennuyeux » (Chateaubr., Corresp. gén., t. 1, p. 385). Empr. au lat. chrét.homilia « sermon familier », spéc. « explication simple et pratique du texte biblique (Evangiles, Epîtres), donnée du haut de la chaire par le prêtre aux fidèles assemblés à l'église pour la messe et l'office divin » (v. Bible, s.v.), gr. ο ̔ μ ι λ ι ́ α « assemblée, commerce habituel; conversation, entretien familier; leçon d'un maître ». Fréq. abs. littér. : 83.