| HIÉROGLYPHE, subst. masc. A. − LINGUISTIQUE 1. Caractère sacré de l'écriture égyptienne antique, à valeur figurative, idéographique ou phonétique. Alphabet des hiéroglyphes phonétiques; monument, tombeau couvert de hiéroglyphes; déchiffrer, interpréter, traduire des hiéroglyphes. Les hiéroglyphes étoient une écriture de contours, un dessin des objets (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 251).Jusque sur les granits de Mezraïm, Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 603) : 1. L'hiéroglyphe simplifié restait encore l'hiéroglyphe (...). Vous savez comment les Égyptiens mêlaient dans leurs hiéroglyphes (...) les signes représentant des idées aux signes représentant des sons.
A. France, Jard. Épicure,1895, p. 186. 2. P. ext. Signe d'une écriture qui fait usage de figures. Synon. emblème, idéogramme, signe.Hiéroglyphes hittites, mayas, mexicains. Les hiéroglyphes des manuscrits du Mexique et des bas-reliefs péruviens, leur vie géométrique, leur raideur de jeux de patience (Faure, Hist. art,1912, p. 239). B. − Au fig. 1. Au plur., fam. Style, écriture, langage difficile ou impossible à déchiffrer, à comprendre. La connaissance que je possédais de l'écriture de Lambert me permit, à l'aide du temps, de déchiffrer les hiéroglyphes de cette sténographie créée par l'impatience et par la frénésie de la passion (Balzac, L. Lambert,1832, p. 143).Gros cahiers de commerce rayés de rouge et chargés d'hiéroglyphes bizarres (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 318) : 2. Du moins, en passant des années à débrouiller le grimoire laissé par Vinteuil, en établissant la lecture certaine de ces hiéroglyphes inconnus, l'amie de Mlle Vinteuil eut la consolation d'assurer au musicien dont elle avait assombri les dernières années une gloire immortelle et compensatrice.
Proust, Prisonn.,1922, p. 262. 2. Souvent au plur., littér. Chose obscure, énigmatique. Baudelaire avait déchiffré dans les hiéroglyphes de l'âme le retour d'âge des sentiments et des idées (Huysmans, À rebours,1884, p. 253).Souvent ces images-intuitions (...) prennent facilement l'allure de clés capables de déchiffrer l'hiéroglyphe du monde (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 305). REM. 1. Hiéroglyphé, -ée, adj.Couvert de hiéroglyphes. Un petit papier hiéroglyphé de signes et de chiffres multicolores (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 111). 2. Hiéroglyphie, subst. fém.,hapax. Graphie, inscription en hiéroglyphes. La Concorde est lointaine et ses hiéroglyphies (Queneau, Si tu t'imagines,1952, p. 209). 3. Hiéroglyphié, -ée, adj.,hapax. Transformé en hiéroglyphe, en énigme. Pourquoi la toilette serait-elle donc toujours le plus éloquent des styles, si elle n'était pas réellement tout l'homme, l'homme avec ses opinions politiques, l'homme avec le texte de son existence, l'homme hiéroglyphié? (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 180). 4. Hiéroglyphite, subst. masc.,hapax. Sage égyptien au service de Pharaon, versé dans la science des hiéroglyphes. « (...). Qu'on fasse venir (...) mes hiéroglyphites. » (...) c'étaient des personnages d'un aspect formidable et mystérieux, la tête rasée, chaussés de souliers de byblos, vêtus de longues robes de lin, tenant en main des bâtons gravés d'hiéroglyphes (Gautier, Rom. momie,1858, p. 324). Prononc. et Orth. : [jeʀ
ɔglif]. Init. asp. ds Pt Rob. 1977. Att. ds Ac. dep. 1694, hieroglyphe (1694-1740), puis hiéro-. Étymol. et Hist. 1546 « caractère des anciennes écritures égyptiennes » (J. Martin, trad. de F. Colonna, Discours du songe de Poliphile, fo21 vods Quem. DDL t. 12); 1689 fig. « écriture impossible à déchiffrer » (Ch. de Sévigné ds Lettres de Mme de Sévigné, éd. M. Monmerqué, t. 9. p. 76). Dér. régr. de hiéroglyphique*. Fréq. abs. littér. : 222. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408, b) 531; xxes. : a) 141, b) 225. Bbg. David (M.). L'Emploi du terme hiéroglyphe au 18es. Cr. du Groupe Ling. d'Ét. Chamito-sémitiques. 1954/57, t. 7, pp. 98-101. Quem. DDL t. 12. |