| HÔTELLERIE, subst. fém. A. − Établissement fournissant le gîte et le couvert moyennant paiement. 1. Vieilli. Établissement, généralement modeste et situé en dehors des villes, où les voyageurs trouvaient nourriture et logement. Synon. auberge.Descendre dans une hôtellerie. Il y avait alors à Saint-Malo une petite hôtellerie sur le port qu'on appelait l'auberge Jean (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 138).Le lendemain matin, il alla voir l'actrice, dans l'hôtellerie de troisième ordre où l'impresario l'avait reléguée avec ses camarades, tandis que la grande comédienne était descendue au premier hôtel de la ville (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 465) : 1. Les « hostelleries » arboraient souvent un lion doré figé dans une pose héraldique, ce qui, pour le pérégrinant en quête de logis, signifiait qu'on « y pouvoit coucher », grâce au double sens de l'image : au lit on dort.
Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 103. 2. Mod. [Le plus souvent avec la graphie archaïsante hostellerie] . Hôtel ou restaurant élégant, généralement situé hors de la ville et auquel on a donné un aspect rustique. « À Greenwich Village tout est faux, faux cabarets, faux journalistes, fausse misère et faux génies ». Les hostelleries et l'art paysan sévissent à tous les coins de rue (Morand, New-York,1930, p. 102).À peine Costals et Solange se furent-ils attablés dans le jardin de cette hostellerie à chiqué, non loin de la forêt de Montmorency, que Costals se mit à souffrir (Montherl., J. filles,1936, p. 1061) : 2. ... tout le monde a connu à Dives un restaurateur normand, propriétaire de « Guillaume le Conquérant », qui s'était bien gardé − chose très rare − de donner à son hôtellerie le luxe moderne d'un hôtel et qui, lui-même millionnaire, gardait le parler, la blouse d'un paysan normand et vous laissait venir le voir faire lui-même dans la cuisine, comme à la campagne, un dîner qui n'en était pas moins infiniment meilleur, et encore plus cher, que dans les plus grands palaces.
Proust, Prisonn.,1922, p. 35. B. − Partie d'une abbaye destinée à héberger les personnes de passage. J'ai préféré les pauvres et les petits couvents où l'on est mêlé avec les moines, aux imposants monastères qui vous isolent dans une hôtellerie et vous tiennent à l'écart (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 221).Une trentaine de prêtres, pensionnaires sans cesse renouvelés d'une hôtellerie ecclésiastique à proximité (Bloy, Journal,1901, p. 67). C. − Corporation des hôteliers; secteur d'activité ayant trait à l'exploitation des hôtels. École d'hôtellerie; métiers de l'hôtellerie; hôtellerie industrielle; travailler dans l'hôtellerie. Sur le plan de l'hôtellerie, comme sur tant d'autres, le retard de « l'industrialisation » est compensé chez nous par le pittoresque (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 195).Ces gens de l'hôtellerie et de la limonade manquent de psychologie (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 77) : 3. L'enseignement hôtelier met maintenant l'accent plus qu'il ne le faisait jadis sur l'importance de l'accueil. Ceci est rendu nécessaire par le déclin relatif de l'hôtellerie artisanale dans laquelle le milieu familial suffisait à inculquer aux apprentis des principes valables.
Jocard, Tour. et action État,1966, p. 246. Prononc. et Orth. : [otεlʀi] ou [ɔ-]. Att. ds Ac. dep. 1694; ds Ac. 1694 et 1718, s.v. hostellerie. V. hôtel. La graph. anc. avec la prononc. anc. [ɔst-] est empl. auj. à des fins archaïsantes au sens A 2 (supra). Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 hostelerie « maison dépendant d'une abbaye, où sont accueillis les voyageurs, les pèlerins, les pauvres » (G. de Berneville, S. Gilles, 2207 ds T.-L.); 2. 1498 « métier d'aubergiste » (Décl. du roi, 16 août 1498 ds Littré : personnes... exerçans hostellerie); 3. 1606 « auberge » (Nicot). Dér. de hôtel*; suff. -erie*; cf. le lat. médiév. hospitalaria sens 1, en 1130; sens 3, au xives. ds Nierm. Fréq. abs. littér. : 204 (hostellerie : 10). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 433, b) 293; xxes. : a) 339, b) 136. Bbg. Archit. 1972, p. 146. |