| HÊTRE, subst. masc. Arbre de haute taille, commun sous nos climats, à écorce lisse gris-clair pouvant fournir du tanin, portant des feuilles ovales à nervation pennée et souvent dentées, dont le bois est utilisé principalement en menuiserie, et dont le fruit est propre à faire une huile employée pour l'éclairage ou l'alimentation. Synon. région. fayard, fouteau.Bois de hêtre; bûches de hêtre (Ac.). Des coupes de bois de hêtre sculpté par les bergers (Lamart., Raphaël,1849, p. 199).Les hêtres, à l'écorce blanche et lisse, entremêlaient leurs couronnes (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 157) :Les hêtres se pressaient là comme un peuple. Tout un peuple debout, fait d'arbres magnifiques, aux troncs lisses, marbrés de blanc et de vert, de la stature et du volume de fûts de temples...
Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 2. − P. méton. Bois de hêtre. Coffre, table, sabots de/en hêtre. Heureux qui, rappelant le poëte champêtre, Ne verse qu'un lait pur dans sa coupe de hêtre! (Banville, Cariat.,1842, p. 88). − En partic. ♦ Hêtre rouge, pourpre. Hêtre au feuillage rouge originaire d'Amérique du Nord. Le domaine forestier de la région des Grands Lacs est marqué surtout par la présence du Chêne rouge, du Hêtre pourpre (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 528). ♦ Oiseau du hêtre. Pinson du Nord, pinson des Ardennes. Reines des bois où chante l'oiseau du hêtre (Claudel, Corona Benignitatis,1915, p. 421).Il pleuvait sur Goure et l'oiseau du hêtre En ça du verger plein d'ombre chantait... (Pourrat, Gaspard,1922, p. 7). Prononc. et Orth. : [εtʀ] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. être. Étymol. et Hist. a) Ca 1220 hestre « jeune hêtre » (Constant Du Hamel, éd. C. Rostaing, 321); b) 1301 hestre (doc. ds Gay). De l'a. b. frq. *haistr (cf. néerl. heester « arbuste »), dér., à l'aide du suff. -tr, servant à former les noms d'arbres (cf. apholtra), du rad. de *haisi « buisson, fourré » qui est entré en gallo-roman sous trois formes différentes (v. hazier). *Haistr est devenu roman plus tard que haisi et haisia (v. hazier), de sorte que ai y était devenu e. Il a éliminé l'a. fr. fou (v. fayard, fouet) désignant les grands arbres, tandis que hêtre était le nom donné aux jeunes troncs qu'on coupait régulièrement et qui repoussaient généralement sur les souches. Cette distinction s'est perdue par la suite et hêtre, remplaçant fou, a fini par désigner l'arbre adulte (b). Fréq. abs. littér. : 458. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 657, b) 555; xxes. : a) 1 067, b) 446. Bbg. Ekenvall (A.V.). Hester, heister, heester, hêtre. Namn och bygd. 1945, t. 33, pp. 11-21. - Pfister (M.). La Répartition géogr. des élém. franciques en gallo-rom. R. Ling. rom. 1973, t. 37, p. 139, 143; Die sprachlichen Berührungen zwischen Franken und Galloromanen. Z. rom. Philol. 1972, t. 88, p. 190. |