| HÉRÉTIQUE, adj. et subst. A. − [Correspond à hérésie A] 1. Qui constitue une hérésie. Anton. orthodoxe.Doctrine hérétique. L'imminente désorganisation du catholicisme était indiquée (...) par l'intensité croissante des tendances hérétiques (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 408).Les cinq propositions, pensait Nicole, sont hérétiques et l'Église les a justement condamnées (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 426). 2. Qui appartient à un hérétique. Et d'abord, quel nom avez-vous? Il me semble que vous avez un nom luthérien ou hérétique (Mérimée, Lettres à une inconnue,1860, t. 2, p. 83). 3. (Ce, celui, celle) qui professe, défend l'hérésie. Secte hérétique. Le secret, souvent nécessaire en pays hérétique, ne s'accordait pas toujours avec ces formalités (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 321).Un moine fanatique (...) monta en chaire et déclara brutalement aux Grecs qu'ils avaient un roi schismatique, une reine hérétique et un gouvernement damné (About, Grèce,1854, p. 262). − P. ext., domaine non catholique.On distingue, en Islam, 2 branches principales de musulmans hérétiques (G.-H. Bousquet, Prat. rit. Islam,1949, p. 6). − P. métaph. : 1. ... je ne voudrais pas blasphémer les Dieux de la Jeunesse, dit-il (...). Je ne voudrais pas être damné comme hérétique et relaps dans la chapelle mallarméenne, où notre nouvel ami, comme tous ceux de son âge, a dû servir la messe ésotérique, au moins comme enfant de chœur...
Proust, Sodome,1922, p. 956. B. − [Correspond à hérésie B] 1. Contraire à ce qui est couramment admis. L'imagination, quoique non servie par la pratique et la connaissance des termes techniques, ne peut pas proférer de sottises hérétiques en une matière qui est (...) de son ressort [la peinture] (Baudel., Salon,1859, p. 228). 2. (Ce, celui, celle) qui soutient une proposition, une doctrine contraire à ce qui est couramment admis. Il [saint Anselme] s'élève contre ces dialecticiens, hérétiques, même en dialectique (Cousin, Fragm. philos.,1840, p. 122) : 2. ... on ne dirige pas la littérature, on la supprime tout au plus. La Russie ne l'a pas supprimée. Elle a cru pouvoir se servir de ses écrivains. Mais ces écrivains, même de bonne volonté, seront toujours des hérétiques par leur fonction même.
Camus, Actuelles I,1948, p. 230. REM. 1. Héréticité, subst. fém.Qualité, caractère de ce qui est hérétique. Anton. orthodoxie. (Dict. xixeet xxes.).Il faut être théologien pour apercevoir l'héréticité de cette proposition (Ac.). 2. Hérético-schismatique, adj.Les anathèmes du clergé qui, pour le coup, me déclarerait hérético-schismatique, ne m'arrêteraient peut-être pas (Renan, Lettres,1845, p. 246). Prononc. et Orth. : [eʀetik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xives. subst. hereticque « celui qui professe ou soutient une hérésie » (Récits d'un bourg. de Valenciennes, dans Delb. Rec. d'apr. DG); 2. 1647 « celui qui professe ou soutient une doctrine, une opinion contraire aux idées reçues » (Poussin, Lett. 3 juin ds Littré). Empr. au lat. eccl.haereticus de même sens, gr. α
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ς « apte à choisir, qui choisit », dér. de α
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τ
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ς « qui peut être pris; choisi », dér. de α
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ω « prendre ». Fréq. abs. littér. : 426. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 732, b) 444; xxes. : a) 565, b) 608. Bbg. Richard (W.) 1959, pp. 33-34; p. 36. |