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* Dans l'article "GUERRE,, subst. fém."
GUERRE, subst. fém.
Situation conflictuelle entre deux ou plusieurs pays, états, groupes sociaux, individus, avec ou sans lutte armée. Art, dieu, symbole de la guerre; guerre et paix :
1. Cette guerre à la guerre est guerre sans fin; je le comprends. Eh bien donc la paix d'abord dans mon proche gouvernement. Je signe d'abord ma paix avec les hommes; s'ils ne la signent point eux, avec moi et entre eux, qu'y puis-je? Et si je me mets en guerre contre eux, parce qu'ils ne veulent point faire la paix, voilà une guerre de plus. Alain, Propos,1923, p. 465.
2. Que craignons-nous? La guerre? La mort? Mais si nous avons Dieu, nous avons tout et ces craintes s'évanouissent. Dieu, c'est la paix à jamais, la paix avec soi-même (et la guerre avec le monde, mais dans cette guerre-là, il y a malgré tout la paix, une paix profonde que le monde ne peut nous ôter et qui est, je pense, une ombre de la béatitude sans fin). Green, Journal,1953, p. 230.
A. − Rapports conflictuels qui se règlent par une lutte armée, en vue de défendre un territoire, un droit ou de les conquérir, ou de faire triompher une idée. Guerre meurtrière, guerre à outrance; déclencher, entreprendre, faire, gagner, perdre, terminer la guerre; menacer de guerre; droit(s) de la guerre. L'Allemagne de 1914, lancée dans la Weltpolitik, n'eût jamais déclaré la guerre si elle avait posément compris son intérêt (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. 3).Au matin on repartait, groupe de la liaison, tous les cinq pour le quartier du général Des Entrayes, pour continuer la guerre (Céline, Voyage,1932, p. 31) :
3. Un ministre (Louvois) l'engagea dans une guerre sanglante, pour avoir été tourmenté par lui sur les fenêtres d'un bâtiment; et, pendant soixante-huit années de règne, Louis XIV, bien qu'il n'eût aucun talent comme général, a pourtant fait cinquante-six ans la guerre. Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 31.
Guerre chaude (p. oppos. à guerre froide, cf. infra B) :
4. L'ennemi peut prendre le visage de l'ennemi réel et concret de la guerre, celui de l'ennemi virtuel de la diplomatie ou celui de l'ennemi absolu de l'idéologie. L'ennemi n'est pas exclusivement celui que l'on combat au cours d'une guerre chaude. J. Freund, L'Essence du politique,1965, ds Gilb. 1971.
1. [Le déterminant évoque les puissances ou les groupes d'une même puissance entre lesquels s'exercent les rapports conflictuels] Guerre étrangère, locale, planétaire, raciale. Une plaie s'ouvrait : Pékin, Port-Arthur, Moukden, Tachataldja. Guerres continentales, guerres coloniales. L'homme blanc accomplissait sa mission (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 94).
[En parlant d'un conflit particulier] Drôle de guerre; Grande Guerre; guerre médique, punique; guerre de succession. Il paraît utile de procéder à une mise au point en partant d'une période de référence, caractérisée par sa stabilité, et qui a pris fin avec la guerre de 1914 (M. Benoist, F. Pettier, Trans. mar.,1961, p. 20).Une amélioration depuis la deuxième guerre mondiale. Les prêteurs de capitaux (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 111).
En partic.
Guerre civile. Lutte armée entre citoyens d'un même pays. La famille royale, qui aurait plongé la France dans les horreurs des guerres civiles (Marat, Pamphlets, Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 113).
Guerre intestine. Mais les guerres intestines qui la déchiroient, faisoient trembler tous les Chrétiens sur le sort qui lui étoit réservé (MmeCottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 116).
Guerre de religion ou guerre(s) religieuse(s), guerre sainte. Lutte armée entre partisans de religions différentes. Sans parler ici des barbares sacrifices (...), ni des guerres religieuses des Anciens (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 457).
Rem. En France, guerres de religion s'applique aux guerres qui ont opposé les catholiques aux protestants durant le xvies.
2. [Le déterminant indique les formes différentes que peut prendre cette lutte armée] Guerre atomique, bactériologique, chimique, sous-marine, terrestre, totale; guerre de mouvement, de tranchées, d'usure. En cas de guerre continentale, un décret peut autoriser l'acceptation, comme engagés pour la durée de la guerre, des jeunes Français ayant dix-sept ans (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3820).Dans la zone européenne, l'intérêt principal de la guerre navale se concentra surtout sur la dure bataille de l'Atlantique (Le Masson, Mar.,1951, p. 11) :
5. Et ces quelques chiffres montrent mieux que de longs discours quels progrès nous avions faits dans l'ordre matériel au cours de cette première année de guerre de position. Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 94.
6. ... ces conclusions, qui ne s'appliquent qu'aux formes de la guerre aérienne classique ou nucléaire sub-limitée, sont à réviser entièrement dans le cas de la guerre [it. ds le texte] nucléaire contrôlée... Beaufre, Dissuasion et strat.,1964, p. 135.
3. [Le déterminant indique s'il s'agit d'un conflit défensif ou offensif] Guerre d'agression, de conquête, de libération. Je ne fis jamais de guerre préventive ni d'expédition punitive (Sartre, Mots,1964, p. 93) :
7. La guerre défensive est la seule légitime; et quand on peut accepter la paix ou l'offrir, une déclaration de guerre est le plus horrible des crimes... Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 304.
4. Expressions
La guerre pour la guerre. Ces hommes alors aiment la guerre pour la guerre (Constant, Wallstein,1809, p. viii).
À la guerre comme à la guerre. Il faut s'accommoder des inconvénients liés à cette situation. Mais les formalités... − On a tout simplifié. À la guerre comme à la guerre (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 668).
Rem. Peut aussi se dire au figuré.
La guerre fraîche et joyeuse. V. frais1C 4 a.
[P. réf. au proverbe lat. si vis pacem, para bellum] Si tu veux la paix, prépare la guerre.
Loc. cour.
En guerre. Entrer, être en guerre; états, nations en guerre. Et réciproquement, ces Indiens ne pouvant être en guerre, puisqu'ils n'ont pas de voisins, n'ont pas besoin d'un chef qui ait une autorité un peu étendue (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 88).
De (la) guerre. Butin, cas, char, cheval, correspondant, cri, dommage, fait, foudre, flotte, gens, homme, indemnité, industrie, journal, machine, marine, méthode, menace, munitions, navire, note, opération, port, prise, prisonnier, risque, souvenir, stratégie, tir, trésor, vaisseau, veuve de guerre; honneur(s), morts de la guerre. Il se rappelle ce qu'une infirmière lui a raconté de ce grand blessé de guerre qui arrachait ses médailles (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1490).Raoul a descendu son deuxième Messerschmidt : croix de guerre, peut-être légion d'honneur (Abellio, Pacifiques,1946, p. 295) :
8. Tout le matériel de guerre et approvisionnements de toute nature, qui ne pourront être évacués par les troupes allemandes dans les délais fixés, devront être laissés sur place... Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 271.
9. Commission des pensions (pensions civiles et militaires et victimes de la guerre et de l'oppression). Lidderdale, Parlement fr.,1954, p. 176.
Crime de guerre. Crime contre la paix (par la préparation d'une guerre d'agression), crime contre l'humanité.
Nom de guerre. Pseudonyme utilisé en temps de guerre et, p. ext., dans d'autres circonstances. Listolier adorait Dahlia, qui avait pris pour nom de guerre un nom de fleur (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 154).
5. P. méton.
a) Période limitée dans l'espace et le temps, pendant laquelle a lieu le conflit. Après la guerre, depuis la guerre, lendemain de guerre, pendant la guerre, période de guerre, veille de guerre. [Malvyl] au début de la guerre, en compagnie de sa maîtresse Nelly Béryl, avait fait scandale (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 172) :
10. Il est évident que des racines d'une valeur négative se trouvent dans les atrocités de la dernière guerre et dans les doctrines barbares des nazis et des fascistes. Déclar. univ. Dr. Homme,1949, p. 14.
11. Ils ont attendu le courrier, les permes, l'attaque allemande et c'était leur manière d'attendre la fin de la guerre. Sartre, Mort ds âme,1949, p. 213.
Avant guerre. En France il n'y avait, avant guerre, que 35 000 tracteurs environ et 46 000 en 1946 (Industr. fr. caoutch.,1965, p. 45).
b) Institutions politiques et militaires qui se rattachent au domaine de la guerre. M. le duc de Bellune venait d'être obligé de quitter le portefeuille de la guerre (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 230).L'École de guerre (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. xvi) :
12. Environ ce temps, le ministre de la guerre, se rendant auprès de son chef d'état-major, vit... A. France, Île ping.,1908, p. 282.
13. En faisant des réserves sur la nécessité d'augmenter ces forces au-delà de l'effectif fixé par le Conseil supérieur de guerre. Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 196.
c) Au fig. Le nerf de la guerre. L'argent. Ce qui nous manque, (...) c'est le nerf de la guerre, parbleu! c'est l'argent (A. France, Bergeret,1901, p. 182).
B. − Rapports conflictuels qui ne prennent pas la forme d'une lutte armée. Faire la guerre à; guerre idéologique, larvée, ouverte, sourde; guerre des ondes. En échange de ses colonies, en échange de garanties qui lui éviteront une guerre économique après la paix, elle [l'Allemagne] peut bien consentir à prendre de son plein gré des territoires (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 289).
Guerre froide (p. oppos. à guerre chaude, cf. supra A) :
14. L'échec de la négociation avec l'Union Soviétique sur la cessation des explosions nucléaires et la recrudescence de la guerre froide devraient, semble-t-il, amener le Congrès à revoir prochainement sa position vis-à-vis de la France et avant le prochain coup de théâtre politique mondial... Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 204.
Guerre tiède. ,,État intermédiaire entre la guerre froide et la guerre chaude`` (Gilb. 1971).
1. Lutte qui est dirigée dans des domaines variés contre une personne, un ou plusieurs groupes. Guerre poétique; guerre de plume. C'est une querelle de pure littérature que je vous fais, une guerre de mots, une chicane sur les expressions (Sand, Corresp.,1843, p. 248).Il fallait renoncer à la guerre économique ou bien forcer la Flandre à servir la politique française (Bainville, Hist. Fr.,1924, p. 78) :
15. En effet, l'industrie tout entière y gagnerait, en établissant à l'intérieur ce bon marché si nécessaire à l'extérieur pour soutenir victorieusement la guerre industrielle avec l'étranger; bataille tout aussi meurtrière que celle des armes. Balzac, Député d'Arcis,1847, p. 321.
16. La traduction de l'Iliade par madame Dacier (...) amena une des guerres littéraires les plus vives et les plus curieuses qu'on ait vues, et comme il s'en produit quelquefois en France quand les esprits sont reposés et qu'on n'a rien de mieux à faire. Sainte-Beuve, Caus. lundi,1851-62, p. 495.
Guerre des nerfs. Méthode de guerre tendant à briser la résistance nerveuse de l'adversaire. Synon. guerre psychologique.Qui sait mal attendre, sait mal agir : tout le secret de la « guerre des nerfs » est là (Mounier, Traité caract.,1946, p. 424).
P. plaisant. La guerre en dentelles. V. dentelle A 2 loc.
Expr. et proverbes
Qui terre a, guerre a. La propriété est cause d'hostilité. V. Balzac, Paysans, 1844, p. 3.
De bonne guerre. [En parlant d'un procédé adroit consistant à mettre l'adversaire en difficulté] Elle laissa deviner les calomnies dites par Hélène (...). − Ces coups de langue, dit-il, sont de bonne guerre dans le grand monde (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 232).
De guerre lasse. En abandonnant toute résistance. À force de m'obséder, je me rendis, de guerre lasse (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 265).
Être, se mettre sur le pied de guerre. Être toujours prêt à réagir :
18. Aussi (...) Madame Moreau se mettait-elle sur le pied de guerre et faisait-elle le pied de grue. Un artiste qui devait être son commensal (...) exigeait des frais. Balzac, Début vie,1842, p. 398.
2. P. ext. et au fig. [La guerre peut s'exercer contre quelque chose, traduisant la volonté de destruction de l'homme] Action menée contre toute chose à laquelle on attribue une valeur nocive. Faire la guerre aux abus, à la drogue, au laisser aller, au tabac. On me dira que je fais la guerre aux titres, mais je n'aime pas ce titre d'Épaves qui affiche le naufrage (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 253) :
19. ... il s'accommodait mal de l'extrême licence, souvent affectée, du milieu littéraire qu'il fréquentait. Il partait en guerre, contre les vers alexandrins, contre Mendès, contre les mœurs, contre l'époque, et terminait souvent un récit par cette phrase, qu'accompagnait un grand rire amusé (car il s'amusait de son indignation même) : − Mais enfin, Gide! Où allons-nous? Gide, Si le grain,1924, p. 537.
Rem. 1. Faire la guerre à qqn (fam.). L'attaquer, le réprimander. « Voyons, qui as-tu vu? Adèle? Alexandrine? » Je ne savais pas encore distinguer mes deux cousines par leur nom. Je répondis « la jolie » (...) on rit beaucoup; celle qui n'était pas la jolie (...) me fit « la guerre » toute la soirée (Renan, Feuilles dét., 1892, p. 84). 2. Avoir guerre. Ne pas pouvoir s'accorder avec. Lui-même [le Cid] on le voit d'abord au service de Sanche, roi de Castille, lequel avait guerre contre son frère Alphonse (Sainte-Beuve, op. cit., t. 7, 1864, p. 226).
REM.
Guéguerre, subst. fém.Petite guerre jugée sans importance par celui qui parle. On ne peut avoir tous les ans une guéguerre, la Der-des-Ders à annoncer comme vacances (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 303).
Prononc. et Orth. : [gε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « lutte armée entre groupes humains ou entre États » (Roland, éd. J. Bédier, 235); b) ca 1100 la/une guerre [limitée dans l'espace et le temps] (ibid., 242); 2. ca 1150 « inimitié; acte d'inimitié; dissension entre particuliers » (Wace, S. Nicolas, éd. E. Ronsjö, 644); 3. 1680 « les questions militaires; l'organisation des armées » (Rich. : conseil de guerre); 4. av. 1755 de guerre lasse (Saint-Simon, Mémoires, X, 395 ds Adam, p. 72). De l'a. b. frq. *werra « troubles, désordres; querelle », cf. l'a.h. all. werra « scandale; querelle », m. néerl. werre « confusion, désordre; querelle, guerre ». Attesté en lat. médiév. au ixes. (Du Cange; Nierm.), *werra a éliminé le lat. class. bellum « guerre ». Pour l'explication de de guerre lasse, v. Goug. Syst. gramm. 1925, p. 125, note 1. Fréq. abs. littér. : 20 850. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 26 561, b) 16 877; xxes. : a) 22 151, b) 43 649. Bbg. Brüch 1913, p. 174. - Colomb. 1952/53, p. 341 - Dub. Pol. 1962, p. 314 - Fabre-Luce (A.). Les Mots qui bougent. [Paris, 1970], p. 109 - Hasselrot 20es. 1972, p. 101 (s.v. gueguerre). - Launay (M.). Le Vocab. pol. de J.-J. Rousseau Genève-Paris, 1977, p. 113. - Quem. DDL t. 15, 16, 18. - Rohlfs (G.). Die lexikalische Differenzierung der romanischen Sprachen. München, 1974, p. 60.