| GOULÉE, subst. fém. Fam. Bouchée ou, le plus souvent, gorgée avalée avec avidité. Manger, boire qqc. à grosses goulées; n'en faire qu'une goulée. Il n'avait l'air que d'un lourdaud d'Allemand, qui s'empiffrait de mangeaille, attentif seulement à ne pas perdre une goulée (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 676).Tiens, eh bien je buverais de bon cœur une goulée de marc (Martin du G., Testam. P. Leleu,1920, I, p. 1141).♦ Proverbe. Brebis qui bêle perd sa goulée (cf. bêler I B). − P. anal. Prendre, aspirer, respirer une goulée d'air. Respirer profondément. Il a avalé encore deux ou trois goulées d'air puis il est parti sur son chemin de printemps (Giono, Regain,1930, p. 114) : Il s'était évadé d'un seul coup. Il respirait dehors, à longues goulées, un air si abondant et vif qu'il en suffoquait un peu : l'air lui entrait au plus profond de l'être, coulait avec son sang, baignait chacune de ses fibres.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 62. ♦ En partic. Aspirer, tirer une goulée (d'une pipe, d'une cigarette). Aspirer la fumée (d'une pipe, d'une cigarette). Le plus vénérable avait bourré une pipe en terre et on pétunait à la ronde, chacun tirant une goulée à son tour (Arnoux, Rossignol napol.,1937, p. 139).Il roulait, aspirait ses pipes [d'opium] d'une goulée, après les avoir d'un coup sec clouées sur le fourneau (Carco, Montmartre,1938, p. 262). Prononc. et Orth. : [gule]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1176 golee « bouchée (ici fig.) » (Chr. de Troyes, Cligés, éd. A. Micha, 5724). Dér. de gole, goule, anc. forme de gueule*; suff. -ée*. Fréq. abs. littér. : 25. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 647. |